Médias: Liberté s’éteint, Rebrab s’explique

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Médias: Liberté s'éteint, Rebrab s'explique
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Le numéro 9051 est le dernier du quotidien national Liberté. Dans son édition de ce jeudi 14 avril 2022, le journal dit “Merci et au revoir” à ses lecteurs.
“Le rideau esr tombé sur “Liberté”, note journal, votre journal, qui a porté trente ans durant, les idéaux de démocratie et de liberté et constitué le porte-voix de l’Algérie qui avance”, écrit Liberté en Une, couleur bleu-ciel barrée d’un bandeau noir pour signifier le deuil. 

Dilem publie son dernier dessin montrant un cercueil, un marteau et un clou, sous le titre “le dernier bouclage”.


“Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres”, écrit Abrous Outoudert, directeur de la publication et gérant.


“La dernière réunion de rédaction d’hier a été consacrée à une sorte de thérapie collective où chacun avait à évoquer son passage au journal. En plus de l’émotion, ce qui ressort des prises de parole des uns et des autres est cette fierté du devoir accompli pour accompagner des pans entiers de la société civile en leur donnant la parole et en leur ouvrant les colonnes du journal pour porter leur voix et leurs revendications légitimes”, a-t-il ajouté.


Dans une déclaration, publiée en page deux, l’homme d’affaires Issad Rebrab explique sa décision de fermer définitivement le journal Liberté dont il est propriétaire.


“Le journal distribué à perte”

“Aux concitoyens et amis du journal ayant exprimé leur souhait de voir sa parution se poursuivre et à ceux n’en ayant pas compris les motifs, je confirme que sa situation économique ne lui permet qu’un court et vain sursis. Ce quotidien d’information a été proposé à la vente mais il a été victime, comme beaucoup de supports de presse, de l’évolution mondiale des comportements des lecteurs qui s’oriente vers la presse électronique”, souligne-t-il.


Et d’ajouter : “Le problème procède autant de l’état général récessif de la presse papier que du contexte commercial qui prive le journal de la contribution de vitales annonces publicitaires et de l’amenuisement accéléré du lectorat. Depuis un temps, le journal est distribué à perte. Et la perspective n’est point encourageante. La décision est aussi à replacer dans un contexte plus large d’évolution dans l’organisation des activités que j’ai, jusqu’ici, initiée et dirigée”.


Rebrab dit prendre sa retraite

L’homme d’affaires dit avoir placé son groupe Cevital dans une perspective d’un nouveau départ “devant faire suite à mon retrait de la vie active que mon âge a rendu nécessaire et que j’annoncerai prochainement”.


“Au moment où je prends enfin une retraite effective, j’ai voulu faire en sorte que la relève qui me succédera puisse se consacrer au seul impératif de développement des activités industrielles du groupe, libérées des contraintes particulières de gestion d’une entreprise de presse”, précise-t-il encore. Le 3 avril 2022, le collectif de Liberté a publié un communiqué pour dire être surpris par la décision du propriétaire Issad Rebrab de fermer le journal.


“Décision inattendue”

“Cette décision inattendue intervient au moment où le journal a engagé un train de mesures visant le redressement de la situation économique de l’entreprise. Dans la perspective de redéploiement du journal, un plan social a été opéré et un nouveau site électronique inauguré. Au demeurant, la société éditrice dispose encore de ressources financières suffisantes pour lui permettre de continuer à exister. Malgré un environnement contraignant, Liberté demeure une entreprise de presse viable”, a écrit le collectif allant à contre-sens de ce que dit le propriétaire.
Et de poursuivre :
“Le collectif n’a donc pas saisi les véritables raisons qui ont motivé la décision de fermeture du journal. Il a, en outre, sollicité une entrevue avec M. Rebrab pour lui proposer des alternatives. En vain !”.
Le journal annonce en dernière page de ce jeudi 14 avril que ses archives  seront conservées et seront accessibles pour les lecteurs, les étudiants et les chercheurs.

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1 commentaire

  1. Il est important de se pencher serieusement sur la place qu’occupe la presse écrite notamment la presse d’expression française où seul ElMoudjahid , journal de l’État , distribué à toutes les administrations, tient encore. Pour le reste , née dans le tumulte des troubles d’octobre 1988, la presse indépendante algérienne ne survit plus que grâce à l’abnégation de ses promoteurs et journalistes, ainsi qu’à la charité de certains patrons philanthropes. Otages d’un ordre politique de plus en plus répressif, d’un modèle économique obsolète, mais aussi d’une gloutonnerie effrénée de certains éditeurs, les rédactions algéroises ne comptent plus aujourd’hui le nombre de titres qui disparaissent, sans que cela ne suscite la moindre émotion. Vingt-six titres, dont près de la moitié d’expression française, ont cessé de paraître entre 2014 et 2017.
    Plus exposés que d’autres, les journaux independants d’expression française se réduisent comme une peau de chagrin. Au total, plus d’une quarantaine de titres ont disparu depuis les années 1990, d’Algérie-Actualité à La Tribune, en passant par La Nation, Le Quotidien d’Algérie et Le Matin.
    Aujourd’hui c’est au tour de LIBERTÉ de mettre la clé sous le paillasson , ceci à cause une lutte idéologique plaçant la langue française face à la langue arabe. Le résultat est connu d’avance.

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