Procès des frères Kouninef à Alger: “Nous avions une relation d’amitié avec Saïd Bouteflika, pas d’intérêt”

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Procès des frères Kouninef à Alger:
Procès des frères Kouninef à Alger: "Nous avions une relation d'amitié avec Saïd Bouteflika, pas d'intérêt"
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Les frères Abdelkader Karim, Reda et Tarek Noah Kouninef ont essayé d’écarter tout rapport entre les avantages qu’ils ont eu en Algérie depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, à partir de 1999, pour faire des affaires, et l’entourage de l’ancien chef d’Etat. “Nous avions une relation d’amitié avec Saïd Bouteflika, pas d’intérêt. Nous n’avons pas profité de son amitié pour avoir des marchés”a déclaré, ce mercredi 9 septembre, Reda Kouninef, au tribunal de Sidi M’Hamed, à Alger, à l’ouverture du procès en première instance.

Les trois frères Kouninef sont poursuivis pour plusieurs chefs d’inculpation dont “blanchiment d’argent”, “détournement de fonciers et concessions”, “non respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics” et “trafic d’influence”.

Ils sont sous mandat de dépôt depuis le 24 avril 2019. A l’étranger, Souad Kouninef, leur soeur, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Kaddour Ben Tahar, gérant du groupe Kou G.C, propriété des Kouninef, est poursuivi, autant que l’ancien chef du gouvernement et ancien ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal. Plusieurs cadres du ministère de l’Industrie sont cités dans le dossier aussi.

Reda Kouninef, qui se limitait à de brèves réponses aux questions de la juge, a confirmé avoir eu des “relations d’amitié” avec de nombreux hauts cadres de l’Etat. Il a reconnu avoir financé à hauteur de 4 milliards de centimes la campagne électorale d’Abdelaziz Bouteflika (pour un quatrième mandat en 2014). “J’ai donné l’argent à une personne, pas à un parti politique. La loi ne l’interdit pas”, a-t-il révélé, sans préciser l’identité de la personne. L’argent était “un prêt interne” au sein du groupe Kouninef, selon ses dires.

64.000 m² de foncier au port d’Alger

Reda Kouninef, qui était proche de Saïd Bouteflika, a été interrogé sur les assiettes foncières et les concessions que leurs entreprises ont obtenu dans les ports d’Alger et d’Oran. Il n’a pas été en mesure de préciser les surfaces qui leur ont été octroyées.

“Vous avez eu 64.000 m² de foncier au port d’Alger. Vous n’avez encore payé depuis 2008. Vos dettes ont été effacées”, a précisé la juge. “Si, nous procédions au payement, selon un échéancier”, a répondu Reda Kouninef. “Et vous avez obtenu 8800 m² au port d’Oran”, a repris la juge. “Je ne me rappelle pas, je n’ai pas le chiffre en tête”, a répliqué le prévenu. Il a confirmé avoir demandé 2000 m² supplémentaires au niveau du même port. “Votre demande a été traitée en six jours seulement, comment expliquez vous cela ?” , a interrogé la juge. Réponse : “je ne sais pas”. Même réponse à une question relative à une assiette foncière au port de Jijel octroyée aux Kouninef.

A propos de marchés obtenus pour les parcs industriels d’Ain Abid, d’Ain Oussara et de Ksar El Boukhari, Reda Kouninef a soutenu que ces contrats ont été signés avant son arrivée à Kou.G.C. “Le gérant doit être plus au courant”, a-t-il dit. Il a confirmé que la valeur globale des parcs industriels de Ksar El Boukhari et de Ain Oussara était 784 milliards de centimes. La non exploitation du parc d’Ain Abid était, selon lui, liée à la politique d’austérité (101 milliards de centimes).

Plus de 14.000 milliards de centimes de contrats dans le secteur hydraulique

Reda Kouninef a également confirmé que le groupe familial a obtenu 14556 milliards de centimes de contrats dans le secteur des ressources en eau. Sur l’affaire des cabines de téléphonie fixe Oria, le prévenu a déclaré n’avoir pas le chiffre exact du dédommagement obtenu auprès d’Algérie Télécom après une procédure judiciaire pour “non respect d’engagements contractuels”.

Il a parlé de “dossier épineux”. La juge a indiqué que le groupe Kouninef a reçu 281 milliards de centimes d’Algérie Télécom (en 2017). “Et, vous êtes toujours gagnants”, a remarqué la juge en soulignant que le contrat a été octroyé à travers le ministère des Poste et Télécommunications. Le projet Oria n’a jamais vu le jour.

Confirmant l’obtention d’autorisation pour l’exploitation de deux mines à In Guezzam et Tiaret, Reda Kouninef a affirmé ne pas se rappeler de la surface. “Moi, je vous le dis, vous avez eu 6750 m²”, a précisé la juge. “Oui, en effet. Nous devions faire la prospection d’un métal précieux”, a répondu le prévenu. Il s’agit probablement de l’or.

Concernant de l’extension du métro d’Alger (Haï El Badr-Place des Martyrs), un marché de 115 millions de dollars avec le français Colas Rail, Reda Kouninef a confié avoir été contacté par l’ancien ministre des Transports, Abdelghani Zaalane pour l’obtenir.

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