Lynda Sellam, commissaire du Festival national de la production théâtrale féminine d’Annaba “Au théâtre, en Algérie, les femmes sont surtout des comédiennes”

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Lynda Sellam, commissaire du Festival national de la production théâtrale féminine d'Annaba "Au théâtre, en Algérie, les femmes sont surtout des comédiennes"
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Lynda Sellam est comédienne et commissaire du Festival culturel national de la production théâtrale féminine d’Annaba. Le festival sera organisé du 27 au 30 novembre 2022 au Théâtre régional Azzedine Medjoubi d’Annaba (TRA).

Le Festival culturel national de la production théâtrale féminine d’Annaba marque un retour après un arrêt de sept ans. Pourquoi cet arrêt ? Et qu’est-ce qui marque cette cinquième édition ?


Le festival s’est arrêté sur décision d’Azzeddine Mihoubi lorsqu’il était ministre de la Culture. Il n’a donné aucune explication à cette décision. Il aurait dit en coulisses que le festival était inutile et qu’il ne rapportait rien de nouveau. Selon lui, le Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP) et le Festival international de théâtre de Béjaïa étaient suffisants.


J’ai participé à l’organisation de quatre éditions de ce festival lancé par Sonia en janvier 2012. Nous avons travaillé pour que cette manifestation s’impose sur la scène culturelle nationale. Les quatre éditions étaient réussies. Des hommages ont été rendus entre 2012 et 2015 aux comédiennes Keltoum, Wafia, Yasmina Douar, Fatiha Berber et Lilliane El Hachemi. Le festival grandit au fil des ans avec le soutien du public et de la presse avant qu’il ne soit brusquement arrêté.


Là, il faut donc rattraper le temps perdu…


Oui. Ce n’est pas facile de reprendre un festival après sept ans de rupture. Il s’agit presque de reprendre tout à zéro. Notre grand souhait est de réussir. La reprise du festival offre une nouvelle occasion aux créatrices. Au théâtre, en Algérie, les femmes sont surtout des comédiennes. Ce que nous avons retenu des précédentes éditions du festival est que les femmes peuvent assurer la mise en scène. Nous avons assisté à des spectacles de qualité mis en scène par des femmes. Il faut donc élargir ce champ de la création. Nous n’allons pas attendre que des metteurs en scène, hommes, daignent nous distribuer dans leurs pièces. Il faut arriver à une concurrence entre les metteurs en scène des deux sexes. Il s’agit aussi d’attirer le public vers le théâtre fait par des femmes. Les productions primées au festival d’Annaba peuvent faire des tournées après.


Parlez-nous de l’hommage que vous consacrez à Sonia lors de l’édition de ce festival ?


Nous rendons hommage à Sonia, la comédienne et la metteure en scène, qui était commissaire de ce festival et directrice du TRA. Durant les quatre éditions du festival qu’elle avait dirigées, Sonia a rendu des hommages à plusieurs artistes algériennes. C’est notre tour de lui rendre un hommage qui est largement mérité. Sonia a marqué l’histoire du théâtre algérien. La reprise du festival d’Annaba est aussi une manière de lui rendre hommage. Nous devons continuer ce qu’elle a entamé.


Comment s’est faite la programmation des spectacles de cette 5ème édition du festival ?


Lors des précédentes éditions, tous les spectacles proposés et qui répondaient aux conditions du festival étaient acceptés pour être programmés. Cette fois-ci, nous avons installé un comité de sélection pour choisir les spectacles à programmer. Un comité composé de Fatiha Soltane, Kamel Rouini et Mohamed Yargui. Un rapport a été établi et six spectacles répondant aux conditions de participation ont été finalement retenus pour être présentés au public durant les quatre jours du festival. La durée du festival a été réduite de 50 % pour des considérations budgétaires.


Nous voulions inviter un grand nombre d’artistes algériens pour assister à la reprise du festival, mais ce n’était pas possible. Je souhaite que les artistes, qui n’ont pas été invités à cette édition, comprennent que cela est lié au temps court de préparation du festival et au budget limité alloué à la manifestation. Je regrette qu’ils ne soient pas présents. Pour la prochaine édition, nous allons veiller à inviter les artistes, qui ne l’ont pas été cette année. J’espère qu’ils soient compréhensifs.  


Le festival célèbre aussi le 60ème anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale ?


Le festival rendra hommage aux femmes algériennes qui ont milité durant la guerre de libération nationale.

Les moudjahidates seront à l’honneur à travers le spectacle d’ouverture et un débat. Une exposition photos est prévue dans la hall du TRA sur la troupe théâtrale du FLN. Avec l’appui du ministère des Moudjahidine, nous organisons aussi une exposition photos sur les femmes combattantes et les femmes martyres. J’ajoute que nous avons programmé aussi au niveau de la Bibliothèque publique Barkat Slimane une lecture de textes de Bouziane Benachour et de Mourad Senouci.

Le dramaturge et écrivain Bouziane Benachour lira le texte “Valiset Si Amar” (la valise de Si Amar) et le dramaturge et directeur du Théâtre régional Abdelkader Alloula d’Oran Mourad Senouci lira une adaptation au théâtre du roman “Syngué sabour”( “Pierre de patience”) de l’écrivain afghan Atiq Rahimi. Il s’agit surtout d’ouvrir un débat entre le public et les auteurs sur le contenu de leurs textes. 

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