Réseau Internet: des perturbations … et des interrogations

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Réseau Internet: des perturbations ... et des interrogations
Réseau Internet: des perturbations ... et des interrogations
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Les perturbations du réseau Internet se poursuivent pour un quatrième jour consécutif, malgré “toutes les mesures prises par Algérie Télécom pour garantir le service à ses clients”. L’opérateur historique, qui a fini, trois jours plus tard, par réagir aux plaintes des internautes à travers un communiqué, a affirmé que les fluctuations enregistrées sont “dues à des perturbation touchant le réseau international”, sans donner plus de détails. Une explication qui ne convainc pas mais qui, au contraire, suscite plusieurs autres interrogations.

Depuis le soir du mercredi 19 août 2020, des internautes algériens se plaignent de plusieurs perturbations du réseaux ADSL et données mobiles: baisse du débit, latence du réseau ou encore certains sites inaccessibles suite à un échec de connexion aux serveurs DNS (nom de domaine). Certains soucis se manifestent toujours, à l’heure où nous rédigeons ces lignes.

Les perturbations sont survenues au lendemain de l’entrée de vigueur des nouvelles offres de l’opérateur historique. Plusieurs internautes soupçonnaient qu’un basculement massif vers les nouvelles offres soit à l’origine de la baisse de débit enregistrés.

“La bande passante n’était pas saturée et aucun souci n’a été signalé. Cela n’a rien à avoir avec le basculement des abonnements des internautes vers les nouvelles offres”, fait savoir une source à 24H Algérie.

Selon NetBlocks, une organisation non gouvernementale qui surveille la cybersécurité et la gouvernance d’Internet, la connectivité de l’Algérie a baissé jusqu’à 60% de ses capacités mercredi soir.

Dans son communiqué, publié vendredi, l’opérateur ne fournit aucun détail sur la nature de ces perturbations. Algérie Télécom affirme que les perturbations ont touché le réseau international. Hors, l’Algérie semble être le seul pays à connaitre ces fluctuations.

Selon TSA (Tout sur l’Algérie), des travaux sur le câble SMW4, relié à l’Algérie par Annaba, menés par un l’opérateur gestionnaire sans avoir informé le fournisseur d’accès à Internet algérien est à l’origine de ces perturbations.

Une opération de monitoring de NetBlocks démontre toutefois que depuis mercredi 18 août à vendredi soir, l’Algérie est le seul pays de la région à souffrir de ce perturbations. Dans un tableau publié sur Twitter, cette ONG signale que la connectivité de l’Algérie, après avoir baissé à 60% mercredi soir, n’est opérationnelle qu’à 69%-70%. Le tableau liste des pays liés au câble SMW4 et des pays limitrophes à l’Algérie.

Les baisses enregistrés par les autres pays n’ont rien à voir avec une panne internationale. “Le Niger et la Libye ont enregistré des baisses mercredi, des heures avant l’Algérie. Et leur connectivité est rétablie. Il n’est pas possible, ainsi, de parler de panne internationale. Les deux pays ne sont pas non plus liés au câble SMW4”, fait remarquer NetBlocks à 24H Algérie.

Les autres pays reliés au câble, à l’instar du Pakistan, l’Egypte, l’Inde, Sri Lanka ou encore le Bengladesh n’ont pas enregistré de perturbations en raison d’éventuelles maintenances du SMW4, poursuit l’ONG.

Seule la Tunisie a enregistré une baisse de sa connectivité jusqu’à 70% durant ces 3 derniers jours. Mais, selon NetBlocks, “ce n’est aucunement du à une panne ou des perturbations mais à une inactivité nocturne”.

Par ailleurs, aucune perturbation n’a été signalée, par des internautes ou des médias, dans les pays limitrophes à l’Algérie. Idem de la part de Tata Communication, opérateur indien ayant développé le SMW4 et administrateur, habituée à communiquer les travaux de maintenance effectués.

La seule panne internationale annoncée ces deux derniers jours est celle de Google. Plusieurs services en lignes dont Gmail et Drive, étaient inaccessibles. Mais le géant du net n’a pas signalé une panne de ses serveurs DNS, qui expliquerait, éventuellement, les erreurs de connexion aux serveurs DNS rencontrés par des internautes algériens en se connectant à certains sites.

Problème de Transit IP ? De cache ?

Selon l’avis d’un spécialiste à 24H Algérie, cette baisse de débit peut aussi s’expliquer par un problème de configuration de transit IP. Il s’agit d’une opération, par laquelle, un opérateur est client d’un autre opérateur, appelé transitaire. En échange d’une rémunération, le transitaire annonce les routes du réseau Internet à son client.

Algérie Télécom, selon le site de Hurricane Electric, effectue un transit IP avec 6 opérateurs: Telecom Italia Sparkle, les Hongkongais de PCCW Global, les Espagnols Telefonica International, les Français Orange, les Américains Cogent Communications et les Belges Belgacom International Carrier Services.

Selon le site BGP Stream de Cisco, aucun de ces opérateurs n’a enregistré une panne ces 4 derniers jours de son Border Gateway Protocol (BGP), un protocole de routage complexe entre deux ou plusieurs fournisseurs d’accès à Internet, considéré comme “le coeur du fonctionnement du réseau”.

Tata Teleservices, filiale de Tata communication, administrateur du SMW4, a bien enregistré des pannes mais celles-ci sont déjà été résolues.

Est-ce que la baisse du débit est causée par une opération de “deep packet inspection” ? L’inspection profonde des paquets est un type de traitement de données, effectué par un fournisseur d’accès à Internet, qui inspecte en détail les données envoyées sur un réseau informatique. Cette opération peut être utilisée pour des raisons anodines telles que s’assurer que les données sont dans le bon format ou le contrôle de code malveillant, mais peut être utilisée à des buts de censure, par exemple.

NetBlocks affirme que “leur investigations n’ont pas démontré de signes clairs de ciblage contre des sites ou des services en particuliers. Les résultats des analyses initiales penchent plutôt vers une dégradation des services”.

Le même spécialiste estime aussi que cette baisse de débit peut être causée par un problème de cache. “Si un CDN est à l’arrêt, la marge de bande passante gagnée grâce à ce cache est perdue, ce qui affecte la capacité de transit, ralentie”.

Un CDN est un réseau de distribution de contenus. Il s’agit de serveurs ont pour mission principale de rapprocher et diffuser rapidement le contenu de sites Internet ou d’applications web à des utilisateurs, notamment les fichiers statiques de ces services.  “Vider le cache provoque alors une surcharge sur les routeurs et une lenteur à la fin pour l’utilisateur final. Il faut plusieurs jours pour que le cache se stabilise à nouveau”, fait remarquer un professionnel du domaine.

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