Yazid Yettou, cinéaste « J’aime le cinéma qui casse les codes »

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Yazid Yettou, cinéaste
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« Boumla » est le premier court métrage du jeune cinéaste Yazid Yettou. Le film a été projeté en avant-première nationale mercredi 1 décembre à l’occasion de la Semaine du court métrage algérien organisée dans les salles de la cinémathèque algérienne par le Centre algérien de développement du cinéma(CADC) en collaboration avec le Centre algérien de cinématographique (CAC).


24H Algérie: Yazid Yettou
, « Boumla » est votre premier court métrage. Comment s’est fait ce passage vers le cinéma surtout que vous avez commencé avec des films vidéos?


Yazid Yettou: J’ai toujours voulu faire du cinéma. A un certain moment, j’ai intégré une association à Alger (Bab El Oued) où j’ai découvert l’existence d’échanges culturels avec des personnes qui réalisaient des films. Ma première expérience était en 2011 avec le tournage du film de Mohamed Lakhdar Hamine, « Le crépscule des ombres » (غروب الظلال). J’étais dans l’équipe technique. C’était une école pour moi, un apprentissage sur le terrain. Le film est sorti en 2014. Depuis, je n’ai pas cessé de vouloir faire des films mais ce n’était pas évident surtout par rapport aux finances.


Qu’est-ce qui vous a plu dans le scénario de Rafik Bairi pour réaliser « Boumla » ?


Yazid Yettou: Il y a d’abord l’idée du tabou dans ce scénario, celle notamment du mariage organisé, forcé. Il y a aussi la question du chômage, Malik ne peut pas se marier avec Lamia, parce qu’il n’a pas les moyens financiers. Il est diplômé d’une ingéniorat en sciences de la mer et vit dans un village reculé où il n’y a pas de travail pour lui dans ce domaine.  Le père a préféré faire marier sa fille avec un homme qui travaille, a un salaire.


C’est donc un drame social avec une petite touche de fantaisie


Yazid Yettou: Le scénariste me disait qu’il fallait mettre une tige dans une fourmillière et uriner dessus. Il y a plein de croyances de ce genre dans notre société comme le poil du cheval (qui provoque la maladie). J’ai introduit quelques modifications dans le scénario initial. Je préfère traiter d’un sujet utile, qui a du fond, pour la société. Le scénario a été écrit en 2009. Et, le dossier a été déposé au FDATIC (Fonds national pour le développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographiques et de la promotion des arts et des lettres, ministère de la Culture) qui l’a accepté. Je ne m’y attendais pas franchement.

« Boumla » a été achevé fin 2019. Là, je suis en train d’écrire un scénario d’un autre court métrage. C’est un bel exercice.


Vous avez parlé lors du débat après la projection de votre film (à la cinémathèque d’Alger) d’influences cinématographiques. Lesquelles ?


Yazid Yettou: Je n’aime pas le cinéma d’Hollywood. J’aime les films de Bergman, le cinéma iranien, le cinéma indépendant européen, le cinéma coréen. Côté algérien, je considère le film de Tariq Teguia « Inland » (sorti en 2009) comme l’un des meilleurs. J’aime le cinéma qui casse les codes et les techniques. On peut voir une saturation d’images, un choix de plan dépourvu d’esthétique, une image crue…


Et comment se libérer de ces influences pour créer ?


Yazid Yettou: Oui, je pense qu’il faut se libérer en effet des influences dans les expressions artistiques. Mais, parfois d’une manière inconsciente, on se retrouve à faire des choses sous influence.


« Boumla » a été tourné dans la région de Tiaret. Vous en gardez de bons souvenirs, visiblement…


Yazid Yettou: C’était une leçon de vie pour moi. C’est vrai. Nous avons fait un repérage et nous avons découvert le village de Mellakou, à une trentaine de kilomètres de Tiaret. Dès que j’étais dans ce village, c’était le coup de foudre pour moi. Les gens sont accueillants, généreux, disponibles. La région regorge de jeunes talents, d’artistes en herbe. Les comédiens et figurants dans le film n’ont jamais fait de cinéma. Malgré cela, il était facile de travailler avec eux, d’une manière spontanée. Nous ne pouvions pas faire un casting large en raison des contraintes du budget. Je vais tout faire pour projeter « Boumla » à Mellakou.


Faire un court métrage, c’est compliqué en Algérie. Le privé ne finance pas le cinéma, ou rarement, et accéder aux subventions de l’Etat est souvent difficile. Comment avez-vous financé votre production ?


Yazid Yettou: Je ne vous cache pas que j’ai dépensé de ma poche. J’ai réquisitionné la voiture de mon père. Nous avions fait le film avec un petit budget dégagé par la commission du FDATIC.


Quid de votre prochain court métrage ?


Yazid Yettou: C’est délicat de répondre à ce stade de l’écriture. Il s’agit d’un drame social, inspiré de faits réels. L’Histoire se passe entre Alger et la Kabylie. Il y a aura plusieurs formes d’expression

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