Mohamed Ferkioui, une longue histoire avec le Châabi

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le musicien Mohamed Ferkioui
le musicien Mohamed Ferkioui
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Le musicien Mohamed Ferkioui est décédé à Alger, ce mercredi 15 juillet 2020, à l’âge de 80 ans. Le nom de Mohamed Ferkioui est intimement lié à l’histoire de la musique châabie à Alger. Il a pendant longtemps accompagné El Hadj M’Hamed El Anka. Il était son élève dans la classe châabi du Conservatoire municipal de musique et de déclamation d’Alger dans les années 1950.

Une classe ouverte par El Anka et installée dans la cave du Conservatoire avant de passer aux étages supérieures. Plus de 200 élèves s’étaient inscrits à l’époque aux classes d’El Anka. Un véritable succès. Durant ces années, seule la musique andalouse était enseignée à Alger (l’accès au Conservatoire de musique n’avait été accordé aux algériens qu’à partir de 1947).

Mohamed Ferkioui, qui avait obtenu des diplômes en 1953 et en 1955, décrochait le premier prix en 1956. Il a appris le jeu compliqué de l’accordéon avant de se mettre au piano. « Je ne joue pas uniquement l’accordéon, je danse avec, comme je l’aurai fait avec une femme », disait-il. En 1957, il était déjà chef d’orchestre à l’Opéra d’Alger. Pendant plus de vingt ans, il était sur scène avec El Hadj M’Hamed El Anka en tant que chef d’orchestre. Comme il était aux côtés d’autres chanteurs à l’image de Dahmane El Harrachi, Boudjemaa El Ankis, Amar El Achab et El Hachemi Guerouabi.

El Gusto, en son et en images

Avec Mustapha Tahmi, ami proche d’El Anka, il passait beaucoup de temps aux côtés du Cardinal aux Cafés Malakoff et au Café des Sports. Comme, il participait, durant les Ramadhan, aux soirées musicales dans les maisons de la Casbah. Loin de la scène et des soirées châabi, Mohamed Ferkioui travaillait durant les journées dans son atelier de fabrication d’objets d’art, de miroirs et de coffres au niveau de la basse Casbah. C’est là qu’il rencontrait l’algéro-irlandaise Safinez Bousbia en 2003. Le projet culturel El Gusto était né de cette rencontre inattendue.

« Le projet El Gosto est né dans ma boutique à la Casbah d’Alger. Un ange est venu illuminer mon espace, une femme qui parle en anglais et qui se faisait traduire par un homme. Il m’a dit qu’elle voulait acheter le miroir. Elle m’a offert le double du prix. Elle a ensuite vu les photos en noir et blanc des musiciens accrochées au mur de la boutique. Elle m’a dit : « tu es un artiste et tu là ». Je lui ai dit que mon gusto est la fabrication des ces objets. Deux jours plus tard, elle est revenue et le travail a commencé », a raconté Mohamed Ferkioui.

Fin 2007, Safinez Bousbia lui a demandé de rassembler tous les musiciens qu’il connaît à Alger pour former le grand orchestre d’El Gusto. Safinez Bousbia a, de son côté, passé deux ans à la recherche de tous les musiciens ayant eu un lien avec le châabi.

Robert Castel, Maurice El Medioni et les autres

En France, elle est allée à la rencontre, entre autres, des chanteurs et musiciens juifs ayant vécu en Algérie, à Alger et à Oran, comme Luc Cherki, René Perez, Maurice El Medioni et Robert Castel (fils de Lili Labassi auteur de la célèbre chanson « Wahran El Bahia »). « Lorsqu’ils sont revenus en Algérie, certains pleuraient », se souvenait Mohamed Ferkioui qui avait connu Lili Labassi.

Il s’est fait aider pour la composition de l’orchestre et le choix des chansons et des Qcid par Rachid Berkani, El Hadi El Anka et Abdelmadjid Meskoud. L’orchestre rassemblait des musiciens châabi au long parcours comme Ahmed Bernaoui et Mustapha Tahmi. « L’Orchestre a été renforcé par de jeunes musiciens pour assurer la relève. Nous avons fait de la musique sans distinction de races, de religion ou d’âge », a expliqué Rachid Berkani.

Abdelkader Chercham, Cheikh Lyamine et d’autres étaient embarqués dans l’aventure musicale aussi. Une quarantaine de concerts ont été animés entre 2008 et 2016 par l’Orchestre d’El Gusto en Espagne, en France, aux Etats Unis, au Maroc, en Tunisie, en Norvège, au Royaume Uni, en Allemagne, en Suisse et ailleurs dans le monde. Un album a été produit à cette occasion. A chaque fois, Mohamed Ferkioui montait sur scène avec son accordéon, un bonnet noir lui couvrant les cheveux. Safinez Bousbia a expliqué en détail son expérience avec Mohamed Ferkioui et les autres artistes dans le documentaire « El Gusto », sorti en 2011. 

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