Arabie – Meurtre de Khashoggi : verdict final dans une “parodie de justice”

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Une “parodie de justice”, c’est ainsi que la rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions sommaires, Agnès Callamard, a qualifié le verdict “final” prononcé lundi par un tribunal saoudien dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

Le journaliste qui a pris un peu de distance à l’égard du régime et collaborait au Washington Post a été assassiné et son corps découpé en morceaux en octobre 2018 dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, où il s’était rendu pour récupérer un document. Il était alors âgé de 59 ans et ses restes n’ont jamais été retrouvés.

Le tribunal a annulé les cinq peines capitales prononcées pour le meurtre du journaliste et a condamné huit des 11 accusés à des peines allant de sept à 20 ans de prison. « Cinq prévenus ont été condamnés à 20 ans de prison et trois autres à des peines allant de 7 à 10 ans » a rapporté l’agence de presse saoudienne SPA, citant les services du procureur général.

Les autorités saoudiennes ont tout fait pour solder cette affaire, un sordide assassinat mené et exécuté par les plus proches collaborateurs du prince héritier Mohamed Ben Selmane. La partie s’est formellement jouée avec le “pardon” des enfants de Jamal Khashoggi aux tueurs.  « Nous, les enfants du martyr Jamal Khashoggi, annonçons que nous pardonnons à ceux qui ont tué notre père», avait écrit le 22 mai sur Twitter Salah Khashoggi, fils aîné de l’ancien journaliste.  

On ne sait pas dans quelle condition ce “pardon” a été accordé, mais pour beaucoup d’observateurs il est le fait de pressions et aussi d’intéressements financiers accordés par le pouvoir saoudien. Le Washington Post avait indiqué en avril que les quatre enfants avaient reçu des maisons de plusieurs millions de dollars et recevaient des milliers de dollars.  

L’impunité consacrée

La dénonciation de la parodie de justice n’est pas une défense de la peine de mort, mais un rejet de l’impunité que ce nouveau verdict vient de conforter. Lors du précédent procès, les deux principaux collaborateurs du prince héritier Mohammed ben Salmane avaient été disculpés « faute de preuves, selon le procureur général saoudien. Il s’agit de l’ancien chef adjoint des services de renseignement, le général Ahmed al-Assiri et de l’ancien conseiller à la cour royale, Saoud al-Qahtani.

Le prince héritier a été, sans surprise innocenté.  Agnès Callamard, rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions sommaires avait insisté que son enquête indépendante avait trouvé des « preuves crédibles » reliant MBS au meurtre.

Selon Mme Callamard, les transcriptions audios du déroulement crime montrent que les agents saoudiens impliqués ont qualifié le journaliste « d’animal sacrificiel ». Signe que l’assassinat était prémédité, ces agents ont également été entendus plaisanter et parler de démembrement avant son arrivée au consulat, selon des enregistrements secrets entendus par les enquêteurs de l’ONU.

« Ces verdicts n’ont aucune légitimité légale ou morale, au terme d’un procès qui n’était ni équitable ni juste ni transparent » a twitté Agnès Callamard. « Ces verdicts ne doivent pas atténuer les pressions internationales, ni être récupérés aux fins de blanchir le crime. Les gouvernements, et en particulier des membres du Conseil de Sécurité qui ont observé silencieusement les procès, doivent tout faire pour que justice soit rendue. »

 « Le verdict final […] est loin de satisfaire les attentes de la Turquie et de la communauté internationale », a réagi sur Twitter Fahrettin Altun, porte-parole de la présidence turque. « Nous ne savons toujours pas ce qu’il est advenu du corps de Khashoggi, qui voulait sa mort ni s’il y a eu des complices locaux – ce qui met en cause la crédibilité » du procès.

La Turquie a ouvert en juillet un procès pour juger 20 Saoudiens par contumace. Parmi les inculpés figurent les deux anciens conseillers du prince. « C’est une obligation légale et morale que de faire la lumière sur le meurtre de Jamal Khashoggi, commis à l’intérieur des frontières turques, et de rendre la justice », a souligné le porte-parole de la présidence turque.

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