Samira Brahmia, chanteuse : “Je veux que nos filles s’identifient à des femmes comme Miriam Makeba”

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Samira Brahmia, chanteuse :
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Samira Brahmia a animé, jeudi 23 juin, la soirée d’ouverture du 22ème Festival européen, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi d’Alger (TNA). Elle a présenté des titres de son nouvel album “Awa”. Le festival européen se déroule jusqu’au 1 juillet avec la participation de quinze pays.  


24H Algérie: “Awa” est votre nouvel album. Vous avez décidé de le dédier à la femme et aux mères. Parlez-nous de ce projet ?


Samira Brahmia: C’est un album qui vient après une réflexion et un désir de rendre hommage à la femme. C’est venu naturellement sans aucune anticipation. Des musiciens m’ont porté et m’ont donné cette possibilité de faire des arrangements à l’image des musiciens qui ont fait l’Orchestre national de Barbès (ONB), Youcef Boukekka, Mehdi Zioueche, Khlif Miziallaoua, Karim Ziad…J’ai la chance d’être bien entourée.
C’est juste un plaisir. Je suis heureuse de voir cet album voir le jour surtout après la pandémie de Covid-19. On peut penser qu’on se répète en rendant hommage à la femme, en fait, non. Nous devons inscrire dans notre ADN cet hommage et ce respect pour la femme. La femme a toujours été présente dans la création.


La préparation de l’album vous a pris plus de deux ans…

Cela a été fastidieux parce qu’il fallait surmonter la Covid 19 et les difficultés de production. Nous avons enregistré beaucoup en live grâce à des musiciens excellents. L’album est aussi un hommage à la vie.


Nous avons vu sur scène, un clip de la chanson “Mama” qui figure dans l’album Awa. Plus de 60 femmes ont participé à cette production…

C’est une idée de Slam Samy Djerbi. Je suis fière de ce clip avec un exceptionnel niveau visuel. Le clip a été tourné pendant une journée avec la présence de 67 femmes venues d’origines différentes. Les paroles sont de Madjid Cherfi avec une musique que j’ai moi même composée. Nous avons besoin de rendre hommage aux mères de l’exil en France qui n’ont pas forcément choisi cette situation.


Parlez-nous de la reprise sous forme jazzy de la chanson “Koum Tara” du répertoire hawzi algérien

J’ai pensé à cette chanson parce que mon rapport avec l’arabo-andalous a été difficile au départ. Les chanteurs et musiciens sont trop hermétiques dans ce style de musique. Les émotions ne sont pas apparentes. Je suis contente de voir des artistes qui défendent l’arabo-andalous comme Lila Borsali, Manel Gherbi et d’autres. Fred Soul (compositeur et pianiste français)  a fait l’arrangement de la nouvelle version de Koum Tara.


Vous avez également rendu hommage à la militante anti-raciste et chanteuse sud-africaine Miriam Makeba

Miriam Makeba est un symbole de la femme africaine. Et cela m’énerve de voir l’Occident reproduire les clichés sur la femme africaine et ses formes. Une femme réduite à une esthétique alors la femme africaine, c’est un engagement, c’est la famille, c’est le combat….Oumou Sangaré se bat au Mali, Angélique Kidjo au Bénin, etc. Je veux que nos filles s’identifient à des femmes comme Miriam Makeba qui se sont sacrifiées et ont combattu.


Et sur scène, vous avez plaidé pour que les filles soient éduquées sur des valeurs….

Je remercie que mes parents m’aient offert l’opportunité de défendre les valeurs et de ne jamais compter sur l’esthétique. Je pense que le travail, la rigueur et la sincérité sont des gardes fous dans la vie. Il faut aussi se remettre en question.


Vous évoquez à chaque fois l’Afrique et la nécessité de retourner vers ce continent. Pensez-vous que les artistes algériens ne regardent pas suffisamment du côté de l’Afrique ?

Nous sommes dans une phase post-coloniale avec ses clichés. Les Occidentaux font véhiculer le mirage que le véritable Eldorado est dans le Nord. Le continent africain regorge de richesses. Nous avons besoin de s’identifier, de se reconnaître, de se connaître, de connaître nos similitudes. C’est une façon pour moi de contrer le racisme et les visions réductrices de notre africanité. Il faut que cela change.


Comment ?

Le marché africain est porteur. Toutes les grandes plateformes digitales s’installent en Afrique. 75 % de la population africaine a moins de 30 ans. Il faut que l’Algérie se positionne en Afrique. Nous sommes dans le continent africain, il faut se l’approprier. Il faut qu’on apprenne à découvrir l’autre. J’ai vraiment besoin d’aller découvrir mon continent, l’Afrique.


Cette année, l’Algérie célèbre 60 ans d’indépendance. Que retenez-vous par rapport à cette célébration ?

Comme pour chaque pays, nous avons réussi des choses et raté d’autres. Ce qui nous manque un peu, c’est d’être fiers de nous-mêmes. Nous avons une grande diaspora. Les Algériens vivant à l’intérieur du pays sont très performants. C’est juste qu’on n’arrive pas à se congratuler. Je ne comprends pas. On ne sait pas communiquer, mettre en valeur nos acquis. Je suis ambassadrice des droits d’auteurs en Afrique. Les gens me disent souvent pourquoi l’Algérie ne veut pas faire partie de l’équation africaine alors que ce pays a toujours plaidé pour le panafricanisme, a financé le Fespaco (festival de cinéma) à Ouagadougou, etc. On ne sait pas dire les choses positives. 

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