Numilog de Béjaïa: le comité de participation annonce « des négociations », les travailleurs les rejettent

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Numilog de Béjaïa: le comité de participation annonce des négociations, les travailleurs les rejettent
Numilog de Béjaïa: le comité de participation annonce des négociations, les travailleurs les rejettent
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Le bras de fer entre les travailleurs de Numilog et la direction de celle-ci touche-t-il à sa fin ? Le Comité de participation (CP) de cette société répond par l’affirmative. Dans un communiqué diffusé jeudi 10 septembre 2020, le porte-parole de ce comité a annoncé avoir entamé des négociations avec la Direction pour « trouver une issue à ce conflit » et « examiner la réintégration » des employés licenciés.

Le CP affirme que les « employés grévistes qui ont été induit en erreur par une minorité d’employés, qui a tenté d’imposer, illégalement et contre la volonté de l’écrasante majorité des employés, une autre forme de représentation ». Une initiative à laquelle les travailleurs grévistes n’adhérent pas.

196 travailleurs de Numilog, filiale spécialisée dans la logistique du groupe agro-alimentaire Cevital, se sont vus notifiés, vers la mi-août, des décisions de licenciement. En grève depuis plusieurs semaines, les employés exigeaient le respect du droit syndical, notamment la reconnaissance légale du Conseil syndical comme partenaire social.

Le bras de fer remonte à début juillet 2020, lorsque les travailleurs de Numilog ont entamé une grève cyclique de trois jours, en réaction au licenciement de trois employés. Selon les grévistes, Smail Abdallah, Aidal Brahim et Maafa Karim ont été « abusivement » licenciés pour avoir créé une section syndicale. Dans une plateforme de revendications, transmise à l’Inspecteur régional du Travail, le Wali de Béjaïa, la section wilayale de l’UGTA et le directeur de l’agence de Béjaïa de Numilog SPA, ils exigeaient, outre la réintégration des trois employés susnommés, la « reconnaissance du Conseil syndical comme partenaire social à part entière », la mise en disposition d’un bureau pour la section syndicale et la levée des sanctions à l’encontre des travailleurs grévistes.

Le directeur de l’agence de Béjaïa a alors décidé de suspendre les grévistes, leur interdisant l’accès à leur lieu de travail. La section syndicale de l’UGTA a introduit une requête auprès de la Justice et les grévistes ont obtenu gain de cause, indique un employé à 24H Algérie.

Numilog a introduit un appel. La décision, prononcée le 25 août 2020, est une nouvelle fois en faveur des grévistes. La filiale de Cevital a néanmoins fait fi de l’ordre de la Justice de réintégrer les travailleurs licenciés et reconnaître leur droit à créer un syndicat.

« Un climat de franchise et de sincérité »

Le comité de participation a affirmé dans son communiqué avoir « entamé des négociations sociales avec la direction de Numilog pour trouver une issue à ce conflit. Bien que longues et ardues, nous tenons à témoigner qu’elle se sont déourlées dans un climat de franchise et de sincérité », lit-on.

Cette initiative est encouragée, explique-t-on, par « les dangers d’une récupération de ce conflit par des parties extérieurs malintentionnées », poursuit le CP, qui affirme avoir « dès le début préconisé une solution interne ».

Le communiqué, signé le 10 septembre 2020, annonce alors un accord avec la direction de Numilog « pour examiner avec la plus grande attention toute demande de réintégration qui sera déposées auprès de Numilog Béjaïa ».

« Plusieurs employés ont déjà été réintégrés. Cette démarche se poursuivra et concernera les employés grévistes qui ont été induit en erreur par une minorité d’employés, qui a tenté d’imposer, illégalement et contre la volonté de l’écrasante majorité des employés, une autre forme de représentation », poursuit le comité, sans citer nommément.

« Une minorité, qui a délibérément nui à l’image de l’entreprise et du groupe », et qui « a rompu définitivement ses liens avec notre entreprise », est à l’origine de cette situation, de l’avis de ce Comité de participation.

Depuis le 25 août, date de la décision de la justice, les travailleurs de Numilog à Béjaïa n’ont pas cessé leur mouvement de protestation, poursuivant leur sit-ins ainsi que leur grève. Ils expriment également leur rejet de l’initiative du comité de participation, « qui ne les représentent pas ».

Ils s’appuient notament sur la loi 90-11 du Code du travail, citée par Nouredine Bouderba, expert en questions sociales et ancien président de comité de participation, qui définit les attributions légales des comités de participation.

« Les comités de participation, sous peine de violer la loi, ne peuvent se substituer aux syndicats dans la représentation des travailleurs auprès de l’employeur. Ils ne peuvent mener avec ce dernier des négociations sur des questions d’ordre socio professionnelles comme ils ne peuvent pas légalement participer à la prévention et à la résolution des conflits qui sont du ressort exclusif des organisations syndicales », estime-t-il.

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