Les protest painters de Myriam Kendsi ou les nouveaux artistes algériens

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C'est cette dernière génération (les protest painters) qui fait l'objet de cet ouvrage de Myriam Kendsi une génération qui s'avère inventive en marquant une rupture d'avec l'ancienne génération
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L’art pictural algérien n’a jamais cessé d’évoluer avec les remous de l’histoire. Il y eut schématiquement quatre âges de cet art. L’âge colonial où l’art se devait de composer sous la contrainte, l’âge de la guerre d’indépendance avec ses urgences, l’art de la post-indépendance avec ses injonctions politiques via le soft power, et enfin l’art de la jeune génération née ou ayant vécu jeune pour la plupart durant les années noires de la guerre civile des années quatre-vingt dix.

C’est cette dernière génération (les protest painters) qui fait l’objet de cet ouvrage**, une génération qui s’avère inventive en marquant une rupture d’avec l’ancienne génération aussi bien par ses thèmes que par ses modes d’intervention dans l’espace public.

On ne s’étonnera donc pas que le mouvement du Hirak algérien ait pu être un des effets indirects de cet art singulier qui se nourrit de la gabegie du pouvoir, de la corruption, du traumatisme de la décennie noire, des tabous, de la question du genre, etc.

Les protest painters, nouveaux porte-voie de l’art algérien

L’auteure constate avec regret le désert institutionnel en matière artistique en Algérie. Point d’espaces de travail, de revues d’art, de critiques, de systèmes d’archivage, de commande publique, de mécénats privés. L’abandon de soutien des artistes non alignés par les institutions, ajouté à l’incurie du pouvoir algérien, n’a pas manqué de susciter des formes d’expressions originales qui, précisément, s’attaquent, non sans ironie, à ces défaillances.

Du reste, le printemps arabe est passé par là. C’est donc hors des galeries et des musées que ces protest painters investissent des espaces alternatifs ouverts à tous, multiformes, sans structure rigide, pour y créer et exposer : rues, appartements, cafés, souks, y compris les plateformes des réseaux sociaux… Ils procèdent ainsi à une requalification de l’espace tant au niveau symbolique (s’installer au centre de la cité) qu’au niveau temporaire (permanence dans la mobilité).

Myriam Kendsi, elle-même artiste peintre, brosse par touches, de façon, dirait-on, picturale, quelques portraits de ces artistes en repérant dans leurs oeuvres des clins d’oeil aux toiles des grands maîtres qu’ils détournent au profit d’une critique caustique mais éveillante de la société algérienne en général, et du pouvoir coercitif en particulier.

Cet ouvrage permettra au lecteur de faire connaissance avec Yasser Ameur, El Meya, Fella Tamzali Tahari, Mehdi Djelil, dit Bardi, Hania Zazoua, alias Princesse Zazou, Daiffa, ainsi qu’avec la génération précédente qui a ouvert le chemin, les feus Benanteur, Ben Bella et Stambouli, Baya Mahedinne, née Fatma Haddad…

*Achour Wamara est l’Auteur de « Oublier la France » aux éditions de l’Aube

** BookEditions.com

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