Paris entend expulser “des clandestins radicalisés”: mission compliquée pour Darmanin à Alger

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Paris entend expulser "des clandestins radicalisés": mission compliquée pour Darmanin à Alger
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Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur, est en visite en Algérie, après un déplacement en Italie et en Tunisie. Le ministre français de l’intérieur a précisé, le 2 novembre 2020 à BFMTV/RMC, l’objectif de sa visite au Maghreb, décidée par l’Élysée.

“En Tunisie et en Algérie, je vais discuter avec mes homologues et échanger avec les services de renseignements pour avoir davantage d’informations. Le président de la République a eu ses homologues au téléphone pour se mettre d’accord sur le renvoi d’un certain nombre de personnes qui appartiennent à ces pays, ayant la nationalité de ces pays, et qui sont confondus de radicalisation”, a-t-il déclaré.

Il a annoncé qu’en un mois seize ressortissants étrangers « radicalisés » ont été expulsés du territoire français. « Cela ne veut pas dire qu’ils ont été condamnés, on considère qu’ils ont été radicalisés et qu’ils sont étrangers à notre pays », a-t-il dit. Il a précisé qu’une centaine de personnes soupçonnées de radicalisation seront renvoyées après discussion avec les pays concernés pour les accueillir.

Il a cité la Russie et le Maroc. « Les choses se passent bien avec le gouvernement marocain », a-t-il dit. Il a révélé qu’en trois ans, 458 personnes ont été expulsées de France. A Tunis, Gérald Darmanin a rencontré le président Kaïs Saeïd et son homologue Taoufik Charfeddine pour évoquer l’expulsion d’une soixantaine de tunisiens soupçonnés de radicalisation et considérés comme en situation irrégulière sur le territoire français. « La Tunisie est prête à recevoir n’importe quel tunisien, mais cela doit se faire selon les conditions et règlements prévus par le droit international et en préservant la dignité du tunisien », a déclaré Taoufik Charfeddine, cité par la presse tunisienne.

« Gestion sécuritaire »

Il a parlé d’une convention signée en 2008 entre les deux pays. L’expulsion ne fera qu’une fois toutes les voies de recours épuisées en France, certains tunisiens étant en détention. Ces derniers mois, plus de 40 % de migrants passant par l’Italie, pour entrer en Europe, sont passés par la Tunisie. La collaboration de Tunis est donc importante pour les autorités françaises.

Tunis ne veut pas de «gestion sécuritaire» du phénomène de la migration. Paris demande que les pays d’origine des personnes à expulser établissent des laissez-passer consulaires pour ceux qui n’ont pas de passeport pour faire le voyage, sinon elles ne peuvent pas quitter le territoire français.

A Alger, la mission de Gérald Darmanin sera plus compliquée. Le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a annoncé, dans un bref communiqué, la visite de travail de Gérald Darmanin. “Cette visite constitue une occasion pour échanger les vues au sujet de la coopération entre les secteurs de l’intérieur des deux pays et examiner les voies de renforcement de la coordination dans nombre de domaines d’intérêt commun”, est-il souligné dans le communiqué, sans autres précisions.

Négociation difficile

Le ministre français devra présenter une liste de ressortissants algériens en situation irrégulière en France et soupçonnés de radicalisation. La négociation pourrait être difficile, l’Algérie considère que « la radicalisation » d’individus vivant sur une autre territoire n’est pas de la responsabilité des pays d’origine. Alger avait même proposé en 2017 un processus de « déradicalisation » dans une approche globale de lutte contre le terrorisme. Une approche prise en compte par les États-Unis, ignorée par les Européens.

Dernièrement, Alger n’a pas apprécié le rôle joué par Paris pour faire libérer trois otages au Mali contre l’élargissement de deux cents djihadistes actifs dont l’algérien Mustapha Derrar, arrêté par les services de sécurité, fin octobre 2020 dans la région de Tlemcen. La libération des trois otages dont la française Sophie Petronin s’est faite également contre payement de rançon.

L’Algérie est un pays qui refuse tout payement de rançons aux groupes armés considéré comme un acte de financement direct du terrorisme. Sur ce point, l’Algérie a été soutenue, ces dernières années, par Londres, Madrid, Berlin, Moscou et Washington, mais pas par Paris.

« Combat culturel »

Le versement des rançons est proscrit par les résolutions de l’ONU. Alger considère donc qu’on ne peut pas ouvrir, d’une part, la porte aux terroristes dans un pays africain pour avoir quelques gains politiques en libérant des otages, et, de l’autre, demander à d’autres pays africains d’accueillir des personnes radicalisées en dehors du continent, juste pour satisfaire une opinion publique locale en colère après des attentats terroristes.

On souligne aussi que la France refuse d’accueillir des « combattants » français ayant été dans les rangs de Daesh, détenus actuellement en Syrie et en Irak. Gérald Darmanin devra expliquer aussi aux responsables algériens la nouvelle stratégie française de lutter contre l’islamisme radical. « Nous menons un combat culturel contre cette idéologie, sa finance, ses officines et ses appuis à l’étranger », a-t-il déclaré à Rome.

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