Le silence de l’université algérienne face à la crise sanitaire de la covid 19
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La solution de facilité, mais inévitable, de fermer les universités durant cette crise sanitaire va avoir un impact certain sur notre système d’enseignement supérieur, déjà peu performant. L’alternative proposée par la tutelle de continuer l’année universitaire en assurant des cours soit en ligne ou enregistrés et mis à la disposition des étudiants s’avère inopérante. Elle a en outre exclu de fait l’implication de nos étudiants dans la réflexion sur cette crise sanitaire majeure qui menace leur société.

Mais, arrêtons-nous un peu sur cet enseignement d’accommodement, lequel enseignement soulève quelques interrogations quant à sa forme et à son contenu. Alors que nous n’avons aucun système fiable d’évaluation pour pouvoir se prononcer sur les contenus de ces cours et leur réception par les étudiants.

Ce qui est vrai en revanche c’est que nous ne disposons pas d’environnement numérique d’apprentissage, qui comprend des outils de diffusion de cours, lesquels outils permettent l’interaction entre étudiants et professeurs, et un protocole d’évaluation du système qui serait à même de désigner avec impartialité les failles détectées. Déjà à peine si nos universités disposent de site internet. Tandis que le pays tente de réduire ce qui est souvent désigné sous le vocable de « fracture numérique » et qui prend dans notre cas deux formes différentes ; disparités quant à l’accès à l’internet à l’intérieur de notre société et disparités par comparaison aux pays développés.

Si on rajoute à cette double contrainte l’origine sociale de la majorité de nos étudiants, et là encore nous n’avons pas de données fiables, qui ne disposent pas tous d’outils informatiques, nous avons de quoi faire des hypothèses sur la faillite de cette démarche.

Alors que nombreux sont les jeunes universitaires étudiants et apprentis chercheurs algériens qui veulent s’impliquer dans la résolution des problèmes qui se posent à leur société. Ces jeunes sont dynamiques, ils ont la volonté mais ont-ils les moyens, le cadre et la latitude pour le faire?

Bien entendu, la crise sanitaire de la covid 19 qui a ébranlé le monde entier a rendu plus visibles les réalités des systèmes universitaires. Les universités performantes, et ce n’est pas un hasard si elles se trouvent en tête des classements mondiaux, ont maintenu l’interaction entre étudiants et enseignants. Mieux encore, elles ont participé activement dans la gestion de la crise sanitaire de leurs pays à travers la multitude d’activités scientifiques qu’elles ont développées. Les autres, habituées à ne pas être impliquées dans la vie sociale, elles ont brillé par leur silence.

Nous avons vu comment à travers beaucoup de pays, des jeunes universitaires, de toutes les disciplines confondues se sont fortement impliqués en travaillant avec leurs enseignants sur des réponses à la crise à partir de leurs connaissances. Le mode de fonctionnement de ces universités a permis, dès l’éclosion de la crise, de constituer des groupes de chercheurs et d’étudiants autonomes, ou affiliés à des laboratoires de recherche avec pour mission de comprendre la crise sanitaire, apporter des solutions et soutenir les efforts de leurs sociétés. Habituées à avoir des relations avec aussi bien le monde économique, politique social et syndical, ces systèmes universitaires ont canalisé les expertises, fait le relais entre les différents acteurs, travaillé sur des solutions qui ont été intégrées dans le processus décisionnel des politiques. Autrement dit, les universités de ces pays se sont montrées, et c’est la tradition de ces sociétés, comme de véritables acteurs dans la mise en place des politiques publiques.

En Algérie, la paralysie du système universitaire a bloqué toutes les initiatives, et il y en a eu! Le retard technologique, secondé par l’absence des données fiables sur l’ensemble des secteurs d’activités, en plus de la faiblesse des structures de recherche a eu pour effet le repli des universitaires (étudiants, apprentis chercheurs et chercheurs confirmés). Surtout lorsqu’ on sait que les laboratoires de recherche sont dans l’incapacité de produire des données vu le peu de moyens dont ils disposent (financiers, techniques, technologiques…etc). Une problématique qui se pose avec plus d’acuité pour les sciences humaines et sociales car, non seulement nous ne disposons pas de beaucoup de données sur la réalité sociale, qu’elles soient qualitatives ou quantitatives, mais les chercheurs de ces disciplines sont empêchés dans leur démarche de captation de cette réalité.

Le résultat est que nos universités, qui sont à l’arrêt depuis mars dernier, sont incapable de problématiser à partir de la crise sanitaire de la covid 19 et, par conséquent, ne pourront en tirer aucun enseignement pour l’avenir. 

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