Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères, est revenu sur l’annonce de l’absence du roi Mohammed VI du Maroc au sommet arabe d’Alger, prévu le 1 et le 2 novembre 2022.
“Nous avons fourni un effort pour assurer la participation de tous les dirigeants arabes. Le peuple algérien souhaite la bienvenue à tous nos leaders. A propos du Royaume du Maroc, vous aurez remarqué qu’un envoyé spécial du président de la République s’est rendu à Rabat pour remettre une invitation officielle.
Le Royaume du Maroc a participé aux préparatifs du sommet avec son ambassadeur et son ministre des Affaires étrangères. Par rapport à ce qui a été annoncé, nous avons cru que sa majesté le Roi Mohamed VI allait participer personnellement au sommet. Nous avons été informés ce matin (lundi 31 octobre) que ce n’était pas le cas”, a-t-il déclaré, lundi 31 octobre, lors d’une interview accordée le soir à la chaîne saoudienne Al Haddath.
Et d’ajouter :”Je crois qu’il appartient aux historiens de juger dans le futur s’il y avait une occasion qui a été ratée pour le Maghreb arabe et pour l’action arabe commune. Et si la réponse est “oui”, qui portera la responsabilité du ratage de cette occasion ? Cela dit, nous respectons les décisions de nos frères par rapport à l’utilisation de leurs droits en tant que membres de la Ligue arabe. Bienvenus à tous, à ceux qui viennent personnellement, à ceux qui délèguent d’autres responsables pour les représenter. Chacun aura droit à prendre la parole durant le sommet et à exprimer les positions de son pays”.
A la question de savoir si le sommet d’Alger allait contribuer à relancer les relations inter maghrébines, le chef de la diplomatie algérienne a eu cette réponse : “Si l’on compare au sommet d’Alger de 1988, cela a bel et bien eu lieu (signature le 10 juin 1988 de la Déclaration de Zéralda en Algérie instituant l’Union du Maghreb Arabe, UMA avec la présence des cinq chefs d’Etat de la région). Il y avait une occasion pour consolider l’action arabe commune, pour relancer la construction maghrébine et pour purifier l’atmosphère d’une manière ou d’une autre. On n’a donc pas profité de cette occasion si elle a existé, mais il y avait des possibilités”.
“Nous ne sommes pas dans une conférence sur la géographie !”
“Le président de la République Abdelmadjid Tebboune accueille tous les chefs d’Etat à leur arrivée à l’aéroport d’Alger, et discute avec eux. Cette discussion était prévue avec sa majesté le roi du Maroc Mohamed VI à l’aéroport d’Alger. Cela aurait permis de discuter de ce qu’il allait être décidé lors de la présence du roi du Maroc en Algérie. Cela n’a pas eu lieu. Je dis tout cela pour faire des clarifications, pas pour autre chose”, a appuyé Ramtane Lamamra.
La journaliste a évoqué “la protestation” du Maroc après la diffusion par la chaîne AL24 News d’une carte du monde arabe “non approuvée par la Ligue arabe”. La carte utilisée pour illustrer un sujet portait des frontières entre pays arabes. La chaîne algérienne s’est excusée et a évoqué “une erreur technique”.
“L’organisation panarabe n’adopte pas de carte officielle sur laquelle figurent les frontières politiques des pays arabes, y compris celles du Maroc. Elle adopte une carte du monde arabe sans montrer les frontières entre les pays afin de renforcer le concept d’unité arabe”, a précisé la Ligue arabe dans un communiqué, diffusé au Caire.
“Franchement, je ne savais pas qu’il y avait une crise de carte. Nous ne sommes pas dans une conférence sur la géographie ! C’est une réunion des pays membres de la Ligue arabe. J’ai entendu parler de cela à travers un communiqué de la Ligue arabe. La tradition au sein de cette ligue est de ne cautionner aucune frontière. Dans les espaces que gèrent l’Etat algérien, il n’y a aucune carte accrochée. C’est un non sujet pour moi”, a précisé Lamamra.
“Je ne pratique pas la diplomatie du haut-parleur”
Il est revenu sur les critiques marocaines sur les procédures protocolaires lors de l’arrivée de Nacer Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, en Algérie. “Je ne pratique pas la diplomatie du haut-parleur. La Ligue arabe peut l’expliquer, l’Algérie, le pays qui accueille le sommet, a décidé de traiter tous les invités de la même manière. Le responsable algérien qui a accueilli à l’aéroport le ministre des Affaires étrangères du Royaume du Maroc est le même qui a accueilli tous les autres ministres des Affaires étrangères arabes à leur arrivée. Là aussi, c’est un non sujet”, a-t-il précisé.
Selon les médias marocains, la délégation marocaine se serait plainte de ne pas avoir été reçue par les autorités algériennes “de la même manière que les autres délégations arabes”, samedi 29 octobre 2022, à l’aéroport. Une source diplomatique algérienne, citée par l’agence APS, a déploré, dimanche 30 octobre, les déclarations relayées par des médias marocains, attribuées à une source marocaine de haut niveau sur de prétendues «violations diplomatiques» lors de l’accueil de la délégation marocaine”. Elle a qualifié ces déclarations “d’allégations éhontées et fallacieuses, n’existant que dans l’imaginaire de leur auteur”.
