Cinéma: Quand l’Afrique accueillait des réfugiés polonais

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Cinéma. Quand l'Afrique accueillait des réfugiés polonais
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C’est une histoire oubliée. Entre 1942 et 1952, des réfugiés polonais ont vécu en Afrique. Jonathan Kołodziej Durand dévoile ce parcours dans le documentaire “Memory is our homeland” (La mémoire est notre patrie), projeté, lundi 23 janvier, à la cinémathèque d’Alger, à la faveur des 7ème Journées du film européen.


Présent dans la salle, Jonathan Kołodziej Durand, réalisateur canado-polonais, a expliqué comment il a découvert “l’odysée” des réfugiés polonais durant la deuxième guerre mondiale à partir de l’histoire de sa grand mère Kazia Kolodziej Gerech, en consultant des certificats scolaires et des photos prises en Afrique.


“Elle m’a raconté comment elle avait été forcée avec sa famille et tous les villageois de la région de Ostrówek de quitter leurs habitations par les soldats Soviétiques. À l’université, un enseignant d’histoire de la grande guerre a nié cette histoire. Je lui ai répondu que ma propre famille l’a bel et bien vécu. Cette histoire n’existe dans aucun livre !”, a-t-il dit.


Le 17 septembre 1939, les troupes soviétiques entrent en Pologne de l’Est, deux semaines après l’offensive des troupes nazies qui avaient attaqué par l’Ouest. Moscou et Berlin avaient signé le pacte germano-soviétique le 23 août 1939 à Moscou, le fameux  pacte de “non agression” Molotov-Ribbentrop. Ce pacte permettait la division de la Pologne.


“Les soldats soviétiques sont venus chez nous et ils ont commencé à nous transporter vers des endroits que nous ne connaissions pas. Ils nous ont emmené à bord de trains dans des camps de travail en Sibérie. La vie était pénible dans ces camps, nous avions faim, des réfugiés sont morts”, a confié Kazia Kolodziej Gerech.


Des frontières “déplacées”

Jonathan Kołodziej Durand est allé au village natal de sa grand-mère, devenu Astravok, situé actuellement en Biélorussie. Durant la deuxième guerre mondiale, les frontières de la Pologne avaient été “déplacées” vers l’Ouest, permettant à la Biélorussie de récupérer des territoires. Sur place, il rencontre quelques villageois qui se rappellent encore de la famille Gerech, une endroit forestier porte encore leur nom.


S’appuyant sur des témoignages de survivants, le documentaire révèle que plus de 30.000 réfugiés polonais, la plupart des femmes et des enfants, avaient été forcés au déplacement par les Soviétiques. “Ils avaient parcouru dans des conditions difficiles l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, l’Inde, l’Iran, la Palestine, le Liban, au Mexique et l’Afrique”, est-il souligné dans le commentaire. “Arrivé en Iran, nous avons été bien accueilli par la population. Les gens nous donnaient à manger. Nous sommes passés de l’Enfer au Paradis”, a confié Jula Mackiewicz, une survivante.


Une visibilité en Iran

Lors du débat, le réalisateur a regretté de n’avoir pas pu filmer en Iran où vivent encore des descendants de refugiés polonais. “Quand on est canadien, c’est compliqué d’entrer et de filmer en Iran. La prochaine fois, je vais essayer d’entrer avec un passeport polnais. J’ai de la famille enterrée en Iran, à Dulab (quartier de Téhéran)”, a-t-il dit.


Ce n’est qu’en Iran que les refugiés polonais ont pu avoir une visibilité puisqu’ils pouvaient prendre des photos avec des habits neufs et envoyer à leurs famille, la preuve de leur existence.
En Afrique, les réfugiés polonais, au nombre de 19.000, , étaient dans des camps à Tengeru en Tanzanie, en Afrique du Sud, en Ouganda, au Zimbabwe et au Kenya, au bas du mont Klimandjaro. Ils avaient été déplacés par la Britanniques, après que l’Union Soviétique ait rejoint le camp anti-nazi. En Afrique, les enfants polonais pouvaient être scolarisées comme la grand-mère du réalisateur.


“Des réfugiés polonais en Afrique, non jamais !”

“Des réfugiés polonais en Afrique, non jamais ! C’est ce que m’a répondu un enseignant à l’université. Il était sûr que cela n’a jamais existé. Je lui ai expliqué que ma propre famille est concernée”, a confié Irene Tomaszewska, universitaire à Ottawa.
“Après la guerre, il était difficile en Pologne de parler de cette histoire. Le pays était sous influence de Moscou. Cette histoire a été effacée. J’ai voulu faire ce documentaire. C’était important. La plupart des gens n’ont jamais entendu parler de cet épisode de la deuxième guerre mondiale. Dans le conflit le plus étudié de l’histoire, le chapitre des réfugiés polonais a été omis des livres par toutes les parties, et les survivants veulent désespérément qu’il soit connu. Leur témoignage est précieux. C’est une histoire que les survivants racontent toute leur vie, mais que peu de personnes en dehors de leur famille ont entendue jusqu’à présent”, a déclaré Jonathan Kołodziej Durand. 

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