Un projet de résolution présenté par la Russie sur la lutte contre « la glorification du nazisme » a été adopté par l’Assemblée générale des Nations unies, mercredi 16 décembre 2020.
« Lutte contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée »est le titre de cette résolution votée par 122 pays. Tous les pays membres de l’Union européenne (UE) se sont curieusement abstenus alors que les États Unis et l’Ukraine ont voté contre.
L’UE a, selon un communiqué publié par l’ONU sur son site internet, critiqué « le langage problématique et politisé » de la résolution. « Une résolution qui n’aborde pas toutes les formes contemporaines de racisme de manière exhaustive », est-il noté. Le paradoxe est que la délégation de l’UE s’est exprimée par la voix de l’Allemagne, le pays où historiquement le nazisme est né.
Les États Unis ont justifié leur vote négatif par la dénonciation « d’une tentative à peine voilée de légitimer des récits trompeurs de la Fédération de Russie qui chercherait à dénigrer d’autres pays sous le prétexte de lutter contre la glorification du nazisme ». Washington dit avoir proposé de « limiter les attaques contre la liberté d’expression » dans le texte de résolution.
L’Ukraine a, de son côté, accusé Moscou de « manipuler les récits historiques » et de « chercher de faire de la provocation politique ». « La résolution porte une glorification du Stalinisme qui a commis des crimes du même ordre contre les pays entiers », a déclaré la délégation de l’Ukraine évoquant des « formulations trompeuses » dans le texte de résolution.
Moscou accuse Kiev de « fermer les yeux » sur les actions publiques et parfois violentes de certains groupuscules néo-nazis en Ukraine.
Les pays africains ont voté pour la résolution
Les pays africains ont voté pour la résolution. Le Nigéria a rappelé que le continent africain a la concentration la plus importante de population noire qui a le plus souffert du racisme dans l’Histoire. « Depuis son indépendance en 1960, le Nigéria a proclamé publiquement que son indépendance ne serait pas complète avant la libération totale de toutes les personnes noires de par le monde », a soutenu la délégation du Nigéria à l’ONU.
A l’ONU, la délégation russe s’est dit étonnée de voir des pays « qui ont fait partie de la coalition antinazie » demander une mise aux voix du projet de résolution. « Une telle position n’a rien à voir avec le politiquement correct mais relève du cynisme le plus flagrant. C’est un outrage contre ceux qui ont libéré le monde des horreurs du national-socialisme. Une véritable solidarité aux niveaux international, régional et bilatéral doit se traduire en efforts conjoints pour éliminer ces phénomènes et non pas en tentative de les taire », a souligné la délégation.
L’Assemblée générale de l’ONU s’est, pour sa part, déclaré profondément préoccupée par « la glorification du mouvement nazi, du néo nazisme et des anciens membres de l’organisation, la Waffen-SS », et par le fait de déclarer que « ces membres et ceux qui ont combattu la coalition antihitlérienne, collaboré avec le mouvement nazi et commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ont participé à des mouvements de libération nationale ».
« Messages haineux »
Elle a exhorté les États à éliminer toutes les formes de discrimination raciale « par tous les moyens appropriés, y compris des mesures législatives si les circonstances l’exigent », tout en veillant à ce que la définition de la discrimination raciale qui y sera donnée « soit conforme à l’article premier de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ».
L’Assemblée générale de l’ONU s’est dit également alarmée par le fait que les groupes néonazis utilisent les technologies de l’information, Internet et les médias sociaux pour « recruter de nouveaux membres, en ciblant en particulier les enfants et les jeunes, et pour diffuser et propager leurs messages haineux ».
Dans la résolution, une préoccupation est exprimée concernant les cas de profanation et de vandalisme de monuments des combattants ayant lutté contre les nazis pendant la Seconde guerre mondiale (1939-1945) et ceux de l’exhumation et du transfert illégal de leurs dépouilles.
