Palestine trahie : après les Emirats, Bahreïn, Oman et…. le Maroc ?

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Les Palestiniens trahis par une deuxième vague de "mouharwiloune" (DR)
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Le poète Nizar Kebbani avait appelé cela la «Herwala » (la course au trot) vers la normalisation. Qui va suivre les Emirats dans la Herwala vers Israël? Bahreïn et Oman paraissent acquis. Ryad hésite. Le Maroc ? La monarchie prendra-t-elle ce risque alors que l’opinion publique marocaine, comme l’algérienne et la tunisienne, est très largement réfractaire à une telle normalisation ? Décryptage.

C’est une quasi-sommation qui a été adressée à l’Arabie saoudite, lundi, par Jared Kushner, le gendre-conseiller du président Donald Trump de «normaliser » ses relations avec Israël et de suivre la démarche controversée des Emirats que les Palestiniens qualifient de « trahison ».

“Ce serait très bon pour les affaires saoudiennes, ce serait très bon pour la défense saoudienne et, pour être honnête, je pense que cela aiderait aussi les Palestiniens” a assuré avec aplomb le promoteur d’un plan de liquidation de la cause palestinienne.
Avec l’éternel argument de la « menace iranienne » pour appeler les Etats arabes à abandonner le soutien, au demeurant minimaliste et sans effet, à la cause palestinienne. Jared Kushner n’hésite même pas à user d’un argumentaire marqué de paternalisme : si l’Iran est contre la normalisation avec Israël, c’est que celle-ci est « probablement la bonne chose à faire ». Aussi simple !

Et comme il pense que les dirigeants arabes sont des simplets, il explique que les Etats-Unis n’approuveront pas des annexions israéliennes en Cisjordanie occupée pendant “un certain temps”. C’est bien entendu l’argumentaire fallacieux des dirigeants des Emirats – « l’arrêt des annexions » qui tombe à l’eau, mais le « certain temps » dont parle Kushner est destiné à enterrer la ligne minimaliste du plan du roi Abdallah d’Arabie saoudite, la paix contre un Etat palestinien dans les territoires d’avant juin 1967.

En réalité, le gendre du président américain met la pression sur Mohamed Ben Selmane qu’il a effectivement défendu dans la scabreuse affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans laquelle il est soupçonné d’être le commanditaire direct. De fait, en dépit de l’image sinistre qu’il a depuis que le journaliste a été découpé dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul, MBS est accepté par les dirigeants mondiaux.

Mais sa marche vers le trône, qui est loin d’être unanimement acceptée au sein de la famille royale comme en témoigne les arrestations qu’il opère régulièrement dans les rangs des princes, dont celui de l’ex-prince héritier, fait d’une telle normalisation avec Israël – qu’il ne rejette pas dans le principe- un pari hautement risqué. Même s’il a fait semblant de « réformer », MBS continue de s’appuyer sur l’establishment religieux et sur l’image d’une monarchie au service des « lieux saints ».
Il est fort probable que Ryad ne s’empressera pas mais poussera le Bahreïn a suivre le chemin d’Abou Dhabi. Le sultanat d’Oman fera probablement la même chose.

Le Koweït, où existe une vraie vie parlementaire, ne risque pas d’aller sur cette voie.Le journal Al-Qabas, citant une source gouvernementale, a assuré que la position du Koweït restera inchangée. “La position koweïtienne est cohérente avec son approche de politique étrangère vieille de plusieurs décennies en faveur de la cause palestinienne, car il s’agit du premier problème arabe, et n’accepter une solution que si c’est ce que les Palestiniens acceptent” écrit al-Qabas.

Une opinion maghrébine réfractaire


Au Maghreb, la seule question porte sur l’attitude éventuelle du gouvernement marocain à l’idée d’une «normalisation » officielle. Le Washington Post, citant une source au département d’Etat, a indiqué que le Maroc, Oman et le Bahreïn sont probablement les prochains à suivre les Emirats.

Il reste que la monarchie marocaine – qui entretient des liens informels avec Israël – prendrait un gros risque. L’opinion publique marocaine est largement hostile à une telle démarche et elle est en cela en phase avec les opinions en Algérie et en Tunisie. C’est tellement fort que l’hebdomadaire de la droite dure en France, Le Point, a parlé de «tabou » maghrébin afin de suggérer qu’il y a derrière ce refus une dimension de «religieux » et de «sacré ». En réalité, c’est une attitude politique très claire de refus de l’injustice et de l’expansionnisme. Israël est dispensé du respect des lois internationales. C’est le vrai «tabou » permanent qui marque la politique des Etats occidentaux : refuser de reconnaître qu’Israël est un Etat d’apartheid, qu’il bafoue les lois internationales. Au Maghreb, les opinions publiques ne s’y trompent pas. Et elles ne sont pas tendres à l’égard des المهرولون “mouharwilounes” » à propos desquels Nizar Kebbani disait :


Sont tombés, les derniers murs de la pudeur
Et nous étions heureux… et nous avons dansé
Et nous-nous sommes félicités de signer la paix des lâches
Plus rien ne nous fait peur
Plus rien ne nous fait honte
En nous les veines de la grandeur se sont asséchées

Est tombée pour la cinquantième fois notre virginité
Sans frémir… sans crier
Sans que la vue du sang nous terrifie
Nous sommes entrés dans l’ère de la Herwala (course au trot)
Nous-nous sommes mis à la queuleuleu, comme des moutons devant l’échafaud
Et nous avons couru… et nous avons haleté
Et nous avons fait la course pour embrasser les chaussures des assassins
(…°

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