Au Mucem, l’émir Abdelkader se dévoile dans sa dimension historique et intellectuelle

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Au Mucem, l’émir Abdelkader se dévoile dans sa dimension historique et intellectuelle
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Visiter l’exposition “Abdelkader” au musée le Mucem à Marseille, c’est prendre la pleine mesure de l’immense parcours du premier fondateur de l’État Algérien l’émir Abdelkader. Des pièces issues de collections privées, encore jamais vues, mettent davantage de lumières sur l’héritage de l’émir Abdelkader. Portraits, correspondances, effets personnels, repères temporels et extraits sonores, la visite est immersive et interactive dans l’univers Abdelkader.

Prévue jusqu’au 22 août, l’exposition réunit près de 250 œuvres et documents issus de collections publiques et privées françaises et méditerranéennes. Celles-ci proviennent des archives nationales d’outre-mer, la bibliothèque nationale de France, les archives nationales, le château de Versailles, le musée de l’Armée, le musée d’Orsay, le musée du Louvre, la chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille, La Piscine de Roubaix…

Ils sont une vingtaine de visiteurs à déambuler d’une pièce à une autre dans la salle du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée qui abrite l’exposition, ce 16 juin. Certains font la visite en solo, d’autres sont accompagnés, on ne remarque pas d’enfants mais des visites scolaires ont été programmées.

©Fayçal Sahbi

Vigilant, les yeux grands écarquillés, les visiteurs s’attardent devant chaque objet et prennent le temps de lire les descriptions qui les accompagnent. Certains notent des informations sur leurs carnets, d’autres prennent des photos. Trois vigiles patrouillent et rappelle aux visiteurs les règles dont celle de désactiver le flash des appareils photo pour ne pas abimer les œuvres.

Lumière tamisée, ambiance silencieuse, on entend parfois des commentaires qui échappent aux plus admiratifs « impressionnant », « étonnant », « incroyable ». L’exposition captive.

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Amel, une Algérienne de 35 ans était en vacances à Marseille au mois de mai. L’exposition de l’émir Abdelkader était au programme de ses vacances. « J’ai découvert l’exposition sur les réseaux sociaux. Elle a été largement relayée sur twitter et Facebook. J’avoue ne pas très bien connaitre le parcours de l’émir Abdelkader. On nous l’a enseigné au collège, et le peu que j’ai retenu est qu’il est le fondateur de l’État algérien. Pour moi c’était un homme politique mais aujourd’hui je découvre un homme de savoir, un humaniste. J’en sors enrichie et je vais m’y intéresser davantage » confie Amel.

Omar, un Algérien à la retraite s’est contenté de découvrir l’exposition sur l’émir Abdelkader à travers le site du Mucem. « Abdelkader déchaîne les passions entre l’Algérie et la France. C’est un homme à qui nous avons collé énormément d’étiquettes. Je pense que les plus virulents à son égard devraient visiter cette exposition car beaucoup de choses qui nous échappent sur le parcours de l’émir” commente-t-il.

Les ouvrages consacrés à l’émir Abdelkader et les projets de recherche ont traversé le temps et l’histoire. La première biographie de l’émir Abdelkader « La vie d’Abd El-Kader de Charles-Henry Churchill » a été édité en 1867. En 1869, âgé seulement de quatorze ans, le lycéen Arthur Rimbaud participe à un concours académique. Le génie rimbaldien va en faire un poème de quatre-vingt-trois vers, rédigé en latin en l’honneur de l’Émir Abdelkader.

Malgré les travaux de recherches existants certains estiment que son œuvre reste méconnue. Mohamed, un Algérien qui s’intéresse au parcours de Abdelkader depuis des années estime que l’émir Abdelkader reste méconnu jusqu’en son propre pays « un Abdelkader poète, penseur, écrivain. Un Abdelkader philosophe, vivant pleinement sa passion intellectuelle même aux pires moments de la résistance. Cet Abdelkader devrait être connu de tous » déplore-t-il.

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Les pièces exposées au public sont comme une invitation à l’imaginaire. Un caftan de l’émir Abdelkader offert au musée historique de l’armée en 1897 par l’un des fils d’Abdelkader, l’émir El Hachemi, nous laisse imaginer la taille et la carrure de l’émir Abdelkader. Un gilet offert par l’émir à un plombier du château avant son départ, nous renseigne sur les rapports qu’il entretenait avec les gens qui l’entouraient. Des chéchias en fibres de textile démontrent son gout pour les belles choses.

Des correspondances témoignent également des rapports avec les personnes durant la captivité qui a duré 4 années au château d’Amboise. Pour une immersion interactive, le Mucem a mis en place un dispositif multimédia qui permet au public de se transporter dans la toile « la Prise de la smala » de Horace Vernet, qui est une toile de 21 mètres sur 5,5 m, conservée au musée de Versailles, beaucoup trop immense pour pouvoir être transportée selon les organisateurs.

Les inédits de l’exposition Abdelkader

Ce qui fait la particularité de l’exposition Abdelkader ce sont les pièces inédites. De nombreux objets appartenant à l’émir Abdelkader n’ont jamais été exposés. Camillle Faucourt conservatrice du patrimoine et responsable du pôle de collection Mobilités et Métissages au Mucem, explique que les pièces inédites viennent de près de le collection privée du Cheikh Bentounes de la confrérie soufie Alawiyya.

«Cheikh Bentounes nous a prêté un certain nombre d’objets de l’émir acquis récemment et qui n’ont jamais été exposés. À l’entrée de l’exposition il y a une sacoche de selle qui a appartenu à l’émir, des couffes « chéchia » les silsilas, des chapelets. Ces objets parmi d’autres de la collection Bentounes, n’ont jamais été montrées dans un musée national en France» souligne elle.

Les descendants du capitaine Estève-Laurent Boissonnet, ont conservé des bijoux que la mère de l’émir Abdelkader a donnés au capitaine en remerciement de son aide pendant la captivité. Ces bijoux sont également des pièces inédites exposées au Mucem.

Pour Camillle Faucourt, l’exposition s’intéresse également à la période de la captivité de l’émir Abdelkader en France, un épisode qui est restée marginalement explorée par les historiens.

« Les travaux de recherche récente qui ont été publié par l’un de nos conseillers scientifiques Ahmed Bouyerdene nous ont permis d’approcher au plus après les conditions difficiles de la captivité. Ahmed Bouyerdene a travaillé sur la période de la captivité de l’émir Abdelkader en France et il a notamment exploré de nombreux dépôts d’archives départementaux et régionaux mais aussi les archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence. Dans ces archives il y a des rapports des échanges de lettres, des rapports militaires qui ont permis d’approcher au plus après les conditions difficiles de la captivité » souligne-t-elle.

Sur les 48 premiers jours, l’exposition Abdelkader du Mucem a accueilli 40.000 visiteurs ce qui correspond à une moyenne de 820 visiteurs par jour. L’exposition se poursuit jusqu’au 22 août 2022.

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