Cinéma: “La traversée”, un conte déchirant sur l’exil

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Le film d’animation “La traversée” de la française Florence Miailhe, projeté à la cinémathèque d’Alger, mercredi 25 janvier, dans le cadre des 7ème Journées du film européen, évoque l’exil, ses douleurs et ses peines.


“Il faut partir. On va faire comme les autres. Tous les autres”. C’est le père qui parle.  Le village vient d’être attaqué et pillé par des miliciens habillés en noir, encougalés et violents. “Des hommes poussés par la haine”, explique Kyona, une jeune fille qui aime dessiner. Assise sur un cerisier avec son frère Adriel, en plein forêt,  elle voit de loin des fumées noires monter de son village.


Le départ forcé est amer. Kyona, Adriel et ses parents prennent le train pour aller vers un autre village. Dans un contrôle de militaires, les parents sont obligés de descendre du train. Le père demande à Kyona de prendre soin de son frère. L’aventure commence pour les deux adolescents. Les parents disparaissent.  


Le sens de la liberté

Kyona et Adriel intègrent un groupe d’enfants abandonnés qui vivent de petits larcins avant d’être pris de force et vendus à une famille fortunée qui vit dans une belle résidence à côté d’une forêt.  Là, ils sont obligés de s’adapter à un nouveau mode de vie, à s’habituer à de nouvelles manières, à ne plus manger avec la main… Étouffés par cette façon ordonnée de vivre, Kyona et Adriel prennent la fuite avant de rejoindre une troupe joyeuse d’un cirque.


Kyona et Adriel apprécient le sens de la liberté avec cette troupe en perpétuel mouvement. De rencontre en rencontre, Kyona et son frère continuent le chemin vers une autre destination. Le parcours est semé d’embûches, incertain et dangereux.


Dans “La traversée”, le temps et la géographie ne sont pas précisés. Cela peut être partout dans le monde à n’importe quelle période. Les histoires d’exil et de migration se ressemblent. En Afrique, les attaques des villages par des inconnus armés sont récurrentes. Des “rebelles” qui se constituent rapidement et qui arrivent à obtenir des armes tout aussi rapidement, qui volent, tuent et violent, et qui disparaissent comme s’ils n’avaient jamais existé ! Ce qui se passe actuellement en République démocratique du Congo (RDC), pays riche en matières premières et en minerais, en est le parfait exemple.


Une touche personnelle

“La traversée” porte une touche personnelle de Florence Miailhe dont la grand-mère a été forcée de quitter Odessa en Ukraine pour fuir le pogrom contre les juifs en 1905. En octobre 1905, selon les historiens européens, les juifs avaient été attaqués par les ukrainiens, les russes et les grecs.


La mère de Florence Miailhe a également été obligée au départ durant la deuxième guerre mondiale pour échapper aux rafles anti-juifs organisés par les nazis allemands. Florence Miailhe, qui est également dessinatrice, diplômée de l’Ecole nationale des arts décoratifs de Paris, s’est appuyée sur les dessins et croquis de sa mère pour la construction de certains personnages comme les gens du cirque ou de certains plans relatifs aux paysages. Une partie de ces dessins a été reproduite à travers “le carnet” de Kyona.


Avec la scénariste Marie Desplechin,  elle a choisi d’élaborer un film qui aborde “toutes les migrations. “Et toutes les migrations qui constituent l’Histoire de l’humanité”, a-t-elle dit dans une interview. “La traversée”, un conte déchirant, est universel.
Florence Miailhe est surtout connue pour ses courts métrages en peinture animée. En 2002, elle a reçu le César du meilleur court-métrage pour “Au premier dimanche d’août”, et en 2006, une mention spéciale au Festival de Cannes pour “Conte de Quartier”. 

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