Vive tension entre le Mali et la France après le départ des soldats danois

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Vive tension entre le Mali et la France après le départ des soldats danois
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La crise entre le Mali et la France se creuse. Paris accuse les autorités de transition malienne d’exercer « un pouvoir illégitime ». Bamako dénonce « le mépris » et exige le respect.
La France a vivement réagi à la demande des autorités maliennes relative au départ des soldats danois du pays. Des centaines de militaires qui font partie du regroupement des forces spéciales européennes Takuba, initié par Paris, et arrivés récemment au pays, sans l’accord de Bamako.
Bamako entend initier des discussions bilatérales avec chaque pays participant à la force Takuba. En novembre 2021, les autorités de transition maliennes avaient informé Copenhague que la demande de « déploiement » de soldats danois au Mali était toujours à l’étude.
« Aucun accord n’autorise le déploiement des forces spéciales danoises au sein de la force Takuba. Le gouvernement du Mali invite avec insistance la partie danoise à retirer immédiatement ses forces spéciales du territoire malien », a déclaré Abdoulaye Maïga, ministre malien de l’administration territoriale et de la décentralisation, en lisant, jeudi 27 janvier, à la télévision publique ORTM 1, un communiqué du gouvernement.


Le Portugal, la Norvège et la Hongrie sommés de demander un accord de Bamako


Il a souligné que les autres pays membres de la force Takuba, à savoir le Portugal, la Norvège et la Hongrie, sont dans la même situation que le Danemark, en ce sens, que Bamako n’a pas encore donné son accord à leur déploiement dans le pays.
« Contrairement au Danemark, ces pays n’ont procédé à aucun déploiement de leurs forces spéciales au Mali dans le cadre de l’opération Takuba. Le gouvernement appelle une fois de plus ses partenaires dans le cadre de la lutte anti-terroriste de la nécessité de respecter strictement les termes des engagements convenus notamment l’obtention de l’agrément délivré par les autorités maliennes avant tout déploiement sur le territoire national », a précisé Abdoulaye Maïga.
« Cette junte est illégitime et prend des mesures irresponsables (…) Elle porte l’entière responsabilité du retrait des forces danoises et s’isole davantage encore de ses partenaires internationaux », a déclaré à Paris Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, aux côtés de son homologue nigérien Hassoumi Massoudou. Il a salué « la démocratie exemplaire » du Niger où un président a été élu, comme pour lancer un pique à Bamako.
Copenhague a également désapprouvé la décision de Bamako. « Les généraux au pouvoir (…) ont réaffirmé que le Danemark n’était pas le bienvenu au Mali. Nous ne l’acceptons pas et pour cette raison, nous avons décidé de rapatrier nos soldats », a déclaré jeudi 27 janvier le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod.
Et d’ajouter :  « Nous sommes là à l’invitation du Mali. Les généraux putschistes – dans un jeu politique sale – ont retiré cette invitation (…) parce qu’ils ne veulent pas d’un plan rapide de retour à la démocratie ».


Abdoulaye Diop : « insultes ne sont pas une preuve de grandeur »

Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères du Mali, a, dans une interview accordée à France 24 et RFI, diffusée ce vendredi 28 janvier, condamné les propos du chef de la diplomatie française.  
« Ce sont des propos empreints de mépris. Ce sont des propos que je condamne, qui sont inacceptables. Et je crois que les insultes ne sont pas une preuve de grandeur », a déclaré Abdoulaye Diop qualifiant la réaction de Jean-Yves Le Drian de surprenante.
Et de poursuivre : « Il est bon que M. Le Drian comprenne que ce ne sont pas les insultes qui règlent les problèmes entre nations, que ce que nous attendons de la France, grande nation, est qu’elle puisse avoir une attitude constructive, moins agressive, moins hostile et moins empreinte de mépris vis-à-vis des autorités maliennes qui incarnent aujourd’hui la souveraineté de notre pays(…) Le Mali n’exclut rien de la table si la souveraineté et le peuple malien ne sont pas respectés. Nous ne demandons pas des excuses à Paris. Nous demandons que Paris nous respecte en tant que pays ».
Le chef de la diplomatie malienne a invité la France à changer d’attitude pour prendre en compte « cet élément qu’il y a des autorités responsables au Mali et que seul un engagement avec ces autorités permet de gérer leur présence au Mali et cette présence doit répondre aux intérêts supérieurs du Mali ».


« L’attitude hostile à l’endroit du Mali n’a rien à voir avec…le respect de la démocratie »

Depuis janvier 2013, la France mène une opération militaire au Mali « pour lutter contre le terrorisme ». Fin décembre 2021, Bamako a introduit une demande pour réviser les accords de défense avec Paris.
« Nous sommes en train de revoir plusieurs accords et traités de défense pour nous assurer que ces traités ne violent pas nos dispositions constitutionnelles, ne violent pas la souveraineté du Mali, et prennent en compte l’intérêt des Maliens. Si ce n’est pas le cas, le Mali n’hésitera pas soit à dénoncer, soit à demander un réajustement de ces différents traités », a précisé Abdoulaye Diop dans la même interview.
Et de poursuivre : « Nous sommes conscients que certains de ces arrangements ont été conclus par le gouvernement précédent. Il y a la continuité de l‘État, mais rien ne pourra être au-dessus de l’intérêt supérieur des Maliens, que le président Goïta et le gouvernement sont disposés désormais à assumer et à s’assumer pleinement, et nous souhaitons que le France et d’autres partenaires inscrivent aussi leur action par rapport à cela ».
« M. Le Drian ou d’autres responsables français, on les entend plus sur les médias parlant du Mali. Il faut vraiment un engagement constructif au lieu de soulever le monde entier aujourd’hui contre le Mali. Je le rappelle. Cette attitude agressive, hostile à l’endroit du Mali n’a rien à voir avec les raisons qui sont mises en avant liées au respect de la démocratie, au respect des droits de l‘homme, à des coups d’État (…) La France applaudit des coups d’État quand cela va dans le sens de ses intérêts. Elle condamne quand ça va dans le sens contraire de ses intérêts. Non. Cette politique de deux poids deux mesures aussi doit cesser. », a souligné Abdoulaye Diop.


« Un Etat qui ne peut même pas survoler son territoire »

« Nous voulons relire les accords déséquilibrés qui font de nous un Etat qui ne peut même pas survoler son territoire sans l’autorisation de la France. Nous allons relire ces accords. Dans la lettre envoyée en 2013 (par le président malien de l’époque Dioncounda Traoré), il était question d’appui aérien et de renseignement. Elle ne portait nullement sur la présence de militaires français sur notre terre. Ils ont ramené 4000 soldats français avec un budget d’un milliard de Franc CFA par jour et ont interdit à l’armée malienne d’accéder à son territoire au nord Mali», a déclaré le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, lors d’une interview à ORTM1.
Bamako se dit disposés à continuer le dialogue avec l’ensemble de ses partenaires « pour la sécurisation du Mali et la stabilité de l’ensemble de la région ».  

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1 commentaire

  1. Certes il y a une vive tension mais qui n’est pas qu’entre la France et le Mali. Dans votre article vous rapportez certains propos qui n’exprime que le point de vue du gouvernement putschiste et comme toujours en matière de vérité historique il est nécessaire d’avoir une approche contradictoire. Somme toute il est reproché à la France d’être intervenue en 2013 pour mettre un coup d’arrêt à la descente vers Bamako. Cette action avait été conduite avec l’aide logistique discrète de l’armée algérienne. A l’époque ce n’était pas un reproche. Alors on peut reprocher beaucoup de chose à la France mais il est malsain de reconstruire l’histoire et de travestir le sens des engagements de cette manière. Il faut rappeler que la France a toujours soutenu le processus d’Alger.

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