Yasmina Khadra : « je suis banni par les intellectuels algériens »

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Yasmina Khadra :
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Yasmina Khadra se plaint d’être « un mal aimé » de la presse algérienne, d’être écarté par les intellectuels algériens et d’être ignoré par les lecteurs arabes.
« Je suis banni par les intellectuels algériens. La France surveille les intellectuels algériens et si quelqu’un défend Yasmina Khadra, il est toute de suite écarté », a-t-il confié à l’émission « Hadith Al Arab » de Sky news arabia, diffusée samedi 30 janvier 2021, sans préciser comment la France « surveille » les intellectuels algériens.
« Je n’ai aucune relation avec les écrivains algériens. Les écrivains arabophones sont sur une voie et  les écrivains francophones appartiennent à la France, et moi, je suis au milieu », ajoute-t-il. Il dit être empêché de contribuer « au développement de l’Algérie », sans détailler.  


« Je n’ai pas trouvé dans la presse arabophone, un article en ma faveur »

Le romancier s’en prend aussi à la presse algérienne. « Je suis l’écrivain qui a ouvert à la littérature algérienne le monde entier. Je n’ai pas trouvé dans la presse arabophone, un article en ma faveur. J’ai passé 36 ans de ma vie au sein de l’armée, et il y a quelqu’un qui m’accuse de trahison dans un journal parce que j’écris en français. C’est de l’ignorance et de la stupidité », dénonce-t-il.
Et d’ajouter : « C’est aux hommes de lettres arabes de venir vers moi, pas le contraire ».
L’auteur de « A quoi rêvent les loups » regrette qu’il ne soit pas connu dans la région arabe. « Il n’y a aucun écrivain arabe aussi traduit que moi dans le monde mais je suis peu connu dans les pays arabes. Mes lecteurs au Brésil sont plus nombreux que dans l’ensemble du monde arabe. Cela vous donne une idée de l’intérêt qu’on porte à notre génie », affirme-t-il.

« Mais pourquoi dois-je écrire en arabe?

« « Je n’ai pas tous les outils pour écrire en arabe. Mais pourquoi dois-je écrire en arabe? Pour qui? A Singapour, mon roman « Les hirondelles de Kaboul » a été lu plus que dans tous les pays arabes réunis. J’ai cinq millions de lecteurs en France, quinze millions dans le monde, dans 57 pays. Les lecteurs arabes, à partir de la Libye et jusqu’au Bahreïn, ne me connaissent pas », tranche Yasmina Khadra.
« Pourquoi toute cette colère contre le lecteur arabe? », s’interroge le journaliste de Sky news arabia.
Réponse :  « Ce n’est pas de la colère, c’est de la réalité. Il y a de l’argent, mais l’homme de lettres arabe n’est pas valorisé ».
Ses livres ont, selon lui, permis aux lecteurs de mieux comprendre le monde arabo-musulman et l’islam. « Le plus important est comment nous, en tant que musulmans, défendons cette religion. Je ne suis pas soutenu dans ce combat. Je suis seul dans cette bataille, je ne suis pas appuyé », relève-t-il avant de s’interroger : « qui sont les véritables criminels? Ceux qui produisent des mensonges sur l’islam? Ou ceux qui se taisent? ».


« Toi ne viens pas sur le minbar me parler des femmes »

« Le roman « Khalil », qui raconte une histoire liée au terrorisme, a suscité plus d’intérêt en Chine où les musulmans vivent un cauchemar que dans les pays arabes. Comment comprendre cela? Nous continuons d’ignorer la valeur de notre génie et de notre créativité », souligne Yasmina Khadra.
Il estime que les musulmans doivent se défendre par la science et la technologie. « Toi ne viens pas sur le minbar me parler des femmes qui ne se couvrent pas le corps. C’est de la maladie, va consulter un médecin. Les temps sont durs. Etre ou ne pas être. Pour être, il faut avoir les moyens de se défendre et de s’imposer », souligne-t-il.  


« Le peuple algérien n’attends pas de la France qu’elle présente des excuses »

Il accuse un lobby sans désigner sa nature d’avoir « tout fait » pour détruire son image. « Il y a eu du mensonge et des manipulations perfides. Cela ne me touche pas parce que je suis présent dans le monde. Je suis venu au monde pour écrire. J’écris sur tout, essaie de comprendre le monde dans lequel je vis à travers l’écriture « , dit-il. Il rappelle avoir été best-seller au Japon, au Mexique et ailleurs.


Interrogé sur le passé colonial de la France en Algérie et sur la question mémorielle, l’écrivain montre des signes d’agacement en évoquant « les paroles vides ». « Depuis quarante ans, ils répètent la même chose. Chaque année, une nouvelle chanson. Si la France veut présenter quelque chose, qu’elle le fasse d’une manière claire et qu’elle arrête de tourner en rond », dit-il.
« Le roman « Ce que le jour doit à la nuit » est meilleur que tout ce qui a été écrit. Il a été vendu en France à plus d’un million d’exemplaires. Et c’est le livre le plus lu en Algérie. Pourquoi? Parce que les gens veulent la vérité sur l’Histoire », dit-il. Paru en 2008, le roman « Ce que le jour doit à la nuit » raconte l’histoire d’un jeune algérien qui savoure « la belle vie » au milieu de colons français dans un village de l’ouest algérien dans les années 1930-1940. Dans ce roman, l’univers colonial est peu visible.
« Le peuple algérien n’attends pas de la France qu’elle présente des excuses (sur le passé colonial). Le peuple algérien a ses propres problèmes, essaie de sortir des ténèbres vers les lumières, a une patrie à constituer, une nation à renforcer, des enfants à éduquer », croit savoir Yasmina Khadra.


« Je ne peux imaginer un écrivain qui me dépasse dans le domaine du roman »

« Quand vous lisez mes livres, vous constatez que l’écrivain n’est pas français ou européen, mais un algérien qui vient du Sahara. C’est cela ma force. C’est pour cela que les Français aiment ma langue sentant qu’elle vienne des profondeurs de l’Algérie », confie-t-il avant d’ajouter :
« L’arabe est la langue de la poésie et le français celle du roman.  Aucun poète français ne peut être comparé aux poètes arabes ».  
« Je me sens mieux dans le roman que dans la poésie, je ne peux pas être à la hauteur d’Al Mutanabi. En tant que romancier écrivant en français, je n’ai aucun complexe. Je ne peux imaginer un écrivain qui me dépasse dans le domaine du roman » se vante-t-il
Il considère Abu Tayeb Al Mutanabi, poète de la fin de la période Abasside en Irak, comme comme le plus grand poète de tous les temps. « Je n’ai pas encore trouvé un poète aussi puissant qu’Al Mutanabi. Aussi, je voulais être un jour un poète comme lui », dit-il. Il annonce que l’histoire de son prochain roman, qui paraîtra en février 2021 à Paris, se déroule au Mexique.

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2 Commentaires

  1. La pénibilité de lire Yasmina Khadra s’étend désormais à ses interview. À mon avis, il ne tardera pas à commettre quelque viol, rien que pour qu’on parle de lui. C’est définitivement dommage. Ça serait plus amusant qu’il écrive une autobiographie, une fois pour toute. Un pavé de 800 pages… Je promet de le lire, celui-là, avec un marquer jaune à la main.
    Bonne continuation, cheikh lechyakh ! Nous t’aimons malgré tout.

  2. Il est des gens qu’on aime comme ça tout simplement, on est content de leur existence, de leur présence, on leur fait une place dans nos vies ils sont une part de nous, cette part qu’on n’est pas mais qu’on aurait bien aimé être et qu’on n’a pas été parce que finalement nous n’avons qu’une vie que nous sommes obligés de vivre, notre destinée. La mienne de vie fut celle d’un soudeur qui se lève tous les matins se taper trente kilomètres pour nourrir sa famille et qui un jour, par je ne sais quel hasard a lu « l’attentat » et depuis je suis devenu Yasmina Khadra. Je n’ai rien lu d’autre depuis mais je suis Yasmina Khadra cet écrivain francophone boudé par les siens par un complexe d’indigénat et « surveillé » par la France parce que francophone mais pas francophile.

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