Mali : Coup d’Etat par “consentement” et vagues promesses des putschistes

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Les putschistes ont fait une vague promesse d'un retour aux urnes dans un "délai raisonnable" (DR)
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Renversé par les militaires, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a annoncé lui-même, dans la soirée du mardi, à la télévision sa “démission” et ses “remerciements” tout en faisant le vide avec la “la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement”. A défaut d’avoir tiré à temps les conclusions d’une contestation généralisée de son pouvoir, IBK a remis le Mali, une fois de plus, dans la tradition africaine des putschs.

Arrêté mardi et conduit dans le camp de Kati, au nord de la capitale, base de départ du mouvement putschiste, le désormais ex-président malien a concédé sous la contrainte ce que la rue lui demandait de manière pacifique depuis des mois. Au peuple malien donc ses remerciements tardifs pour “son accompagnement au long de ces longues années”.

“Si aujourd’hui il a plu à certains éléments de nos forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix ? », a déclaré IBK, avant d’affirmer avoir accepté de s’y « soumettre, car je ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour mon maintien aux affaires ». « C’est pourquoi je voudrais en ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement au long de ces longues années et la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment ».

Des élections dans un “délai raisonnable”

Mais le consentement apparent de IBK ne masque pas le fait qu’il s’agit d’un coup d’Etat où les militaires se débarrassent d’un président contesté sans pour autant s’engager clairement sur l’avenir. L’Union Africaine qui a décidé il y a plusieurs années de ne plus tolérer les coups d’Etat a du souci à se faire. Le coup d’Etat par “consentement” au Mali risque de faire des émules dans la région en proie aux effets cumulés des crises économiques et sociales avec la montée des activités des groupes armés. Les militaires maliens qui ont pris le pouvoir ont annoncé la création d’un Comité national pour le salut du peuple” et ont déployé l’argumentaire-type du coup d’Etat : stopper le “chaos, l’anarchie et l’insécurité” provoqués par les “hommes chargés de sa destinée”. Le porte-parole des putschistes, le colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air a parlé d’une “transition politique civile” qui devrait conduire à des élections générales dans un “délai raisonnable”. Aucune idée de la durée de ce “délai”.

Réactions négatives à l’extérieur


Pas de quoi rassurer l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao, qui a condamné l’action de “militaires putschistes” et a pris une série de mesures d’effet immédiat pour isoler le Mali. L’organisation régionale “condamne avec la plus grande fermeté le renversement par des militaires putschistes du gouvernement démocratiquement élu du président Ibrahim Boubacar Keïta”, selon un communiqué. La Cédéao “dénie catégoriquement toute forme de légitimité aux putschistes et exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel”, indique-t-elle dans un communiqué.

Elle “exige la libération immédiate” du président malien et “de tous les officiels arrêtés”. La Cédéao “suspend” le Mali de tous ses organes de décision “avec effet immédiat». Elle “décide de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les (autres) pays membres de la Cédéao et le Mali”.

Réactions tout aussi négatives de l’ONU, de l’UE et de la France qui est militairement engagé dans le pays et dans l’ensemble de la région sahélienne. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé à la “libération immédiate et sans conditions” du président malien et au “rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel”. Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira aujourd’hui mercredi en urgence au sujet de la crise au Mali, à la demande de la France et du Niger.

Pour rappel, lors des sommets africains d’Alger (1999) et de Lomé (2000), les dirigeants africains, dont certains étaient issus de putschs, avaient adopté des résolutions condamnant toute prise du pouvoir par des voies anticonstitutionnelles. Selon l’acte constitutif de l’Union Africaine, un coup d’Etat entraîne automatiquement la suspension du pays concerné des instances de l’organisation. Cela jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel. Dans les faits, l’organisation africaine, qui a condamné l’arrestation d’IBK, s’est accommodée à plusieurs reprises de manquements à ce principe.

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