Théâtre: Djahid Dine El Hanani dénonce “la déformation” dans la constitution de la personnalité de l’algérien

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Théâtre: Djahid Dine El Hanani dénonce
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La pièce “Dhamir youhaki dhamir” (Une conscience imite une autre) de Djahid Dine El Hannani a été présentée lors du 12ème Festival local du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbes qui se déroule jusqu’au 25 octobre 2022.  


Djahid Dine El Hanani a pris le risque d’engager des comédiens amateurs pour la pièce “Dhamir youhaki dhamir” élaborée selon les règles basiques du théâtre pauvre avec une scène nue. Cette théorie a été développée dans les années 1960 par le dramaturge et metteur en scène polonais Jerzy Grotowski à travers le “Théâtre-Laboratoire”. Grotowski estimait que l’art théâtral s’appuie principalement sur l’acteur et sa présence sur scène. Il a préconisé alors de réduire les dialogues, les lumières et les costumes et de supprimer le maquillage, bref, ne pas utiliser les outils du cinéma et de la télévision.


Djahid Dine El Hanani a choisi les comédiens Mohamed Amine Chenah, Abdelnour Belbachir, Seddik Telha et Mohamed Amine Ghezar pour traduire sur scène le texte, partiellement autobiographique de Nacer Mohamed Hicham. C’est l’histoire, qui peut être actuelle, d’un jeune algérien, diplômé, livré au chômage et au mépris social pour les gens instruits, qui peine à surmonter les quolibets, les égoïsmes, l’ignorance et les blocages à tous les niveaux.


“Savoir qui je suis”

Le jeune homme, un être social “mal formé” à la base, est interpellé par ses consciences antagoniques qui le pourchassent et le martyrisent. Il ne sait plus quel chemin suivre, perdu et sans repères. Il fait l’effort de vouloir réussir mais il est poussé vers l’arrière par une société hostile, figée dans ses convictions.


Le jeune homme et ses consciences jettent des feuilles blanches en des mouvements coléreux pour, sans doute, évoquer le poids écrasant de la bureaucratie et de “la dictature” des gratte-papiers dans les administrations qui “pourrissent” le quotidien des petites gens.
“Il y a une part de moi dans le texte de cette pièce. Je l’ai écrit au moment où je me cherchais, savoir qui je suis, mon identité. J’ai affronté beaucoup de problèmes. Le service militaire, le chômage, le mariage et autres font partie du lot quotidien du jeune algérien. Une jeune qui vit beaucoup de contradictions, le conflit entre le bien et le mal, entre l’amour et la haine, la hogra…A moment donné, j’ai pensé à migrer clandestinement. Mes tourments étaient quotidiens. L’adaptation du texte au théâtre m’a soulagé, j’ai dépassé mon stress”, a confié Nacer Mohamed Hicham, lors du débat après le spectacle, au Théâtre régional de Sidi Bel Abbes.


Le théâtre est le miroir de la société

Nacer Mohamed Hicham est actuellement éducateur principal dans le secteur de la jeunesse et des sports. “A ma manière, j’essaie d’aider les jeunes à dépasser leurs problèmes”, a-t-il dit.
Djahid Dine El Hanani a rappelé que le théâtre reste le miroir de la société, reflète ce qu’il ne va pas. “Une pièce théâtrale doit contenir des éléments d’un spectacle divertissant mais doit aussi exposer ce qui se passe dans la société. La situation de l’humain dans notre société nous intéresse”, a-t-il dit, lors du même débat.


Et d’ajouter : “Ce n’est pas les difficultés sociales qui ont poussé le jeune homme à vouloir partir (dans la pièce). Ces difficultés existent dans tous les pays à des niveaux différents. Le problème est lié à la manière avec laquelle la personnalité de cet algérien a été constituée depuis sa naissance. Comment ses parents l’ont élevé? Comment ont-ils défiguré sa personnalité ?”.


 “Le système scolaire continue cette œuvre de destruction. Le jeune homme n’a pas trouvé ce dont il avait besoin à l’école. Il ne peut même pas exprimer ses sentiments. Il a pu décrocher un diplôme universitaire mais dans son subconscient, il y a une distorsion. Cette déformation va le conduire à prendre des mauvaises décisions dans sa vie”, a encore analysé le metteur en scène qui est également comédien.


“On a pris l’habitude à écraser les comédiens par la scénographie”

Pour lui, la solution est de revoir complètement le système de constitution de la personnalité de l’algérien.
“Pour ce faire, il faut une révision totale de la manière avec laquelle la famille algérienne se forme. En Malaisie, les couples sont soumis à une formation avec le mariage. Ils sont prêts à constituer une société”, a-t-il précisé.


La pièce Dhamir youhaki dhamir” a été présentée à plusieurs reprises avec la décision du metteur de scène de débarrasser la scène de tous les éléments du décor ne laissant que les acteurs face au public pour montrer leurs capacités à se mettre dans la peau de personnages et à convaincre les spectateurs.
“On a pris l’habitude ces dernières années à écraser les comédiens par la scénographie, la musique, l’éclairage et les couleurs alors que le comédien est à la base du théâtre(…) Après plusieurs représentations, nous avons essayé d’améliorer le spectacle selon la réaction du public et selon ce que nous voulions. Une pièce théâtrale n’est jamais achevée. J’ai toujours fait en sorte de retoucher les spectacles que je fais, de revoir la vision jusqu’à ce que je sente une certaine satisfaction, un certain mûrissement du travail artistique. Le comédien peut revoir son interprétation jusqu’à qu’il sente qu’il campe son personnage comme il le faut”, a-t-il dit.


“Je travaille avec les comédiens comme des particules”

Il a salué les efforts fournis par les comédiens amateurs pour mieux apprendre les règles de l’interprétation, de la présence sur scène et de l’utilisation de la voix. “Je suis physicien de formation. Je travaille avec les comédiens comme des particules. Le personnage principal est le noyau de l’atome et les trois autres sont des électrons.

Plus l’électron a de l’énergie, plus il sort de sa trajectoire pour aller vers une autre. Dès qu’il perd de l’énergie, il revient à sa trajectoire initiale pour se stabiliser. Sur scène, les personnages avaient un déplacement tracé et précis. Il y avait un cercle d’énergie”, a-t-il détaillé en parlant du mouvement des comédiens sur les planches.

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