Wissem Mousli de la délégation de l’UE à Alger à propos du festival européen : « Nous voulons aller vers un  nouveau public … »

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Wissem Mousli de la délégation de l'UE à Alger à propos du festival européen :
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Mohamed Wissem Mousli est gestionnaire des politiques culturelles à la délégation de l’Union européenne (UE) à Alger. Il revient sur le 22ème Festival européen qui se déroulera du 23 juin au 1 juillet 2022 au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi d’Alger (TNA), à Constantine et à Oran.


24H Algérie: Le 22ème Festival européen, qui a choisi le titre « Mousqu’elles », est dédié aux artistes femmes. Pourquoi ce choix ?


Wissem Mousli: La discussion sur le choix de cette thématique a commencé  l’année passée à la fin de la 21ème édition du festival. L’idée était donc venue de faire une programmation 100 % féminine. En coordination avec les ambassades des États membres de l’UE, cette proposition a été retenue en décembre 2021. Et, comme l’a dit l’ambassadeur Thomas Eckert lors de la conférence de presse(mardi 21 juin), la thématique de « l’égalité du genres » est prioritaire pour l’Union européenne. A partir de là, les Etats membres de l’UE ont commencé à faire des propositions d’artistes.


Plusieurs genres et styles musicaux sont au programme de cette 22ème édition du Festival…

Oui. Une programmation riche. Les concerts sont organisés par thème : classique, jazz, musique traditionnelle, pop, rap, etc. Quinze pays participent à l’édition de cette année. La délégation de l’UE assure le concert d’ouverture avec la prestation de la chanteuse algérienne Samira Brahmia.


Samira Brahmia qui a déjà participé au festival européen par le passé

Oui. Elle a assuré la cérémonie de clôture, il y a sept ou huit ans. Elle était très contente d’être parmi nous après une prestation au festival international du jazz de Constantine (Dimajazz) en mai 2022. Elle a travaillé ces deux dernières années sur un nouvel album, « Awa ». Se produire à Alger est, pour elle, une continuité du concert de Dimajazz.


C’est une manière de retrouver son public algérien. L’album sort le lendemain du concert (le 24 juin). Le public aura l’exclusivité de découvrir quelques titres de l’album. Samira Brahmia, qui a été touchée par le thème choisi pour le festival, a proposé d’inviter des artistes algériennes sur scène. Il s’agit de la chanteuse Hend Boukella qui était déjà avec nous l’année écoulée avec le programme musical du Portugal. Soumia Ghachami, qui est guitariste, sera également sur scène autant que la chanteuse sénégalaise Penda Niang qui est présente dans le nouvel album de Samira Brahmia. C’est une manière de se connecter avec l’Afrique aussi.


Les polonais ont fait appel au conteur algérien Fayçal Belattar pour accompagner deux artistes Anna Budzynska et Laura Kluwak-Sobolewska pour un spectacle intitulé : « Si l’Opéra m’était conté : un voyage musical de Varsovie à Londres ». Comment est née l’idée de ce spectacle ?

Fayçal Belattar nous a accompagnés en 2021 tout au long du festival avec une introduction en poésie de tous les concerts. Les polonais proposent un concert pour raconter l’histoire de l’Opéra sur 400 ans (de l’opéra baroque au lyrisme vocal contemporain). Anna Budzynska et Laura Kluwak-Sobolewska sont déjà venues en Algérie et se sont produites à la Basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger. Fayçal Belattar a préparé ses textes avec les deux artistes. Nous avons encouragé les États membres à créer des liens entre les artistes algériens et les artistes européens présents au festival.


Il y a l’exemple de Yousra Boudah, la chanteuse algérienne, qui a été proposée pour représenter la France au festival


C’est vrai. Ces dernières années, l’Institut français d’Algérie (IFA) a invité les jeunes artistes algériens à se produire sur sa scène. Yousra Boudah va présenter durant le festival ses chansons et des titres du répertoire français.


Et l’Irlande qui participe pour la première au festival d’Alger

L’ancien ambassadeur de l’Union européenne (John O’Rourke) insistait sur la participation de l’Irlande au Festival européen à Alger. Les contraintes liées à la pandémie de Covid-19 ont empêché la venue d’artistes irlandais en 2021. Cette année, l’Irlande va animer la soirée de clôture du festival (vendredi 1 juillet) avec un concert de Wallis Bird, une chanteuse de pop très connue en Irlande et en Europe. Elle va présenter un nouvel album (« Hands »), sorti en mai 2022, au public algérien.


Sur les 27 Etats membres de l’UE, douze pays, dont la Bulgarie, Chypre, la Roumanie, la Croatie et les Pays Baltes, sont absents….

Par manque de temps, certains Etats membres n’ont pas proposé d’artistes pour l’édition de cette année. C’est à nous en tant que Délégation de l’Union européenne en Algérie d’aller vers les ministères de la Culture de chaque pays (membres de l’UE) pour une éventuelle programmation au festival. Parfois, nous n’avons pas de réponse, et d’autres fois, les réponses arrivent en retard. Pour les prochaines éditions, nous pensons inviter des artistes des Pays Baltes ( Estonie, Lituanie et Lettonie) avec qui nous sommes en contact…


Le Festival européen pour l’édition de cette année se déplace en dehors d’Alger…

Il était évident pour nous de déplacer quelques concerts à Oran qui abrite, à partir du samedi 25 juin et jusqu’au 6 juillet, les 19ème Jeux Méditerranéens. Nous voulions nous inscrire dans la programmation artistique prévue à Wahran à la faveur de cette manifestation sportive.
Trois concerts sont prévus à la salle Maghreb (ex-Régent) à Oran du 27 au 29 juin : Travel Diaries (Autriche), Simona Abdallah (Danemark) et Platica Dialogue : Gema Caballero (Espagne). Nous sommes ravis de proposer une visibilité du Festival européen à Oran. Idem pour Constantine où quatre concerts sont programmés au Théâtre régional Mohamed Tahar Fergani (TRC) les 26, 27, 28 et 30 juin : Bernadette Hengst et Claudia Wiedemer (Allemagne), Pilsen String Quartet (République Tchèque), Karima No Filter (Italie) et Anna Budzynska, Laura Kluwak-Sobolewska et Fayçal Belattar (Pologne).


Existe-t-il une possibilité pour que le festival aille dans d’autres régions de l’Algérie ?

La discussion est justement engagée sur ce point. Le souci qui se pose est lié à la logistique. Il était difficile, par exemple, d’élaborer un plan de vols pour les 68 artistes qui participent au festival européen cette année. C’était une véritable gymnastique logistique pour trouver les vols sachant que toutes les dessertes n’ont pas repris en raison de la pandémie de Covid-19. Il fallait gérer la situation. Pour les vols domestiques, les choses étaient plus simples. Le problème est lié parfois aux espaces devant abriter les concerts sur le plan technique. Il faut qu’on étudie bien la question pour se déployer ailleurs dans le pays à l’avenir.


La date du festival européen va-t-elle être maintenue pour le mois de juin de chaque année ?

Nous avons fait l’essai l’année passée, c’était assez concluant. Par le passé, le festival se tenait à partir du 9 mai, à l’occasion de la Journée de l’Europe. C’est une période compliquée pour les familles et les étudiants algériens en raison de la tenue d’examens. Nous voulons aller vers un nouveau public. D’où le choix de juin pour que les familles puissent assister aux concerts le soir. Il fallait aussi trouver un lien avec la fête de la musique (le 21 juin). Nous allons donc essayer de maintenir le festival au mois de juin de chaque année.


Avez-vous d’autres activités culturelles pour cette année 2022 ?

Nous préparons la tenue de la 7ème édition des Journées du film européen à la mi-octobre 2022. Le thème de ces journées est en cours de discussion avec les Etats membres sachant que nous avons une base de données de films qui sont libres de droit. Les États membres peuvent aussi choisir des longs métrages à programmer durant ces journées. Nous espérons investir le réseau de la cinémathèque algérienne. En 2021, nous avons eu une expérience concluante avec la cinémathèque à Alger. Cette année, nous voulons programmer des projections de films en régions en s’appuyant sur le réseau national de la cinémathèque. Nous voulons aussi assurer la présence des équipes des films pour permettre le débat avec le public après les projections.


Autre chose. Avec le réseau des instituts culturels européens, nous avons proposé un projet à Bruxelles sur la coproduction cinématographique. Nous avons ressenti l’existence d’un certain besoin en raison de la suppression du FDATIC (fonds de soutien à la production de films dépendant du ministère de la Culture). Nous voulons accompagner les professionnels du cinéma et les autorités algériennes avec ce projet pour ramener des producteurs européens à contribuer au financement de films en Algérie. Le projet a été déposé à Bruxelles, nous souhaitons qu’il soit retenu par le comité de sélection. Nous avons un autre projet pour enfants, avec le même réseau, pour participer au FIBDA (Festival international de la bande dessinée d’Alger). Des dessinateurs et illustrateurs de différents pays, y compris en Amérique du Sud, ont été contactés pour présenter des travaux lors du prochain FIBDA.

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