Trump : la fin du cauchemar

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Trump : la fin du cauchemar
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L’un des moments les plus emblématiques et les plus glaçants de la présidence Trump, aura été le jour de son investiture en janvier 2017. Non pas que ce qui a suivi ait été une sinécure, loin de là, mais ce jour-là fut comme une synecdoque qui annonçait les quatre années à venir. 

D’abord, ce malaise ressenti face à cette famille qui pérorait face aux caméras. Il y avait dans leur habitus corporel, l’attitude de ceux qui se croient tout permis et que l’on appelle aux Etats-Unis, the « entitled », terme difficile à traduire et qui renvoie à ceux qui ont toujours joui de privilèges et qui ne doutent jamais du bien fondé de tout ce qu’ils possèdent : argent, réseaux, passe-droits. Ceux qui n’ont aucune idée de ce que le mot discrimination signifie. 

Puis ce fut le premier mensonge de Trump, en tant que président – car des mensonges, il en avait déjà proféré des dizaines pendant sa campagne. Face aux journalistes, il ment de manière éhontée sur le nombre de personnes venues assister à son investiture. Il ne supporte pas le fait que moins de gens aient fait le déplacement, pour lui que pour Obama (un tiers selon les estimations du New York Times). Sans vergogne, pendant des semaines, il va accuser les médias de cacher la vérité, de truquer les photos. Dénégation, narcissisme, mensonge, agressivité, fake news. Tout y est déjà. 

Enfin, il y a eu le discours glaçant  que Trump a prétendu écrire lui-même mais qui a été très probablement rédigé par Steve Bannon et Stephen Miller les deux architectes du trumpisme. Populiste à souhait, nationaliste jusqu’à la nausée, critique vis-à-vis du système démocratique,  le discours quasi apocalyptique décrivait sans rire « Un carnage américain»  et le pays hérité par Trump comme « une terre d’usines abandonnées, d’angoisse et de crimes rampant ». 

Les graines des théories surréalistes, développées par la suite par les promoteurs de la mouvance Qanon et d’autres étaient déjà semées. Trump s’est d’emblée posé en sauveur d’une Amérique minée par un pseudo deep state tout puissant et il promettait de remettre le pays sur le devant de la scène mondiale. « America First » a été l’expression la plus répétée du discours et elle renvoyait aux isolationnistes qui s’étaient opposés à ce que l’Amérique n’entre en guerre pendant le second conflit mondial. 

Et de ce point de vue là, Trump a tenu promesse. Il n’a pas initié de guerre pendant son mandat. Ni au Moyen-Orient  ni ailleurs. Ce qui lui vaut des compliments qui laissent songeur sur ce que l’on est prêt à pardonner à un dangereux populiste. Mais, sous prétexte qu’il n’y ait pas eu d’invasion ou de guerre sous Trump, on a tendance à minimiser la politique catastrophique qu’il a mené au niveau international.

Si on se limite simplement à la région MENA (Middle East and North Africa), les dégâts sont considérables. Qui peut croire en effet que le soutien de Trump pour la politique de Netanyahou, l’établissement de Jérusalem comme capitale d’Israël et les accords de normalisation entre Israël et certains pays du Golfe et le Maroc, ne va pas durablement déstabiliser et affecter la région ?  Comment peut-on oublier que l’une des premières mesures de Trump a été d’établir par décret, dès le 27 janvier 2017, ce que l’on a appelé le « Muslim ban » ? Trump a d’ailleurs été à deux doigts d’attaquer l’Iran en novembre 2020, prouvant bien si besoin est, que son pseudo pacifisme n’était que conjoncturel. 

Dès janvier 2017, la messe était donc dite, et Trump a en effet été à la hauteur de toutes les craintes que son investiture annonçait. Il laisse aujourd’hui une Amérique plus divisée que jamais, exsangue, atteinte de plein fouet par une pandémie qu’elle avait les ressources de juguler un peu mieux, sans un président au comportement erratique et incapable de comprendre la gravité de la situation, en termes scientifiques et médicaux.  Son manque d’empathie, son indifférence pour les plus démunis, ses privilèges raciaux et de classe lui auront finalement coûté un deuxième mandat.  

Mais jamais le fonctionnement démocratique des institutions n’a été autant remis en question, puisque Trump a réussi à force de vociférer à convaincre ses partisans que les élections de 2020, ne l’ayant pas donné vainqueur, ne pouvaient être que truquées. S’il faut évoquer « un carnage américain », c’est celui que le pays a évité le 6 janvier dernier, lorsque des supporters de Trump et des groupes d’extrême droite, surexcités par une rhétorique guerrière, ont attaqué le Capitole. 

Il faut désormais reconstruire et il n’est pas certain que Biden soit totalement l’homme de la situation. Mais ce vieux roublard de la politique sait bien que le 20 janvier 2021, ce n’est pas tant son investiture que beaucoup fêteront mais bel et bien le départ de celui qui aura mené l’Amérique aux portes du chaos.

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