« Roza Hnini », une critique au vitriol de la fausseté et du paraître

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Ahmed Khoudi revisite une oeuvre de l’auteur britannique John Boynton Priestley « An Inspector Calls » (Un inspecteur vous demande) dans sa nouvelle pièce « Roza Hnini », une nouvelle production du Théâtre régional de Tizi Ouzou.
La pièce a été présentée lors des premières Journées du théâtre méditerranéen, organisé par le Théâtre régional Abdelkader Alloula d’Oran (TRO), du 29 au 5 juillet 2022, à l’occasion des 19ème Jeux Méditerranéens.


« Un inspecteur vous demande » a été écrite par le dramaturge et scénariste John Boynton Priestley  en plein deuxième guerre mondiale est une critique acide de la société aristocratique et de ses moeurs à travers l’histoire des Birling, une famille riche qui tente de cacher un scandale. L’histoire se passe en 1912, deux ans avant la Grande guerre qui va dévaster l’Europe.


Ahmed Khoudi a presque tout gardé de la pièce initiale. La famille Boulagab est réunie autour d’une table ronde pour un dîner sur fond de musique classique, signe d’opulence. Le père de famille accueille le fiancé de sa fille Bouchra (Samia Bouassila). Il entend conclure une affaire puisque le fiancé est fils d’une autre riche famille.


A la manière des enquêtes d’Agatha Christie

L’ambiance bon enfant est rompue par l’arrivée nocturne d’un inspecteur de police (Yazid Sahraoui) qui annonce la mort d’une employée de l’usine des Boulagab.
L’employée, Roza Hnini, a été chassée de l’usine par le patron parce qu’elle avait voulu défendre les droits sociaux des travailleurs. Roza a été également éconduite d’un magasin, poussée à la porte par la fille du propriétaire qui se trouve être Bouchra Boulagab.
Les malheurs de Roza ne se sont pas arrêtés puisqu’elle est tombée entre les griffes du fils ainé des Boulagab, lequel a abusé d’elle. Elle a vainement demandé secours auprès de Halima Boulagab, la mère (Leila Benatia). Une mère à la conscience tourmentée, plus préoccupée par « la protection » de sa famille.


L’inspecteur soupçonne le suicide maquillé et tente de comprendre le rôle de chaque membre de la famille dans la mort de Roza, à la manière des enquêtes d’Agatha Christie.


Un personnage énigmatique

Roza Hnini est un personnage fictif fort présent sur scène. C’est ce qui fait la force de la pièce d’Ahmed Khoudi. Autant que les dialogues et les tirades plutôt bien étudiés.
Pour donner du piquant au spectacle et rompre la monotonie, le metteur en scène a donné une couleur burlesque au personnage de l’inspecteur (inspecteur Goole dans la pièce initiale), plutôt bien campé par Yazid Sahraoui. Le public du TRO a beaucoup applaudi ce comédien à la fin du spectacle.


La pièce est une critique bien dosée des mœurs des grandes familles et de leurs attitudes méprisantes à l’égard des démunis, du mensonge social, du paraître trompeur et de la fausseté.
« Je connais ce texte depuis longtemps, du temps où j’étais étudiant. Après ma retraite, j’ai eu un peu de temps pour monter la pièce. Le personnage de l’inspecteur est énigmatique. On doute de son existence. On ne sait même pas s’il a réellement rendu visite à la famille des Boulagab. On peut tout supposer. Les membres de la famille cultivent tous la culpabilité par rapport à la mort de la jeune fille, même s’il n’y a pas de vrai délit », a souligné Ahmed Khoudi, après le spectacle.


Le metteur en scène a adapté le texte de John Boynton Priestley au contexte algérien en montant deux versions, en arabe dialectal et en tamazight. La pièce « An Inspector Calls » a été adaptée plusieurs fois au grand écran. La première adaptation fut en 1954 par le cinéaste britannique Guy Hamilton, célèbre réalisateur de quatre James Bond, entre 1964 et 1974: « Goldfinger », « Les diamants sont éternels », « Vivre et laisser mourir », « L’homme au pistolet d’or ».

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