Renouer avec la création par l’éthique (Blog)

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Installation of “Louise Bourgeois: Spiral” at Cheim & Read. PHOTO: COURTESY OF CHEIM & READ. © THE EASTON FOUNDATION/VAGA AT ARS, NY
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Dans une note Albert Camus dit à propos des créateurs : qu’ils « Gardent l’espoir de retrouver les secrets d’un art universel qui, à force d’humilité et de maîtrise, ressusciteraient enfin les personnages dans leur chair et dans leur durée. » Dans le paysage artistique algérien d’aujourd’hui, la production tend vers une « dominante » du militantisme (politico-historique). En effet, pouvons-nous appliquer cette pratique aux structures de la société Algérienne ?

Dans un premier temps, Il nous faut dissocier un art militant porteur d’idées politiques ou d’une problématique socio-culturelle de l’art conceptuel dit de l’installation. En premier lieu l’installation est l’art qui se passe souvent de fabrication de l’objet (création d’une forme). Comme prête à confusion certains de ses protagonistes, l’installation est un art qui s’inscrit dans la valorisation du concept avant, La création, de la forme (fabrication).

Dans un second temps, plusieurs des usagers ou des pratiquants, se passent de l’exécution. Donc de le « forme plastique ». Cette pratique aux allures de spectacle (continue, in-situ, ou projeté par un film…) fait fonctionner les rouages d’une grande partie du marché de l’art.

Finalement l’installation (d’art) est propice à la spéculation, toujours, sa thématique doit interpeller, choquer et réveiller les curiosités. Autant le spectateur, que les acteurs du marché (conservateurs, commissaires, galeristes, collectionneurs). Comment appréhender cette pratique dans un environnement ou le marché de l’art est absent voire inexistant ?

Du fait de l’histoire de la « nation » algérienne, et de la construction de sa trame socio-culturelle moderne, l’implantation de l’art de l’installation comme dominante, ne peut pas s’emboiter à cette dernière. L’installation ne peut pas immédiatement s’imbriquer dans le paysage de l’art en Algérie. La trame sociale doit d’abord faire l’objet d’une révision, pour favoriser la réception, ainsi qu’une meilleure lecture de cette pratique contemporaine.

Un travail doit être engagé sur le plan de la sociologie de l’art, sur la philosophie de l’art qui exige, de véritables enquêtes sur la société, en question (historique, sociologique, anthropologique…). Cet ensemble de disciplines permettent « l’accès » à la lecture d’un art comme celui que propose l’installation contemporaine. Ce sont donc, elles, qui constituent une trame sur laquelle vient se poser un ensemble de créateurs, pour pouvoir atteindre une légitimité d’existence dans la société.

D’une façon plus générale l’homme pour les sciences sociales, ce n’est pas uniquement le vivant qui a une forme bien particulière (une physiologie assez spéciale et une autonomie à peu près unique) ; c’est ce vivant qui de l’intérieur de la vie à laquelle il appartient et par laquelle il est traversé en tout son être, constitue des représentations grâce auxquelles il vit, et à partir desquelles il détient cette étrange capacité de pouvoir se représenter la vie. « Les mots et les choses.

Cet aboutissement requière un engagement dans la durée du processus créatif, d’abord par l’absorption de son environnement, et des transformations que traverse le champ global. Digéré l’ensemble, en un langage universel. » M. Foucault.

En effet, l’hégémonie du concept pondu entre « deux verres et quelques mondanités » est plus susceptible de diffuser des idées confuses dans la société, qui peuvent engendrer une mauvaise compréhension, ainsi que des amalgames des concepts sociologiques. Plus que n’importe où ailleurs dans le monde. L’art conceptuel dans l’ère contemporaine en Algérie; tout comme à l’émergence de l’abstraction pendant la période du « Modernisme » à partir des années 1910.

Entre deux guerres et une complexité politique induite par l’insurrection des artistes contre l’académisme. Des confusions sur la portée de cet art, se sont tissées autour. Le concept ou l’art conceptuel qui aujourd’hui se présente, principalement, sous forme d’installation. N’est pas exclusivement un art militant ou engagé. Il peut en revanche tout à fait prétendre être porteur d’une moralité ou d’une problématique à caractère militant. Sauf que lui assigné cette caractéristique comme fonction principale, ou unique, ne serait pas judicieux. Car L’art, au même titre que la science, doit explorer le monde, tacher de le guérir. L’art abstrait avait certains égards a commis les mêmes impaires, et à quelques exceptions il s’est heurter à l’incompréhension de plusieurs mouvements socio-politique.

L’art Abstrait touche les classes dirigeantes car il fait de la réalité un mythe, il est inoffensif il ne dérange pas. (…) C’EST CE QUE NOUS REFUSONS. NOUS REFUSONS LES ABSTRACTION VIDES DE SENS, la ainsi que la philosophie de « faire de l’art pour faire de l’art » du monde de l’art privilégié des hommes blancs de classe moyenne. » Ann Berg et Monica Sio ; 1973 dans, IMAGES ON WOMANPOWER « ART MANIFESTO », tolards a révolutionner féministe art. Cette révolte du mouvement féministe des années 60, 70 jusqu’à 1980 a mal reçu le message révolutionnaire de l’abstraction mais aussi de son côté l’art abstrait avait été maladroit à certains égards et il a aussi été diffusé de manière confuse ; c’est ce que risque aujourd’hui, l’art de l’installation dans la société algérienne et si on veut l’imposer comme pratique hégémonique.

La question Camusienne revient, ici, sous la forme suivante : Qu’en est-il de l’éthique dans le processus de création ? Qui qu’autre que Wassily Kandinsky, pour comprendre les nuances de la fabrication dans l’art et l’importance de celle-ci.

Après de nombreuses tentatives de travail sur la peinture, et après avoir vue la meule de foin peinte par Claude Monet, il entreprit un processus de recherche jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’il est atteint de synesthésie, c’est à dire une déformation des sens ; il voit la musique comme des formes colorées [géométrie] et il entend les couleurs comme notes.

Il décide donc d’exploiter cette déformation dans sa création et arrive à faire naître un langage en explorant son (individualité), d’en faire son fil d’Ariane, et sa légitimité de créateur de formes. Dans son art et vers le monde extérieur, il interrogea l’ensemble du monde qu’il partage avec sa communauté, c’est à dire les transformations que subissait l’art de son époque! L’art conceptuel ou l’art de l’installation. Quelle représentation du monde ? Le monde de l’art à l’échelle mondiale, a préalablement conçu des trames solides pour la réception dans ses messages que véhiculent (l’installation et le conceptuel), de cette dominante qui prône l’idée à la forme.

Cette « tendance » de l’art en Algérie peut-elle s’emboiter avec la trame socioculturelle et son environnement ? Qu’en est-il d’une scène de l’art en Algérie, dans laquelle l’art conceptuel ou de l’installation, apparaitrai, comme hégémonique ? Dans le contexte Algérien, la scène de l’art contemporain est plus propice, aujourd’hui, à ce penchant. C’est-à-dire de basculer vers l’idée. Car encore naissante et encore balbutiante. Elle se voit fascinée et penche vers l’attractivité du conceptuel de l’installation d’art, non pas comme variante mais plus comme « dominante ».

Cependant ce qui m’intéresse d’interroger, dans mon élan réflexif, ce sont les structures sociales et culturelles de l’Algérie pour accueillir un art purement conceptuel et de l’installation ! En effet l’installation c’est la possibilité de faire dominer l’idée (le concept) sur les formes plastiques pures. Mais, comment introduire « l’art conceptuel et de l’installation » par les bonnes bases !

La création contemporaine ne s’y est pas encore affirmée, la balance tente de pencher dangereusement vers une seule et unique direction, celle de l’émergence d’une « école algérienne de l’art » qui sera normée. Or, l’art fuit les obligations, entre mémoire et histoire dans laquelle ne s’inscrivent que des acteurs d’une mouvance unique! Les porteurs d’une production, plastique, qui se veut destinée à une catégorie de personnes initiés permet-il l’émergence d’une autre tendance possible ou du moins, son épanouissement, tant la première inhibera la seconde sauf pour de très rares exceptions ! Pour faire apparaître les racines d’une pratique du « sensible », ainsi que la genèse de sa pensée, les chutes du créateur qu’ils l’ont vue naître, et à force d’humilité et de persistance surgit une vérité qui sert l’ensemble de la société. Ce que doit porter tout œuvre est une capacité à interroger et interpeller la condition humaine, son rôle est d’informer sur la conjoncture sociale d’un point de vue subjectif qui émane de la personnalité du plasticien, devenir le liant qui consolide les trames du tissage sociale. Par la fabrication des formes et non pas par la pose d’un concept autour d’un objet désigné.

Meriem DERRIDJ; Meriem.derridj@gmail.com

Age: 29ans

Après 4  années à l’école des Beaux-Arts, j’ai intégré une prépa d’arts appliqués à l’Académie de La Grande Chaumière à Paris aujourd’hui l’école Charpentier. Puis j’ai versée dans la recherche théorique et me suis inscrite à l’école des arts Paris1 Panthéon Sorbonne où j’ai fait une licence 3 et deux années de master 1 et 2.

  Après cela j’ai obtenu mon diplôme de master 2 recherches en (Arts plastiques et Création contemporaine) spécificité Ethnologie. Je suis actuellement inscrite pour une thèse de doctorat  (en histoire de l’art et ethnologie).

En parallèle je suis passionnée par l’histoire de l’art depuis toujours, par la lecture et la recherche sur les mouvements et les écoles artistiques du XIX et XXe siècles et l’avènement du Modernisme, dont lequel  figure -l’abstraction, le cubisme, et le décloisonnement entre l’art et l’artisanat proposé en premier lieu par l’école du Bauhaus –  Ce qui a permis l’enclenchement d’une nouvelle histoire l’art grâce à l’insurrection des artistes contre l’académisme.

Ayant consacré mon sujet d’étude de master 1 à l’œuvre de Louise Bourgeois et mon Master2 à l’œuvre  cinématographique algérienne d’Assia DJEBAR et aux représentations des femmes du point de vue de l’ethnologie et de l’art contemporain, je poursuis mon cursus universitaire dans ce domaine, à travers un projet de recherche de doctorat qui s’appuie sur ma formation académique pluridisciplinaire en sciences humaines et sociales ainsi que ma connaissance du monde de l’art et du terrain en Algérie où j’ai effectué des enquêtes sur le sujet.

Mes précédentes enquêtes de terrain m’ont permis de garder un lien solide avec les différents protagonistes que j’ai interviewés pour la réalisation d’un documentaire sur la condition des femmes créatrices algériennes (artisanes, plasticiennes, architectes…). Malgré la crise sanitaire, j’ai renforcé ces liens en ayant recours aux moyens techniques avancés de communication.

Ma recherche actuelle s’inscrit dans les axes de l’art berbère , aussi bien sous l’angle de la patrimonialisation que celle de la création contemporaine et les influences de cette expression esthétique traditionnelle sur les mouvements de  «l’art abstrait et l’art de la fibre»  au XXe siècle. Par ailleurs mon approche s’inscrit dans le traitement de problématiques:

–          « Du renouvellement des genres, des acteurs et des lieux littéraires et  artistiques»

–          « Le Musée au Maghreb et Diaspora : arts visuels, culture matérielle et immatérielle ».

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