Ahmed Hamel, président de l’association Lumières de la Méditerranée : Annaba est faite pour être une ville de cinéma par excellence”

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Ahmed Hamel, président de l'association Lumières de la Méditerranée : Annaba est faite pour être une ville de cinéma par excellence
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Ahmed Hamel est photographe professionnel. Il enseigne la photographie et les techniques audiovisuelles à la Maison de la culture Mohamed Boudiaf à Annaba. Il préside l’association Adwaa al moutawasset (Lumières de la Méditerranée) qui organise les Journées d’Annaba du court métrage.


24h Algérie: Vous venez d’organiser les 14ème Journées du court métrage(les 18 et 19 décembre 2021). C’est devenu une tradition à Annaba depuis quelques années. Parlez-nous de cette manifestation ?


Ahmed Hamel: Nous essayons justement de maintenir cette tradition. L’objectif est d’encourager les jeunes amateurs à produire des films, à continuer de le faire. Si, chaque année, le ministère de la Culture prenait en charge une vingtaine de jeunes en dépensant une somme de 100.000 dinars pour chacun d’eux, nous pouvons organiser régulièrement ces Journées. Ce montant permettra de produire les courts métrages.  L’Association Adwaa al moutawassit s’occuperait alors de la formation aux techniques cinématographiques, de la fourniture du matériel, du transport… En même temps, elle peut solliciter des acteurs connus pour jouer des rôles dans les films réalisés par ces jeunes. De cette manière, ces productions prendront du poids…

Actuellement, les jeunes produisent seuls, sans moyens

C’est cela. Ils se débrouillent comme ils peuvent. Si vous essayez de les assister ou de les orienter, ils pensent que vous voulez les saboter. Ils pensent que vous êtes un obstacle tellement ils sont livrés à eux même. En même temps, il faut dire que des cinéastes de renom ont eu de gros budgets pour des films ou des feuilletons ratés. Les jeunes suivent cela et sont frustrés, en colère. Tout le monde sait que l’ENTV et ses canaux peinent à remplir la grille de programmation. Parfois, elle est amenée à diffuser des sous-produits. L’ENTV peut consacrer annuellement un milliard de centimes pour appuyer la production de films proposés par les jeunes et ainsi enrichir sa programmation et améliorer son audience. Mon objectif est de relancer le cinéma algérien à partir du bas, pas du haut. En haut, c’est bloqué.


Qu’en est-il du besoin en formation ici à Annaba ?

Il est très important. Personnellement, j’enseigne au Palais de la culture d’Annaba. Chaque année, je reçois au moins une centaine de demandes pour une formation aux techniques de l’audiovisuel et de la photographie. Je suis surchargé dans l’atelier que j’anime. La photographie intéresse toujours les jeunes. J’encourage les stagiaires à utiliser les portables, de plus en plus performants, avant de passer à la caméra.


A quand remonte l’organisation des Journées du court métrage à Annaba ?

A 2007. Au début, nous avions programmé des anciens films en super 8. Il y avait des films vidéo, en VHS ou Béta Cam, mais ce n’était pas du cinéma. Je craignais à l’époque que le cinéma soit mort en dépit de l’évolution technologique. Passant de la pellicule au VHS, certains se sont retrouvés dans l’incapacité de faire du montage. Le VHS exigeait une technique, une maîtrise et une table. Ce n’est qu’avec l’apparition du numérique que les choses étaient devenues plus simples pour le montage cinéma. Nous avons un ciné club qui existe depuis quinze ans. Il était à l’arrêt depuis deux ans. Nous allons le relancer. Ce ciné club a encouragé beaucoup de jeunes à s’intéresser au cinéma.


Quid de la cinémathèque d’Annaba ?

Il ne se passe presque rien à la cinémathèque d’Annaba. Les choses iront mieux à mon avis lorsqu’elle sera gérée par des gens qui connaissent bien le cinéma. On parle depuis quatre ans de la construction d’un multiplexe à Annaba. Il n’y a encore rien. Le projet a été relancé dernièrement. Je souhaite un retour rapide du Festival du film méditerranée à Annaba mais avec une nouvelle forme d’organisation (La dernière édition de ce festival, la troisième, s’est tenue en mars 2018).


Est-il normal qu’une grande ville comme Annaba n’ait pas de salles de cinéma dignes de ce nom ?

Savez-vous combien il existait de salles de cinéma à Annaba ? Quatorze à l’indépendance du pays ! Il y a une salle de cinéma qui peut accueillir 1500 personnes, c’est la plus grande d’Afrique, semble-t-il. Elle est presque fermée. Annaba est faite pour être une ville de cinéma par excellence. Malgré cela, à peine deux ou trois salles sont ouvertes,  comme L’Olympia, El Karama ou l’Edough, les autres sont toujours fermées pour des considérations techniques ou transformées pour accueillir d’autres activités non artistiques.


La salle Le Marignan, qui est située au centre ville,  a été presque transformée en un café. Par le passé, chaque salle était spécialisée en un genre de films (hindou, égyptien, western, action, etc). Encore adolescent, je faisais la file indienne avant d’entrer en salles. Aujourd’hui, certains intellectuels prétendent que les Algériens ne vont plus en salles de cinéma parce qu’ils ont des petits écrans chez eux. C’est navrant. Aux Etats-Unis, les gens vont vers les salles malgré internet, les platformes numériques et les smartphones. 

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