Cinéma: “Sous le ciel d’Alice”, l’amour à l’épreuve de la guerre

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Cinéma: "Sous le ciel d'Alice", l'amour à l'épreuve de la guerre
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Les 6eme Journées du film européen ont débuté à la cinémathèque d’Alger avec la projection du film de la franco-libanaise Chloé Mazlo, “Sous le ciel d’Alice”.


Public nombreux, jeudi 4 novembre au soir, à la salle de la cinémathèque d’Alger pour la séance d’ouverture des 6ème Journées du film européen. Une manifestation organisée par la Délégation de l’Union européenne à Alger et qui se poursuivra jusqu’au 11 novembre 2021.


“Le 7ème art nous aide à rester ouvert envers l’autre et à mieux se comprendre. Ma femme et moi, avons longtemps habité à Berlin où nous étions des fidèles de la Berlinale, le grand festival annuel de cinéma. Comme à Berlin, nous sommes ici pour découvrir”, a déclaré l’allemand Thomas Eckert, chef de la Délégation européenne à Alger, nouvellement nommé.
Quatorze films de récente production sont au programme. “Sous le ciel d’Alice”, premier long métrage de la franco-libanaise Chloé Mazlo, a donné le coup d’envoi des Journées.


Alice au pays du cèdre


Formée à l’Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg et connue pour ses courts métrages tels que “Les petits cailloux” (2014) et “Asmahan” (2019), Chloé Mazlo réalise, en 2020, “Sous le ciel d’Alice”, en s’inspirant de sa propre histoire familiale, aidée par le scénariste Yacine Badday (co-auteur notamment du documentaire “Le cinéma de Boris Vian” d’Alexandre Hilaire).

Sous le ciel d’Alice, un film de Chloé Mazlo – Avec Alba Rohrwacher (Alice), Wajdi Mouawad (Joseph), Isabelle Zigondhy (Mona), Odette Makhlouf (Amal), Hany Tamba (Georges), Maria Tannoury (Mimi), Jade Breidi (Rima), Ziad Jallad (Selim), Cherbel Kamel (Wald) et Cécile Moubarak (Raymonde) – Hélène Louvart DOP


Alice (Alba Rohrwacher) s’ennuie dans sa Suisse natale, dans les années 1950, envoie du courrier pour trouver un emploi en tant que nurse dans une famille d’accueil. Une lettre arrive de Beyrouth. Elle saute de joie. L’histoire est racontée par Chloé Mazlo par la technique de l’animation dont elle est une grande adepte.


Arrivée à Beyrouth, Alice est accueillie par une femme habillée d’une robe en forme de cèdre, symbolisant le Liban. Là, la réalisatrice verse dans la fantaisie pour donner davantage de couleur à une histoire qui promet d’être belle. Qui promet seulement.


Le café blanc


Alice se promène dans les rues de Beyrouth, ville tranquille et croquant la vie à belles dents, avant de rencontrer Joseph (Wajdi Mouawad) au Café “Kahwa Beida” (café blanc). Le café blanc est une boisson libanaise préparée à base de fleur d’oranger et de miel.


Et c’est habillée en blanc qu’Alice, candide et romantique, discute pour la première fois avec Joseph qui veut lui apprendre la langue arabe. Il lui écrit un poème gorgé d’amour.


Joseph, un astrophysicien, est convaincu de la possibilité de “conquérir” l’espace, veut envoyer des libanais dans une fusée. Alice, qui partage ce rêve-folie, regarde le ciel étoilé avec Joseph, les yeux songeurs.


Comme dans un conté de fées, Alice et Joseph se marient, habitent à El Achrafieh, quartie chrétien maronite de Beytouth. Ils sont entourés des membres de la famille. “Attention, on nous a signalé la présence d’une suisse dans le quartier”, crie Georges, frère de Joseph.


Racines coupées


Alice coupe “les racines” avec la Suisse, la scène est montrée dans une forme théâtralisée qui s’approche de l’absurde du premier dégrès.


Alice tombe amoureuse du Liban mais sans apprendre la langue arabe et sans s’intéresser à la cuisine orientale. A table, on mange du spaghetti !


Dans les années 1970, Alice, qui curieusement ne prend aucune ride, assiste au basculement dans l’horreur du Liban. La guerre civile débute en avril 1975 et ne s’achève qu’en 1990.


Toute la famille est troublée par cette guerre montrée sous une forme caricaturale dans le film à travers deux groupes d’hommes portant des masques d’animaux qui s’affrontent continuellement. Chloé Mazlo ne veut pas prendre de position, c’est évident, mais les effets collatéraux de la guerre ne sont montrés que d’un seul point de vue, celui des chrétiens de Beyrouth.


Un Liban fragile


La femme-cèdre, couleur vert-forêt, “voyage” à travers le long métrage pour raconter les tourments, tente de se mêler pour séparer les billégérants. L’expression choisie par la cinéaste parait naïve, voire simpliste, mais qui ne manque pas d’intérêt. C’est après tout une métaphore qui évoque aussi la fragilité du Liban.


L’entrée des forces militaires syriennes, à la faveur de la création par la Ligue arabe de la Force arabe de dissuasion, en 1976, est exposée d’une manière burlesque dans le film. Là, Chloé Mazlo  prend bien position en ridiculisant les militaires syriens à plusieurs reprises. Le nom de la Syrie n’est à aucune moment cité dans le long métrage.


Dans la narration, la réalisatrice s’est appuyée sur les nouvelles données à la radio,  ne semble pas avoir trouvé une autre forme pour dérouler le fil de l’actualité. Il est vrai que “le souci” du long métrage n’est pas de “raconter” l’histoire contemporaine du Liban, mais le récit en est fortement lié.


“Retenue teintée d’humour”


“Je ne voulais pas nier les drames, la gravité, la violence mais il m’importait de les évoquer avec cette pudeur, cette retenue teintée d’humour que m’avaient communiquée les membres de ma famille”, a confié la cinéaste dans une interview.
La famille d’Alice, qui a vécu le bonheur, se disloque. Qu’en est-il de l’amour ?


L’amour en temps de guerre a toujours inspiré les cinéastes. Une thématique intemporelle que Chloé Mazlo a repris en évitant soigneusement les poncifs liés à ce genre d’histoire. Elle s’est intéressée aux détails pour situer les époques et évoquer les drames, le téléphone bleu de l’appartement d’Alice en est l’exemple.


La musique et la stop-motion sont convoqués par la cinéaste, qui est également artiste plasticienne, pour densifier parfois la narration ou pour la compléter. A ce niveau là, il y a un peu d’originalité, mais juste un peu.


 “Sous le ciel d’Alice” est également un film sonore dans la mesure ou les explosions suffisent pour évoquer la guerre et les dissonances pour exprimer les désillusions.


Parfois, il y a comme un désir d’accélérer le récit pour aboutir rapidement à une conclusion mais Chloé Mazlo a su relativement trouver la juste mesure dans l’évocation d’une petite histoire dans la grande Histoire. Deux histoires qui continuent sous d’autres formes

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