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Aller en Andalousie, c’est bien sur visiter l’Alhambra à Grenade. Mais ne pas aller à Madinat Al Zahraa à Cordoue, c’est comme aller à la Mecque sans aller à Médine.

Madinat Al-Zahraa ou Azahara, المدينة الزهراء en arabe est revenue dans les actualités après la décision annoncée le 1er juillet 2018 de son classement au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Le site “apporte une connaissance approfondie de la civilisation islamique occidentale d’Al-Andalus, aujourd’hui disparue, au sommet de sa splendeur”, a indiqué l’Unesco dans un communiqué.

Cette ville construite, selon la légende, pour l’amour d’une femme, Azahraa, est un joyau de l’architecture qui a inspiré les écrivains et les poète. A l’image d’Ibn Zeydoun parlant de sa Wallada: “et je t’ai évoquée à Zahraa avec nostalgie..”.

Les historiens avancent des explications plus politiques pour expliquer l’édification de la ville, le nouveau calife voulant marquer sa grandeur par rapport aux Fatimides d’Ifriqiya avec qui il est en conflit. Mais la légende continue à résister aidée, il est vrai, par la poésie liée à ces lieux de grandes splendeurs au pied de la Sierra Morena, sur les pentes de Jebel al-Arus ( la “Colline de la Mariée”).

Aller en Andalousie, c’est bien sur visiter l’Alhambra à Grenade. Mais ne pas aller à Madinat Azahara’a à Cordoue, c’est comme aller à la Mecque sans aller à Médine. Un classement de l’Unesco est utile car il sert à vous rappeler des lieux que l’on doit visiter. Même si d’ailleurs des andalous fiers de ce classement se demandent si Cordoue “a besoin de plus de touristes”.

Pour le moment, la question se pose de moins en moins tant L’obtention du visa semble être redevenu un objectif impossible.  24H Algérie vous propose en attendant que cela se “débloque” de faire un voyage en photo dans cette médina chargée de légendes en raison de sa beauté, sa splendeur et ses secrets.

La porte principale de la cité califale (crédit: Ghada Hamrouche)

 La Médina Azahara qui a fait rêver les poètes se trouve à un peu plus de 7 kilomètres  de Cordoue la capitale du Califat musulman en Andalousie. C’est sous un soleil de plomb – c’est souvent le cas en Andalousie, durant l’été – que nous nous étions approchés de cette cité qui témoigne toujours du passage d’une civilisation raffinée et qui continue, à ce jour, de faire la réputation de la péninsule ibérique.

C’est un soleil qui éblouit avec une luminosité puissante qui accueille le visiteur qui va apprendre que cette médina, si proche de  Cordoue, est associé à l’un des des plus brillants gouverneurs arabes de l’Andalousie. Abderahmane III, petit-fils de Abderrahmane Al Dakhil, premier calife en terre ibérique.

L’édifice central de la Medina Azahara (crédit: Ghada Hamrouche)

Abderahmane III décide de construire sa ville platine, symbole de la puissance de son règne à l’instar de ce que faisaient les califes abbassides en Orient.   C’est  en 940 qu’il a décidé de construire sa ville dont les travaux vont durer  près de 40 ans.  C’est un quadrilatère de 1 500 mètres sur 700 formant un rectangle de près 112 hectares.

L’emplacement de la ville a été choisi pour permettre une construction hiérarchique. La ville de Cordoue et les plaines au-delà du palais sont ainsi, dominées physiquement et visuellement par les bâtiments de la médina.

Les ruines de la cité califale domine toujours Cordoue et ses villages avoisinants  (crédit: Ghada Hamrouche)

Selon les guides du musée, 10 000 travailleurs ont participé à sa construction. On y taillait 6000 pierres quotidiennement et 4000 colonnes ont été amenées de contrées éloignées.  Ces chiffres, dit-on, longtemps considérés comme exagérés ont été confirmés par l’avancée des travaux au niveau du site archéologique et le déterrement de nouveaux vestiges.

Au fil des années, l’art de l’époque califale s’affirme et souligne l’émergence d’une architecture andalouse où se confondent les influences orientales, byzantines et maghrébines donnant naissance à de nouvelles formes uniques en leurs temps.

L’entrée de la résidence du Premier ministre Jaafar (crédit: Ghada Hamrouche)

Du pavillon du jardin à dar al Milk, en passant par la maison des vizirs et Dar al Jund, l’agencement de la médina souligne l’apogée de l’art califal. La petite mosquée de la cité ressemble tellement à la grande mosquée de Cordoue, qu’on l’a appelée “la petite sœur” de la sublime Mezquita-cathédrale.  

Les ruines de la mosquée de Azahara (crédit: Ghada Hamrouche)

Pour amener l’eau abondante nécessaire aux  parcs et aux jardins floraux dans ces terres arides, Abd al-Rahman III commanda la construction d’une canalisation en plomb pour la première fois dans l’histoire. Celle-ci parcourt les montagnes, traverse les vallées par des aqueducs. Elle est considérée aujourd’hui comme l’une des réalisations les plus admirables du calife.

Les jardins de la cité califale  (crédit: Ghada Hamrouche)

Cette cité rayonne alors et devient haut lieu de sciences et de savoir. Elle donne naissance notamment au célèbre médecin Abu Al Qacem Khalaf ibn Abbes al Zahraoui أبو القاسم خلف بن عباس الزهراويconnu en Occident sous le nom de Albucasis. Considéré comme l’un des plus grands chirurgiens du monde musulman, il est sans conteste un des pères de la chirurgie moderne.

Après 40 ans de construction, la ville sera ravagée  37 ans plus tard, en  1011 par des troupes berbères qui soutiennent  Souleyman Ibn Al Hakam Al Amaoui (Ommeyades) contre le calife Hicham II.  

La prise de la cité donne lieu à des pillages, des massacres. Elle est est abandonnée après la guerre civile en 1031.   

Exhumée en 1911, on n’a réussi aujourd’hui à sortir de la terre que 10% de ce qui fût “la brillante ville” de Abderahmane III. C’est dire qu’elle a encore des secrets à livrer….

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2 Commentaires

  1. Beau reportage dont je partage le contenu. J’ai visité tous les lieux cités. Et j’en garde un excellent souvenir
    Merci pour ce beau voyage virtuel

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