Modernités artistiques et changements sociaux

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Modernités artistiques et changements sociaux
Tableau Benanteur
Google Actualites 24H Algerie

Les modernités artistiques arabes, comme ailleurs dans le monde, précèdent et accompagnent les changements sociaux et politiques. Depuis le début du XXe siècle dans le monde arabe, on remarque trois foyers de création régionaux :

         l’Égypte durant la Nahda dans la première moitié du XXe siècle,

         le Machrek panarabe à partir des années 1950 

         le Maghreb post-colonial dès les années 1960.

         la mondialisation permettra l’avènement d’une scène artistique arabe dés les années 2000.

Au tournant du XXIe siècle, deux dynamiques culturelles se développèrent dans cette région du monde auxquelles vont s’agréger des villes monde comme Paris ou New York .

Tableau Tamari Vladimir

D’une part, l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes, qui s’est émancipée des voies classiques de la représentation, explore de nouveaux médiums pour rendre compte des enjeux culturels et sociaux de notre époque.

D’autre part, l’avènement des États arabes du Golfe inscrit principalement dans une politique de soft power (comme aux USA pour concurrencer la domination de l’Europe et de l’école de Paris en particulier ) sur l’échiquier artistique avec des grandes maisons de vente aux enchères internationales et en créant des  infrastructures muséales à forte visibilité internationale . Ils  sont devenus le centre du marché de l’art du monde arabe et plus largement du Moyen-Orient et de sa diffusion.

Seulement, un soft power durable et crédible requiert une participation active et une libre expression des artistes, des intellectuels et de la société civile. Il est à noter que de nombreux artistes contemporains arabes qui n’adhèrent pas à leur modèle y sont censurés voire bannis de leurs institutions ou manifestations.

L’histoire des modernités arabes ne peut se concevoir sans les apports essentiels de des diasporas qui, stimulées dans leur exil par leurs confrontations aux avant-gardes occidentales, ont contribué à la renaissance culturelle arabe.

Ainsi des peintres pionniers égyptiens tels que Georges Sabbagh, qui s’installe à Paris en 1906, suivi par Mahmoud Mokhtar en 1911 et Mohamed Naghi en 1918, s’y sont familiarisés avec l’art moderne avant leur retour en Égypte dans les années 1930, pour y édifier leur modernité en adéquation avec les aspirations de la Nahda.

Tableau Cherkaoui

Dans les années d’après-guerre, plusieurs jeunes artistes maghrébins, qui accomplissent à leur tour leur formation dans la capitale française, ont intégré la Nouvelle École de Paris et y apportent leur contribution individuelle, en sondant leurs racines culturelles et en explorant une esthétique de synthèse moderne entre les arts de

l’Orient et de l’Occident, à l’instar de Cherkaoui, Benanteur ou Ben Bella.

Shafic Abboud (Liban) et Abdallah Benanteur (Algérie) exposaient régulièrement dans des galeries parisiennes depuis les années 1950 . D’autres sont arrivés à Paris dans les années 1970, comme l’Égyptien Adam Henein, l’Irakien Mehdi Moutashar .

D’autres artistes de la diaspora se sont établis à Londres, comme l’Irakien Dia Azzawi et le Libanais Saliba Douaihy, ou à Berlin, comme le Syrien Marwan Kassab Bachi.

le Soudanais Mohammad Omer Khalil et la Palestinienne Samia Halaby vivaient et travaillaient à New York .

Les revues culturelles dans le monde arabe ont aussi joué la fonction émancipatrice et se sont imposées comme des lieux d’échange où s’exprimaient peintres, écrivains et poètes, et dont l’influence a été déterminante dans la diffusion des idées esthétiques et politiques modernes au siècle dernier (la revue Al Tattawor (L’évolution), fondée au Caire en 1940 par le groupe Art et Liberté, d’obédience surréaliste visait à l’émancipation sociale et à l’éclosion d’une sensibilité artistique moderne en Égypte, la revue poétique Chi’r (Poésie), fondée en 1957 par les poètes Adonis et Yusuf Al-Khal puis Mawaqif .

Au Maghreb ce sera  la revue Souffles, créée par le poète Abdellatif Laâbi en 1966, qui a cristallisé autour d’elle toutes les énergies créatrices marocaines mais aussi Algérie Litterature Action créée par Marie Virolle .

Tableau Yasser Ameur

Aujourd’hui, les médias numériques et les réseaux sociaux sont devenus des parties prenantes de la vie culturelle, de la vie professionnelle des artistes et de la vie des institutions culturelles. Ils ont la faveur de la jeunesse du monde arabe et contribuent à l’émancipation sociale et artistique .

Depuis les années 2010, grâce à aux nouvelles technologies mais aussi à cause de la mondialisation et ses bouleversements économiques et géopolitiques, les artistes algériens entraient en rébellion dans une société cadenassée, figée sur le plan sociétal et politique .

C’est ainsi qu’on verra éclore en Algérie une nouvelle génération d’artistes qui a son tour interpelle la société : Yasser Ameur, Bardi, El Meya… pour n’en citer que quelques uns sans oublier sa littérature, son cinéma qui lui, malgré les faibles soutiens institutionnels, est (comme le souligne l’universitaire spécialiste du cinéma et réalisateur Naïm Ait Sidhoum ) un des plus prometteurs au monde !

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