Princesse Zazou ou l’imaginaire médiatique déconstruit et réinterprété

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Donner du rêve à une nouvelle génération , voila le postulat de Princesse Zazou créatrice d’objets oniriques, donc designer mais aussi plasticienne.

Hania Zazoua, alias Princesse Zazou, l’artiste a étudié à l’école d’art d’Alger puis d’Aix en Provence. Elle est aussi créatrice de la marque Brokk’art.

Mosaïque, calligraphie arabe, profusion de couleurs, graphisme énigmatique, détournements d’objets, popculture, motifs picturaux avec un mélange de culture arabe, définissent ses œuvres, souvent symboliques ou tournées à la dérision, ses créations digitales dénoncent ou parlent d’elle.

Elle nous offre de l’iconographie algérienne mêlée au pop art avec un désir de narration au delà du coté chatoyant de l’oeuvre . Derrière le beau il y a des éléments qui vous interrogent :

Que nous disent ces insectes sur sur l’état du monde ?

Ces insectes nous alertent sur le fait  que, si tout a lair de fonctionner, leur présence est néanmoins révélatrice dun état en putréfaction dont on a fait le déni dit-elle.

Que vient faire le lapin d’Alice aux pays des merveilles et que dire de ces poissons sur les yeux des femmes ?

 Il représente pour elle l’homme des médias d’aujourd’hui qui, pour certains, courent, courent d’une news à l’autre et qui, en définitive ne nous livrent que des informations au conditionnel, aux vérités relatives et quelques fois sur-mesure !

L’univers de Princesse Zazou n’est pas fantasmatique mais procède plutôt de l’hyper réalité. Elle est là pour déconstruire et reconstruire les images des médias et certains clichés orientalistes sur les Algériens. Dans ses travaux, plusieurs tableaux se dissimulent. Chaque œuvre se voit avec les autres et donne à décrypter des signaux.

Tout ceci est un rébus géant où elle invite au décodage, un labyrinthe de couleurs, de formes, de signes, comme la sirène d’Ulysse elle envoûte le voyageur, comme l’araignée de Louise Bourgeois elle tisse sa toile.

Pas de répit, elle tatoue nos rétines, nous sature de couleurs comme un Almodovar et nous perd dans son univers . Son monde est vaste . Cependant le champ artistique n’échappe pas au monde social, ni au rapport de forces. Il n’y a pas de « créateurs incréés «  a écrit Bourdieu et lorsqu’on interroge Princesse Zazou sur le sujet elle répond :

La couleur est un cheval de Troie ! Derrière cette construction et déconstruction d’images et de sens se nichent des strates complexes, des éléments de langages truffés de double-sens et de “kitch conscient” mis au service d’un art engagé qui questionne.

Jamais une artiste algérienne n’a autant analysé et intellectualisé son oeuvre, aussi laissons lui la parole :

Mon travail, cest ma réponse à cette actualité politique, à cette injonction à nous positionner et à définir notre identité, quelle soit religieuse ou bien dans laxe du bien ou du mal. Moi, ces éléments je les compose et recompose.

Un poisson sur les yeux signalent des eaux troubles, une face de lapin en bas résine et talons rouges nest autre quun homme des médias. Tantôt orientés, tantôt désorientés, des indices relèvent avec ironie des situations absurdes comme ces ballons flottants, qui rappellent finalement que le seul moment où lon accorde aux algériens lopportunité de réfléchir est celui dédié aux Fennecs nationaux.

Voila qui est dit, et, qui nous rappelle que Princesse Zazou/Hania Zazoua a commencé sa formation par les sciences politiques tout en gardant une insouciance sous la langue et un sourire sur son visage .

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