Fuite de pétrole à El Oued : Sonatrach enquête, les agriculteurs parlent d’une catastrophe écologique

Sonatrach annonce avoir ouvert “une enquête complémentaire” sur la fuite du pétrole de l’oléoduc OK1, reliant Hassi Messaoud à Skikda, dans la région d’El Baaj, à 170 km nord-ouest d’El Oued. Survenue jeudi 3 septembre 2020, la fuite a été suivie d’incendies qui seraient d’origine criminelle, selon les autorités locales. “A l’issue de la visite d’inspection effectuée dans la région d’El Baaj, vendredi 4 septembre 2020 dans la soirée, par le P-DG de la Sonatrach, plusieurs mesures ont été prises pour remédier aux dégâts dus à la fuite de pétrole”, a indiqué le groupe pétrolier, dans un communiqué rendu public ce samedi 5 septembre.

Une équipe de techniciens sera dépêchée sur place “pour établir un diagnostic global tout le long de l’oued afin d’évaluer l’ampleur des dégâts potentiels sur l’environnement”. Sonatrach a décidé de mobiliser tous les moyens pour l’absorption des eaux polluées le long de l’oued, le traitement des flaques d’eau contaminées et le terrassement de certains tronçons “qui feront l’objet de traitement par des unités spécialisées de l’entreprise”. Le groupe pétrolier s’est engagé également à contrôler pendant une année la qualité des eaux souterraines à travers ses laboratoires en procédant à un forage de puits dans la région où s’est produit l’incident.

Sonatrach a précisé que “la situation est sous contrôle”. Vendredi 4 septembre, le groupe a annoncé que des équipes techniques spécialisées avaient procédé à une opération d’absorption de la quantité de pétrole répandue et “entamé les travaux d’entretien au niveau de la partie endommagée par les inondations”. Selon Sonatrach, les mauvaises conditions météorologiques seraient à l’origine de ces fuites. Des sources locales évoquent l’extraction sauvage du sable qui auraient “dénudé” le pipe-line et fragilisé le sol.

Risque de pollution de Chott Melghigh

De grosses quantités de pétrole ont pollué les eaux de l’oued Itel, qui traverse la région d’Oum Thiour, selon les images publiées sur les réseaux sociaux et par les chaînes privées de télévision. Des agriculteurs parlent d’une véritable catastrophe écologique. Le brut a, selon eux, souillé des forages nécessaires à l’arrosage des palmiers en cette période de fin d’été.

La direction de l’Environnement de la wilaya d’El Oued a reconnu, dans un communiqué, l’ampleur des dégâts sur les zones cultivées et sur la diversité biologique. Elle a évoqué l’éventuelle pollution aussi du lac salé de Chot Melghigh où verse l’Oued Itel. Chott Melghigh, qui s’étale sur 5500 km², est le plus grand lac en Algérie, classé zone humide et protégé par la Convention internationale Ramsar. Ce samedi, les ministres de l’Agriculture, des Ressources en eau, de l’Energie, de l’Environnement et de l’Intérieur se sont déplacés sur les lieux. Ils ont été interpellés par les agriculteurs. “Mes palmiers risquent de mourir à cause de la pollution au pétrole”, a lancé un fellah. Le ministre de l’Agriculture a promis que des experts seront envoyés ce dimanche 6 septembre sur les lieux pour aider à surmonter la crise.

L’indemnisations des Fellah envisagée

“Les travaux de réparation de la conduite se poursuivent pour la remettre en marche. Des experts sont sur sur place pour analyser les eaux et vérifier le niveau de pollution. Ils vont travailler en collaboration avec les citoyens de la région. S’il faut faire des indemnisations, nous le ferons. Les citoyens nous ont parlé d’une carrière existant dans la région, nous allons voir ce qu’il faut prendre comme mesure”, a déclaré Kamel Beldjoud, ministre de l’Intérieur qui a parlé de l’ouverture «”d’une enquête administrative approfondie” pour déterminer les causes de l’incident.

Abdelmadjid Attar, ministre de l’Energie, a, pour sa part, annoncé qu’une évaluation globale va se faire sur les conséquences de l’incident sur les ressources hydriques, l’agriculture et l’environnement. “Et l’enquête va déterminer les causes de la fuite pour que pareille incident ne se reproduira plus en Algérie surtout que nous avons des pipe-line qui traversent les oueds dans le Nord et le Sud du pays. Nous devons retenir la leçon”, a-t-il précisé. Le ministre des Ressources en eau, Arezki Baraki a, de son côté, indiqué que les puits d’eau potable n’ont pas été touchés par la fuite de pétrole en raison de leur profondeur. « Mais, les forages situés à côté de l’oued sont pollués », a-t-il regretté.