Les représentations artistiques de la femme à partir du XXème siècle

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Les représentations artistiques de la femme à partir du XXème siècle
L’odalisque de Matisse
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La femme n’a pas toujours été admise dans le champ artistique comme « artiste » à part entière. Pourtant, déifiée, représentée en héroïne durant la Préhistoire et l’Antiquité, c’est assez tardivement qu’elle s’est hissée au rang de créatrice à l’égal de l’homme.

C’est au XIX ème siècle en Europe qu’elle rentre sur la scène artistique avec une poussée bien revendiquée au XXème siècle. Longtemps, les femmes ont travaillé dans l’anonymat avec parfois des hommes qui reprenaient leurs oeuvres ou s’en inspiraient

comme Rodin avec Camille Claudel.

En comparant les représentations sociales et artistiques de la femme, on se rend compte que le début du XXème siècle est une période contrastée et contradictoire qui allie conservation d’iconographies traditionnelles (mère, épouse, symbole de beauté ou d’érotisme), transformation de la norme (notamment de la norme esthétique) et balbutiements d’une soi-disant révolution bien maladroite (masculinisation de la femme « la femme garçonne »). Il faut dire que ce début de siècle connaît bien des bouleversements avec deux guerres mondiales.

Elèves d’artistes européens, les peintres du monde arabe de la première génération vont reprendre en gros l’iconographie de la peinture orientaliste, tout en évitant les scènes lascives de harem et d’odalisques. Dans la première moitié du siècle, paysages et scènes typiques prédominent, scènes rurales, quartiers des villes. Aucune femme mise à part chez le peintre libanais César Gemayel (1898-1958) qui deviendra le directeur de l’Académie libanaise des Beaux Arts, idem chez le peintre égyptien Ahmad Sabri. C’est un regard romantique qui est porté sur les femmes , elles ne sont pas représentées en tant qu’individus mais plutôt en tant que symboles du mode de vie rurale, bourgeois et traditionnel. Les peintres arabes se conformaient au modèle européen .

Il est possible que cette image n’ait changé que lorsque les femmes ont elles-même pris le contrôle de leur représentation avec leur entrée dans la production culturelle, même le Bahaus n’a pas échappé à la règle. Lorsqu’il est question du Bauhaus, pourquoi citer Walter Gropius et Henry Van de Velde plutôt que Anni Albers et Marianne Brandt?

Mais cette persistance pose le problème de ce qu’on appelle la « nature » féminine, notion critiquée par la philosophe Simone de Beauvoir dans son livre majeur Le Deuxième sexe . La femme est femme/mère/épouse. Est-ce l’artiste qui n’a pas encore trouvé le moyen de la dépeindre dans toutes ces facettes ?

 Le surréalisme par exemple , révolution stylistique ou début de changement de mentalité ? Si on s’intéresse au mouvement surréaliste, on voit qu’il naît après la première Guerre Mondiale, et se caractérise par son opposition à toutes conventions sociales, logiques et morales.

Etant contre les conventions sociales et morales, on peut penser qu’il veut rompre avec l’image traditionnelle. Mais si la femme est illuminée et illuminante aussi bien chez André Breton, Paul Eluard ou Aragon, elle est aussi celle qui sait se révolter pour devenir la femme-sorcière ou le succube, ce démon femelle qui, selon la tradition, séduit les hommes pendant leur sommeil pour les corrompre ou leur nuire. Il suffit de relire les lettres de Frida Khalo à Diego pour constater la supercherie . 

Ainsi la femme, dans une conception surréaliste, oscille bel et bien entre la « femme-enfant » et la « femme-sorcière » : la première, naïve et pleine de bonnes intentions, se plie à l’amour et à celui qui l’incarne par opposition à la seconde qui déchaîne plutôt la passion et fascine les hommes pour les entraîner vers les pires catastrophes. 

On voit donc que certains courants du XXème siècle ont cherché à enlaidir la femme remettant ainsi en cause  sa représentation comme symbole de beauté. Dubuffet la dépeint à la manière d’un enfant, informe et laide, bafouant la beauté académique.

Le courant du cubisme, auquel adhère Picasso remet en cause l’art dans sa forme traditionnelle mais cette déstructuration des objets par ce nouveau style n’est pas spécifique à l’image de la femme. L’innovation ne réside donc pas dans une remise en cause de l’image traditionnelle de la femme comme symbole de beauté. En effet, le cubisme semble compenser par des audaces esthétiques, la répétition de rôles sexuels traditionnels. La maîtrise picturale envers un sujet féminin passif, marginalisé ou humble est une façon de faire valoir la puissance de l’artiste mâle et une virilité encore associée au génie créatif.  

L’orientalisme visible chez Matisse est à replacer dans un contexte politique et culturel de la France d’après-guerre. D’avril à novembre 1922, une exposition coloniale est présentée à Marseille et l’attirance de Matisse pour les thèmes orientaux semble coïncider avec une curiosité croissante du public pour les  civilisations « exotiques ».

Finalement, ces œuvres inspirées de l’étranger illustrent le fait que la beauté soit un fait culturel, mais il n’en reste pas moins que la femme ici reste symbole de beauté et de sensualité.

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