Tunisie : le gouvernement Mechichi passe grâce à Ennahdha et ses alliés

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L'assemblée du peuple a voté la confiance avec 134 voix pour et 64 contre - Ph Facebook ARP
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Les députés tunisiens ont approuvé mardi 1er septembre un gouvernement de technocrates, le second cabinet en six mois, écartant la possibilité d’une dissolution sans pour autant mettre fin aux tensions politiques dans la jeune démocratie. L’équipe constituée par l’ex-ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi, composée de juges, universitaires, fonctionnaires et cadres du privé, a obtenu 134 voix sur 217 dans la nuit de mardi à mercredi.

«Je suis fier de ce soutien», a déclaré Hichem Mechichi à l’AFP à l’issue du vote, ajoutant que le gouvernement pourra «avancer sur les problèmes économiques, du moment qu’il ne se retrouve pris dans aucun tiraillement politique».

Après un bras de fer entre le président Kais Saied, un universitaire farouchement indépendant, et la formation d’inspiration islamiste Ennahdha, principal bloc parlementaire, Kais Saied avait chargé fin juillet Hichem Mechichi de composer une équipe apolitique, à contre-courant des principaux partis. Mais c’est paradoxalement grâce à Ennahdha et à ses alliés, dont le parti libéral Qalb Tounès, qu’Hichem Mechichi arrive au pouvoir, un retournement augurant de nouvelles tensions.

«M. Saied voulait un premier ministre à ses ordres, la présidence est beaucoup intervenue dans la composition du gouvernement, et M. Mechichi a fini par se retourner et aller chercher le soutien des partis pour s’affirmer comme chef du gouvernement», explique Hamza Meddeb, expert pour le centre Carnegie.

La dissolution de l’Assemblée évitée


Pour le président du Parlement et chef de file d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, l’Assemblée «a montré qu’elle était le cœur du pouvoir dans ce pays». Ce gouvernement «peut régler les problèmes économiques, sanitaires, sécuritaires, je suis persuadé de sa réussite», a-t-il ajouté. Ennahdha, Qalb Tounes et d’autres ont néanmoins exprimé d’importantes réserves sur le cabinet, qu’ils espèrent remanier rapidement.

Au total, le gouvernement compte 25 ministres et trois secrétaires d’État, dont huit femmes, et pour la première fois un ministre non-voyant : Walid Zidi, un enseignant chercheur nommé ministre de la Culture.

Avant le vote, Hichem Mechichi, un énarque de 46 ans, a présenté ses priorités : arrêter l’«hémorragie» des finances publiques en relançant notamment la production de pétrole et de phosphate – entravée par des manifestations de chômeurs-, mais aussi réformer l’administration tunisienne et protéger les plus démunis. Ce vote écarte la perspective d’une dissolution de l’Assemblée moins d’un an après son élection, qui aurait risqué d’exaspérer une opinion publique préoccupée par la situation économique du pays.

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