Mourad Senouci: “Les travaux d’un nouveau théâtre privé seront bientôt lancés à Oran”

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Mourad Senouci:
Mourad Senouci: "Les travaux d’un nouveau théâtre privé seront bientôt lancés à Oran"
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Le dramaturge Mourad Senouci est directeur du Théâtre régional Abdelkader Alloula d’Oran (TRO). Il est chargé des activités artistiques du théâtre privé La fourmi, situé à la cité Djamel à Oran, nouvellement ouvert au public. Il est également sollicité en tant qu’expert pour relancer les activités artistiques dans les établissements touristiques publics.  

24H Algérie: La salle du théâtre privé La fourmi est ouverte au public depuis le 6 mars 2021. Parlez-nous de ce projet ? Comment est-il né ?

Mourad Senouci: En mars 2020, Mohamed Affane, propriétaire de trois hôtels à Oran, m’a contacté et m’a parlé de son désir de construire un petit théâtre de quarante places en sollicitant mon aide. J’ai accepté en précisant que je ne pouvais venir que le vendredi parce que je dirige le TRO. Il m’a demandé de suivre avec lui l’opération.

Je lui ai proposé de construire une salle avec plus de places puisque l’espace était disponible. Il a revu le plan avec son architecte, un jeune de 30 ans, et a opté pour 80, puis 122 places. Après validation du projet, il y a eu le confinement sanitaire à cause de Covid-19. Je lui ai dit que je ne pouvais suivre régulièrement le projet qu’à partir de septembre 2020. Il m’a alors assuré qu’il pouvait construire le théâtre en six mois. Et finalement, la construction de La fourmi s’est faite en six mois. Au début, les gens ne nous ont pas cru.

Qu’en est-il de l’investissement financier ?

En fait, il n’y a pas de retour financier rapide. Il faut au moins cinq ans durant lesquels l’espace est exploité. Même avec 10.000 dinars la place, l’investissement ne sera pas couvert.

A partir de ce que j’ai connu au TRO, je lui ai fait une conception pluridisciplinaire sur le plan artistique. Il y aura du stand up, de la musique classique, du cinéma et de la littérature. Chaque mois, il y a un ciné club et un débat littéraire. J’ai vécu des jours extraordinaires dernièrement avec un spectacle pour enfants en sold out au TRO et un concert de musique classique andalouse à guichet fermé à la Fourmi.

Qui a animé ce concert ?

La chanteuse Nesrine Ghenim, connue en France et au Maroc, et pas en Algérie, même pas à Oran, sa ville. Nous avons programmé aussi le nouveau spectacle de Adila Bendimerad et Tarek Bourara « Elhakni lejbel el waqwaq » (suis-moi au mont El Waqwaq). Ils ont été pris en charge pendant six jours pour préparer le spectacle, lequel a été présenté à trois reprises. Nous avons profité de la présence de Adila Bendimerad pour projeter le court métrage « Kindel El bahr » (réalisé par Damien Ounouri).

Qu’en est-il du débat littéraire ?

Le premier débat a été animé par la romancière Maïssa Bey. La présence aux débats littéraires se fait sur inscription sur internet pour maîtriser le nombre. L’accès y est gratuit. Nous avons chargé une personne des relations publiques. Elle reçoit les appels téléphoniques, fait les réservations, vend les tickets, élabore les contrats. Elle est polyvalente.

Est-ce que le ministère de la Culture a accompagné le projet de La fourmi ?

Oui. Le ministère a accepté de mettre à la disposition du porteur du projet un de ses cadres pour l’expertise. Aussi, je représente l’apport du ministère de la Culture dans ce projet. Le théâtre La fourmi fonctionne trois jours par semaine, jeudi, vendredi et samedi. Pour ce week-end (26 et 27 mars 2021), il est prévu un spectacle du théâtre d’improvisation Drôle-madaires. Nous avons aussi un programme avec l’Institut français d’Algérie (IFA). En avril, nous allons annoncer le programme des trois prochains mois.

Pouvons-nous avoir une idée de ce programme ?

Pour le cinéma, nous avons l’accord de Abdelkrim Bahloul pour la projection de son dernier long métrage « Jenia » (sorti en 2019). Idem pour Mounia Ait Meddour pour « Papicha ». Pour la littérature, les écrivains Yasmina Khadra, Waciny Laredj et Amin Zaoui ont accepté l’invitation pour venir animer des débats. Nous avons un accord de principe du  romancier égyptien Ala’a eddine Al Aswani (auteur du célèbre « Immeuble Yacoubian » adapté au grand écran, NDLR). Pour la musique, Leila Borsali, Yasmine Amari et Mohamed ont aussi donné leur ok aussi.

Et pour les one man shows ?

Il y a au programme un one man show de Samir Bouanani avec son spectacle « Metzouedj fi otla » (un marié en vacances) et un autre de Hakim Dekkar. Il faut noter que la programmation est différente des théâtres publics. Lorsqu’un spectacle affiche complet, il est reprogrammé durant le mois du Ramadhan.

Si ce n’est pas le cas, il n’y a pas de reprogrammation. Il est nécessaire de distinguer entre ceux qui font des efforts et des sacrifices sur le plan artistique et ceux qui ne font rien.

Est-il possible d’appliquer la même logique dans les théâtres publics ?

Il est impossible d’appliquer cette règle au TRO, par exemple. Quand il y a du social et du politique dans la programmation artistique, on ne peut rien faire.

Au Théâtre La fourmi, la recette est-elle partagée avec les artistes ?

C’est au cas par cas. Il faut noter que la salle ne fonctionne qu’à 50 % de sa capacité en raison de la pandémie de Covid 19. Quand un grand nom de la scène se produit à La Fourmi, il faut le payer même si la recette ne suffit pas. Certains artistes peuvent venir avec leurs propres sponsors. Le billet est actuellement fixé à 500 dinars.

J’annonce que dans un mois, les travaux d’un nouveau théâtre privé de 500 places seront lancés, toujours à l’initiative de Mohamed Affane. Le délai de réalisation est de douze mois. Une fois le théâtre de 500 ouvert, le théâtre de La fourmi changera de fonction en ce sens qu’il sera consacré uniquement aux jeunes découvertes.

Autre information : avant juillet 2021, un autre espace théâtral de 80 places sera ouvert à Oran par une association. Je vais soutenir l’opération. Donc, la dynamique est bien lancée.

Mourad Senouci est chargé de relancer des espaces culturels dans des établissements touristiques. Qu’en est-il ?

La groupe public HTT (Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme) gère plusieurs complexes touristiques et thermaux ainsi que des hôtels (68 établissements au niveau national, ndlr).  Ils sont dotés de salles de séminaires peu ou pas utilisées. L’idée est de réhabiliter puis de transformer ces espaces en salles de spectacles et de théâtre.

Pour cette année, ils ont choisi dix espaces où seront installées des scènes avec les systèmes son et lumières.

Lesquels ?

Nous avons commencé à Tamanrasset à l’hôtel Tahat où sera ouvert un café-théâtre de 150 places. Le deuxième espace ouvrira en avril prochain et sera dédié uniquement à la marionnette, situé au complexe thermal de Hammam Bouhadjar (Ain Temouchent). Il s’agit d’une ancienne salle de cinéma fermée depuis des années.

Mon idée est que l’espace soit exploité par le TRO. Nous pouvons déplacer nos spectacles dans cet espace. Les clients du complexe, surtout les familles, seront sûrement intéressés par les spectacles qui seront proposés.

Il y a aussi d’autres salles aux complexes Hammadites à Béjaïa, la Corne d’or et CET à Tipaza ainsi que des stations thermales à Sétif, à Guelma et à Ain Defla (Hammam Righa). Il s’agit, dans un premier temps, d’une dizaine d’espaces. C’est un projet du ministère du Tourisme, j’agis en tant qu’expert du ministère de la Culture. Je souhaite seulement être porté en tant que membre fondateur dans ces espaces.

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