Le réchauffement climatique, ses catastrophes et l’avenir des exportations algériennes d’hydrocarbures

0
Une vague de chaleur affectera jusqu'à lundi plusieurs wilayas du pays
Google Actualites 24H Algerie

L’écrit journalistique, chronique comprise, est souvent acte de répétition. Pardon aux lectrices et aux lecteurs qui vont se dire, mais il se répète ! Malheureusement, les circonstances imposent de reprendre à l’envi les choses car le sujet est important. La répétition ne vaut donc pas que pour le couscous et, de toutes les façons, « bis repetita placent ». De quoi s’agit-il ? Du climat, pardi. De l’urgence climatique, de tous ces défis que pose le réchauffement de la planète avec un effet de serre que seuls Donald Trump et quelques illuminés nient encore.

Il y a deux mois, alors que le pays était en proie à de terribles incendies, j’ai publié une chronique (1) pour rappeler une vérité simple : on ne peut empêcher les catastrophes naturelles mais on a l’obligation de s’y préparer et de réfléchir à comment en atténuer les effets. Il y a toujours eu des incendies ou des inondations, c’est un fait.

De même, il est une loi implicite qui dit que là, où il y a eu inondation, il y en aura encore quels que soient les travaux entrepris par l’homme pour se protéger. Mais le vrai problème, c’est qu’il va y en avoir de plus en plus. Tous les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) l’affirment : la fréquence des épisodes extrêmes, notamment les pluies diluviennes, s’amplifie.

Cela signifie que l’habituel intervalle qui sépare deux catastrophes, intervalle dont la longueur fait que l’être humain a tendance à oublier et à relâcher sa vigilance, va augmenter. Il y a vingt ans, en novembre 2021, Alger et, plus particulièrement Bab-El-Oued, connaissait de terribles inondations.

Deux décennies c’est beaucoup pour une mémoire d’homme. Cela pousse à relativiser, à mettre le funeste événement uniquement sur le dos de la mauvaise gestion. Question : que ferons-nous si de tels drames se répètent d’année en année ? Que l’on me pardonne de citer toujours le même exemple mais gardons en tête que nombre de villes côtières scandinaves investissent actuellement pour augmenter les capacités d’écoulement et d’évacuation des eaux de pluie.

Autrement dit, il ne s’agit pas simplement de s’inquiéter de savoir si, quelque part, tel ou tel service communal ou de la wilaya n’a pas fait son travail. Alors que débute bientôt à Glasgow la Conférence sur les changements climatiques (COP26) sous l’égide des Nations unies, il est nécessaire de bien comprendre que cette question est vitale pour l’avenir proche. Qu’il ne s’agit pas uniquement de com’ et que tout finira par s’arranger.

Bien sûr, les questions de géopolitique sont fondamentales mais le réchauffement climatique et ses conséquences sont une problématique multidimensionnelle. On y trouve de la géopolitique avec la question des migrants, des gens qui vont quitter leurs terres car de plus en plus hostiles.

Incendies à répétition, montée des eaux de la Méditerranée, érosion des côtes, pluies et vents extrêmes sont aussi à anticiper ce qui obliger à repenser aussi les plans d’urgences en matière de sécurité civile.

Le réchauffement climatique concerne l’Algérie aussi

Mais il n’y a pas que cela. Le réchauffement climatique interpelle un pays comme l’Algérie qui tire sa prospérité de l’exploitation d’hydrocarbures. Jusqu’à présent, une vérité implicite fonde toutes les politiques d’exportation et de mise en valeur du pétrole et du gaz naturel : quelle que soit la conjoncture, il y aura toujours des clients pour nous en acheter (en supposant que nos réserves ne s’épuisent pas plus rapidement que prévu).

Or, une mécanique de fond est en train de se mettre en place dans nombre de pays industriels, Chine comprise. Tous affirment vouloir atteindre la « neutralité carbone » (différence entre les gaz à effet de serre émis et ceux extraits égale à zéro). Et pour y parvenir, tous comptent réduire leur consommation d’hydrocarbures.

Mardi 26 octobre, le gestionnaire français de transport d’électricité haute tension, RTE, a publié un rapport stratégique sur les perspectives énergétiques de la France en 2050. Ce document qui a nécessité deux années de travail en dit long sur les tendances qui se dessinent.

Bien sûr, il faut le lire en étant conscient que l’on est en année électorale et que nombre de lobbies ont agi en coulisses pour influer sur ses projections et conclusions. Il n’empêche : la France ambitionne d’atteindre la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire demain pour n’importe quel dirigeant responsable.

Et comment veut-elle y arriver ? En produisant d’avantage d’électricité décarbonée pour ne plus avoir à recourir au gaz naturel et au pétrole. Pour RTE, les énergies fossiles vont peu à peu disparaître des secteurs suivants : transports, industries et bâtiments. Par quel moyen sera générée l’électricité qui remplacera ces énergies ?

Le nucléaire et les renouvelables. Attention, il n’est dit nulle part que la consommation de gaz et de pétrole va cesser mais l’objectif est d’en faire peu à peu des énergies d’appoint voire de secours pour suppléer un manque de vents pour l’éolien ou de soleil pour le solaire.

Selon RTE, une neutralité carbone obtenue avec un « mix » nucléaire-renouvelables (il y a plusieurs hypothèses pour les proportions de l’un et des autres) permettrait une économie de 20 à 70 milliards d’euros par an selon les cours du baril et du mètre cube. Ayons en tête que la France n’est pas la seule à réfléchir de la sorte : cela vaut pour l’Allemagne, les « dragons asiatiques » et d’autres pays importateurs de gaz et de pétrole.

Autrement dit, le réchauffement climatique pose trois défis majeurs à l’Algérie. Le premier, d’ordre interne, concerne la capacité à faire face à ses effets, notamment les phénomènes météorologiques violents mais aussi l’impact sur l’agriculture, l’approvisionnement en eau, etc.

Le deuxième est géostratégique. L’Afrique subsaharienne étant touchée par le phénomène, la question des migrations vers le nord sera posée avec encore plus d’acuité.

Enfin, le troisième est un défi économique. Si ses clients, qu’ils soient européens ou asiatiques, baissent leurs achats de gaz et de pétrole, il faudra trouver des solutions de rechange pour assurer le développement économique. On rêve donc d’un vrai débat national sur cette question mais il est vrai que celle de la langue des panneaux dans les édifices publics est prioritaire.      

(1) « Ces catastrophes climatiques qui viennent », Le Quotidien d’Oran, jeudi 12 août 2021.

Article précédentLe groupe Facebook change de nom et devient Meta
Article suivantRadiothérapie au CHU de Blida: surcharge et manque de moyens impactent la prise en charge des malades

Laisser un commentaire