Journées du théâtre méditerranéen à Oran : “Maaroudh el hwa”, une farce critique sur le monde actuel

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Journées du théâtre méditerranéen à Oran :
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Les premières journées du théâtre méditerranéen ont débuté à Oran au Théâtre régional Abdelkader Alloula (TRO) avec la participation de cinq pays. 
Mourad Senouci, directeur du TRO, a souligné, lors de la cérémonie d’ouverture, mercredi 29 juin au soir, qu’Oran est la seule grande ville du pays n’ayant aucun festival de théâtre. “Nous profitons de la tenue à Oran des Jeux Méditerranéens pour lancer cette nouvelle initiative. Notre souhait est que ces journées ne soient pas liées à des activités conjoncturelles mais qu’elles soient instituées en tant que festival international à Oran. La ville le mérite. Nous comptons sur le public pour nous soutenir”, a-t-il déclaré lors d’une brève allocution sur scène.


Cinq pays participent à ces journées qui se déroulent jusqu’au 4 juillet 2022. Il s’agit de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Égypte, de l’Italie et de la France. “Les troupes égyptiennes, françaises et tunisiennes ont pris en charge les frais du transport pour se déplacer vers Oran. Ce n’était pas le cas par le passé lors de festivals internationaux en Algérie”, a souligné Mourad Senouci.


Appel aux anciens artistes

Il a lancé un appel aux anciens artistes d’Oran de venir contribuer à la formation des jeunes amateurs du théâtre. “Venez nous aider”, a-t-il lancé.
La pièce “Maaroudh el hawa”, écrite et mise en scène par Mohamed Bakhti, a été présentée en ouverture des journées. La pièce a été jouée une première fois en 1991 au TRO et a remporté le grand prix du festival national du théâtre professionnel en 1994, puis le prix de la rencontre du théâtre arabe au Caire en Egypte en 1995.


“Nous avons repris cette pièce en 2018 à la demande du  directeur du TRO. Je n’ai pas introduit de grands changements. C’est la même pièce avec des comédiens qui ont changé. Le texte est le même aussi”, a précisé Mohamed Bakhti.
“Maaroudh el hawa” est une farce critique construite à partir de l’éternel “combat” entre l’idéalisme et le matérialisme. Deux hommes, Fadhel et Moumen,  se rencontrent en plein désert et décident de faire un long chemin ensemble. L’un cherche à gagner de l’argent, l’autre à défendre des causes et la dignité.  


“Mais nous sommes frères !”

En cours de route, ils arrivent à un poste frontalier entre deux pays. Le pafiste demande à une vieille dame et à Fadhel, le passeport. Fadhel réplique : “mais nous sommes frères !”. Une critique des obstacles qui se dressent devant le rapprochement entre pays présents dans le même espace culturel et civilisationnel.


L’inertie arabe face aux défis, aux menaces et aux enjeux stratégiques est également passée au crible à travers une scène ou trois souverains habillés comme dans les contes “avancent” à reculons et croient à ce qu’il font.
Mohamed Bakhti convoque des contes anciens et des symboles de la culture populaire comme “Kais et Leilal”, “les rois fainéants”…pour faire une critique acide de la situation politique et sociale de la région arabe.
“Je suis influencé par notre culture. Il y a des passages qui mettent en valeur notre richesse culturelle et tout ce qui fait ce que nous sommes”, a noté le metteur en scène.


La scénographie de Hamza Djaballah, dominée par la couleur jaune-sable, évoque un espace ouvert qui pourrait être infini pour suggérer la difficulté parfois de trouver “le bon chemin” au milieu du tumult du monde actuel. La musique apaisée de   Rahal Zoubir appuie avec minutie la démarche scénique voulue par le metteur en scène qui pousse le spectateur à tirer lui-même la conclusion.


“Je me suis inspiré du travail Jorge Luis Borgès”

Les sept comédiens, dont Djahid Dine Hanani, Mustapha Meratia, Houria Zoueche et Abdelkader Belkeroui, ont interprété quatorze personnages dans une parfaite harmonie donnant à la pièce une vraie profondeur en dépit des répliques sarcastiques. Des répliques qui ont plu au public.
“Je me suis inspiré du travail Jorge Luis Borgès sur la culture arabe et les contes des Mille et une nuit, de la féérie de cette culture, de l’imaginaire. La farce est le meilleur moyen d’aborder des sujets sérieux sans se prendre au sérieux. C’est ce que j’aime au théâtre”, a souligné Mohamed Bakhti.
Le romancier et poète argentin s’est intéressé à la culture arabe après un voyage au Maroc. Il a notamment écrit deux livres «El Aleph» et «Atlas». Il a également voulu apprendre la langue arabe.

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