Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah: une voix sage dans un monde mouvementé

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Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah: une voix sage dans un monde mouvementé
Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah: une voix sage dans un monde mouvementé
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Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah était le doyen des dirigeants et des diplomates arabes. Dans la région du Golfe, on le surnommait “Abou al arab” (le père des arabes). L’émir du Koweït est décédé, ce mardi 29 septembre, à l’âge de 91 ans, après quatorze ans de règne.

Il a pendant quarante ans dirigé le ministère des Affaires étrangères (jusqu’à 2003), a eu donc tout le temps pour tracer et construire la politique extérieure du Koweït, une monarchie constitutionnelle. Voix sage et pondérée dans une région traversée par des turbulences et les luttes d’influence, Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah a su s’imposer, au fil du temps et des conflits, comme médiateur crédible et écouté.

En raison de ses nombreuses initiatives en faveur de la paix et des actions humanitaires, il a été honoré, en 2014, par les Nations-Unis comme un des “leaders de l’Humanité”. Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah, cinquième Émir du Koweït depuis l’indépendance du pays en 1961, s’est distingué par sa capacité à mener une médiation dans les 1970 avec la grave crise entre la Jordanie et l’OLP connue par «Ayloul al aswad » (Septembre noir).

Le roi Hussein de Jordanie avait engagé le 12 septembre 1970 une offensive militaire contre les Fedayins de l’OLP, alors dirigée par Yasser Arafat. Le roi avait accusé les Palestiniens de vouloir le renverser avec l’aide de Damas. Des milliers de civils palestiniens sont morts lors des hostilités. Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah avait travaillé avec le président égyptien Gamal Abdel Nasser pour mettre fin au conflit. Il avait ouvert le pays, déjà plus libéral que les autres voisins du Golfe arabe, sur le monde.

Travail de “déminage”

Dans les années 1960/1970, le Koweït était pratiquement le seul de la région à avoir noué des relations “normales” avec Moscou alors que Riyad et Abu Dhabi, proches de Washington, étaient méfiants à l’égard de l’URSS. Dans les années 1980, l’Émir du Koweït avait mené une médiation pour éviter qu’un conflit éclate entre le Yémen et le Sultanat d’Oman et joué un rôle important pour faire cesser la guerre civile au Liban.

En 2016, le Koweït a abrité les pourparlers de paix entre les différentes parties en conflit au Yémen. Le souhait de Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah était que le Yémen, terre d’une des plus anciennes civilisations, sorte du chaos et retrouve la stabilité, après l’intervention militaire directe de l’Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis.

Déjà en 1972, il avait parrainé les négociations de paix entre les deux Yémen pour faire cesser la guerre civile. En 2011, il avait fait un véritable travail de “déminage” pour éviter la rupture diplomatique entre les Émirats arabes unis et le Sultanat d’Oman. A l’époque, Mascate avait accusé Abu Dhabi d’avoir envoyé une équipe d’espionnage pour déstabiliser le pays. La relation historiquement cordiale entre Oman et l’Iran agaçait Abu Dhabi.

La guerre évitée entre l’Arabie Saoudite et le Qatar

En juin 2017, il avait pesé de tout son poids pour que la crise diplomatique entre l’Arabie Saoudite et le Qatar n’évolue pas en conflit armé. Riyad avait accusé Doha de “soutenir le terrorisme” en raison de ses liens amicaux avec les Frères Musulmans, l’Iran et la Turquie.

Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah, respecté par les deux capitales, a initié une périlleuse médiation qui a eu comme résultat de faire baisser la tension de plusieurs crans. “J’ai évité une guerre”, a confié l’Émir du Koweït qui a usé de plusieurs stratagèmes pour “contenir” la crise entre l’Arabie Saoudite et les Émirats d’un côté et le Qatar de l’autre.

Une crise qui, en réalité, avait commencé en 2014 en raison des liens de Doha avec les Frères musulmans qui, pour Riyad, constituent “une organisation terroriste”. Attaché à l’unité des arabes et grand défenseur de la cause palestinienne, l’Émir du Koweït a ouvert la voie à beaucoup d’intellectuels et universitaires palestiniens pour s’installer au Koweït.

Lors du sommet économique arabe de 2009, il a lancé l’initiative de créer un fonds pour financer des petits projets des jeunes au Maghreb et au Moyen Orient avec une contribution d’un milliard de dollars. Il a également contribué au financement de l’Union africaine pour certaines opérations et à la création d’un programme de recherche sur l’énergie et l’environnement sous l’égide de l’OPEP.

Des pouvoirs au Parlement

L’invasion militaire irakienne du Koweït en 1990 a amené le pays à repenser complètement ses positions sur l’échiquier international, régional et arabe. D’où la tendance vers la neutralité dans certains conflits et certains dossiers. Malgré un passé douloureux, Koweït a accueilli plusieurs rencontres sur “la reconstruction” de l’Irak, en grande partie détruit après l’intervention militaire américaine en 2003.

A l’intérieur, Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah, premier ministre de l’Information après l’indépendance du pays, avait lancé de la revue Al Arabi, l’une des plus importantes publications culturelles et intellectuelles de la région arabe. Au fil du temps, Al Arabi est devenue une véritable institution qui organise des conférences et des débats avec des invités venant du monde entier.

Cette revue a grandement contribué à faire avancer dans les sphères académiques et diplomatiques l’idée du rapprochement stratégique des pays arabes avec l’Asie.

Sabah Al Ahmad Al Jaber Al Sabah a également créé le premier journal officiel du Koweït, à la fin des années 1950, et promulgué la première loi relative à la presse. En 1963, il avait levé pour la première fois le drapeau du Koweït au siège des Nations Unis à New York après l’intégration de son pays comme pays membre de l’instance onusienne.

Devenu Émir en 2006, il a donné plus de pouvoir au Parlement, devenu le plus puissant de toute la région du Golfe. Comme, il a autorisé une ouverture médiatique sans précédent, marchant sur les pas du Qatar, mais, il a refusé la légalisation des partis en concentrant son attention sur les réformes économiques et sociales. 

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