“Bourde ou zémourisation de Jean Castex ?” C’est la question que s’est posé un chroniqueur d’une radio française après la sortie du Premier ministre reprenant des éléments de langage de l’extrême-droite sur le refus de “s’autoflageller” sur la question de la colonisation. Le premie rministre français a même associé ce refus de l’autoflagellation à la “lutte contre l’islamisme”.
Jean Castex a ainsi déclaré dimanche sur TF1: “ Je veux dénoncer toutes les compromissions qu’il y a eues pendant trop d’années, les justifications à cet islamisme radical : nous devrions nous autoflageller, regretter la colonisation, je ne sais quoi encore, a déploré M. Castex. La première façon de gagner une guerre, c’est que la communauté nationale soit soudée, soit unie, soit fière. Fière de nos racines, de notre identité, de notre République, de notre liberté. Il faut gagner le combat idéologique. »
Tous les éléments de langage de la droite dure et de l’extrême-droite adeptes des “bienfaits de la colonisation” sont ainsi réunis en une phrase lapidaire où la question de la colonisation est amalgamée à l’islamisme radical.
L’éditorialiste de France Inter, Thomas Legrand, s’étonne de voir le premier français considérer que “regretter” la colonisation signifie “s’autoflageller”.
A l’opposé des positions de Macron
L’éditorialiste souligne que cette prise de position est totalement opposée à celle du président Emmanuel Macron, qui dans un entretien accordé à notre confrère emprisonné, Khaled Drareni, le 15 février 2017, avait qualifié la colonisation de «vraie barbarie» et de «crime contre l’humanité». «Cela fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes» avait déclaré le président français à notre confrère.
L’éditorialiste de France Inter rappelle que le président Macron a confié à l’historien Benjamin Stora, le soin de réfléchir à des initiatives allant, coté français, dans le sens de la reconnaissance des crimes coloniaux. Mais, souligne-t-il, “On est très loin des propos de Jean Castex” en précisant que Benjamin Stora, “interloqué dimanche soir, a été rassuré par L’Elysée, d’autant que ce rapport doit être rendu avant décembre. La ligne reste bien celle qui correspond à sa lettre de mission.”
Le journal Libération note que l’affirmation de Jean Castex “s’inscrit dans la pure tradition des croisades de la droite et de l’extrême droite contre toute forme de «repentance»” et qu’elle est “surprenante” au regard des positions de Macron sur le sujet.
Le journal rappelle également que l’acturel ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin avait sorti “la grosse Bertha” après la position courageuse assumée par Macron dans le fameux entretien avec Drareni: ” «Honte à Emmanuel Macron, qui insulte la France à l’étranger !».
Pourtant, note Libération “Regretter la colonisation», pour avoir été un système d’oppression et de prédation impériale, cela semble une idée plus juste que d’en louer les “effets positifs” au prétexte qu’elle a permis de construire des routes, des écoles et des hôpitaux”.
Le journal note que le propos de Castex correspond au raisonnement développé par Marine Le Pen après la déclaration de Macron faite à Drareni: «c’est la justification utilisée par les voyous de banlieue pour agir, lutter, combattre contre la France et tout ce qui représente la France et notamment, évidemment, nos forces de l’ordre».
Le Monde rapporte que la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, a réagi avec distance aux déclarations du chef du gouvernement: « Je ne vais pas commenter cette phrase. Je me réfère à la phrase qu’a eue Emmanuel Macron sur la colonisation, et que je partage »
Le journal cite un député du parti de Macron (LREM) qui n’a pas apprécié les “propos maladroits” de Jean Castex, « aux antipodes de ce qu’on est, du progressisme … Bientôt on va assumer sur les plateaux d’être Algérie française ». Un proche du chef de gouvernement français a estimé qu’on lui fait un faux procès: ” Il n’a pas dit qu’il ne fallait pas regretter la colonisation. Il dit que l’islamisme radical ne peut se justifier par la colonisation
