Le monde est une carcasse autour de laquelle rôde les hivers douloureux du temps des histoires sans mot et sans goût, du silence imposé par des bouches avides où Zineb Sedira creuse son oeuvre .
Née en 1963 à Gennevilliers en région parisienne, de parents algériens, Zineb Sedira vit et travaille à Londres depuis 1986. Diplômée de la Slade School of Art et du Royal College of Art, la plasticienne utilise les ressources de la vidéo, de la photographie et des nouvelles technologies.
En 2003 à Paris, à la Fnac l’exposition de Zineb Sedira donnait à voir Self Portrait or the Virgin Mary, un triptyque photographique de l’artiste en femme portant le haïk, long voile algérien en soie blanche. L’artiste est sans cesse entre réflexion et parti pris autobiographique mêlés et revisités . Elle interroge sans cesse les lignes de tensions entre Nord et Sud, l’identité et de la mémoire, le masculin et le féminin, les représentations et de leur réception par les sociétés.
“Mon œuvre, confie Zineb Sedira, explore les paradoxes et intersections de mon identité en tant qu’Algérienne et Française, et aussi en tant que résidente en Angleterre . J’utilise la vidéo, la photographie, l’écriture, l’espace d’installation et la technologie d’ordinateur afin d’examiner les thèmes de genre, de représentation, de la famille, du langage et de la mémoire. […] Le thème de la représentation est au cœur de ma pratique artistique”, ajoute la plasticienne qui se penche également sur les notions de migration, de langues maternelles et de patrie.
Zineb Sedira a présenté, au musée du Jeu de Paume, une exposition rétrospective couvrant une période allant de 1998 à 2012, mêlant vidéo, film, installation et photographie où était abordé notamment la question de la géographie et du territoire, de l’espace maritime et du déplacement (Lighthouse in the Sea of Time, 2011), de l’histoire contemporaine avec des dessins de presse publiés durant la décennie noire des années 90 qui fit plus de 150.000 morts en Algérie (Laughter in Hell, 2014-2018), ou encore la question des archives photographiques (Transmettre en abyme, 2012).
Elle fut lauréate du Sam Art Projects 2009 pour un projet en relation avec l’Algérie sur un travail de “mise à jour, mise en valeur et conservation des photographies de Mohamed Kouaci conservées par sa veuve.
Dans ce documentaire filmé associé à une installation, Zineb Sedira disait vouloir s’attacher à “mettre en valeur le travail de l’ombre des épouses dans l’histoire et dans l’histoire de l’art, en tant que gardiennes de la mémoire vivante”.
Elle représentera la France à la biennale de Venise en 2022, édition qui aura pour thème « The Milk of Dreams » (littéralement, « Le lait des rêves » en français).
Il s’agit du titre d’un livre pour enfants surréaliste . La 59e édition de la Biennale, qui aura lieu du 23 avril au 27 novembre 2022, sera donc placée sous le signe de l’imagination et des métamorphoses diverses et variées.
Pour Robert Cicutto directeur de la Biennale de Venise, « le titre de cette Biennale […] est aussi une question : comment vivre ensemble ? ». Enfin, les thèmes de l’ouvrage de Leonora Carrington expriment également une vérité plus sombre.
Cecilia Alemani directrice artistique détaille : « c’est aussi l’allégorie d’un siècle qui a imposé une pression intolérable sur l’individu, contraignant Carrington à une vie d’exil : enfermé dans des hôpitaux psychiatriques, éternel objet de fascination et de désir, mais aussi figure d’une puissance et d’un mystère saisissants, fuyant toujours les contraintes d’une identité fixe et cohérente »,
