L’Algérie sera représentée par le Premier ministre Aimen Benabderrahmane au 32ème Sommet arabe, prévu ce vendredi 19 mai à Jeddah.
“Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a chargé le Premier ministre, M. Aïmene Benabderrahmane, de le représenter aux travaux de la 32ème session ordinaire du Conseil de la Ligue arabe au niveau du Sommet, prévue vendredi 19 mai à Jeddah au Royaume d’Arabie saoudite, pays frère”, annonce la Présidence de la République, dans un communiqué, publié jeudi 18 mai, au soir.
La présidence de la République n’a pas fourni d’explications sur l’absence du chef de l’Etat alors qu’il est président en exercice du Conseil de la Ligue arabe au sommet.
Le président Tebboune a, selon l’agence APS, reçu la lettre d’invitation au sommet arabe de Jeddah à travers l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Alger, Abdullah Bin Nasser Al-Bassiri. Une lettre signée par le roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud, remise le jeudi 11 mai au ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf.
Mardi 9 mai, le ministre des Affaires étrangères saoudien Faisal Bin Farhan Al Saud est venu à Alger et a souligné, après une audience avec le président Tebboune au Palais d’El Mouradia, “la convergence totale” des vues entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite sur “les questions d’intérêt commun”.
L’invitation de Zelensky agace Alger
L’invitation surprise adressée au président ukrainien Volodymyr Zelensky à assister au sommet de Jeddah a irrité au plus haut point Alger. Un agacement exprimé par plusieurs commentaires dans les journaux algériens à l’image d’El Khabar, du Soir d’Algérie et de l’Expression, citant des “sources diplomatiques”. Des journaux qui ont critiqué le prince héritier Mohamed Ben Salmane (MBS) qui serait à l’origine de l’invitation du chef d’Etat d’Ukraine, un pays en guerre depuis quinze mois avec la Russie. Une décision qualifiée d’unilatérale.
El Khabar a rappelé qu’habituellement, les chefs d’Etat, hors zone arabe, ne sont pas invités au sommet de la Ligue arabe.
“Seuls les responsables des organisations internationales et régionales, comme les Nations Unies, l’Union africaine, l’Organisation des pays non alignés ou le Parlement arabe sont conviés au sommet(…) Cela soulève de nombreuses questions sur les buts et objectifs d’une telle démarche, d’autant plus que la majorité des pays arabes avaient adopté des positions neutres vis-à-vis du conflit russo-ukrainien, et que la Ligue arabe elle-même a formé une délégation ministérielle arabe qui a fait des efforts de médiation entre Moscou et Kiev dans le but d’arrêter le conflit et de se réunir autour de la table de dialogue pour discuter des solutions de paix possibles”, a écrit El Khabar.
Enterrement de “l’initiative arabe” de médiation entre Moscou et Kiev ?
“En avril 2022, une délégation du Groupe de contact de la Ligue arabe, conduite par le secrétaire général de l’organisation panarabe, Ahmed Aboul Gheit, s’est rendue à Moscou et à Varsovie en Pologne, avec à l’ordre du jour l’examen de la situation en Ukraine. Ben Salmane qui ouvre ainsi grandes les portes de la Ligue arabe au président ukrainien vient d’enterrer définitivement cette initiative et de rompre avec la neutralité positive que doivent observer les Etats arabes. Son initiative unilatérale est inacceptable. Veut-il à ce point plaire aux Occidentaux ou croit-il trouver une parade pour se faire pardonner le drame Khashoggi?”, s’est interrogé, pour sa part, l’Expression.
Le 2 octobre 2018, le journaliste saoudien opposant Jamal Khashoggi, a été assassiné dans des conditions encore imprécises au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie.
Samedi 22 octobre 2022, Mohammed Ben Salmane a décliné l’invitation d’assister au 31ème sommet arabe d’Alger. “Il s’est excusé de ne pas pouvoir participer au Sommet arabe devant se tenir le 1er novembre à Alger, conformément aux recommandations des médecins qui lui déconseillent les voyages”, a précisé un communiqué de la Présidence de la République. L’Arabie Saoudite a été représentée au sommet d’Alger par son ministre des Affaires étrangères, Fayçal Bin Farhane.
Bachar Al Assad assiste au sommet arabe, après 13 ans d’absence
Alger n’a pas apprécié sa mise à l’écart par Ryad qui a pris l’initiative, en avril 2023, d’organiser une réunion pour “examiner” le retour de la Syrie à la Ligue arabe.
Outre l’Arabie Saoudite, le conclave a rassemblé l’Egypte, l’Irak, la Jordanie, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Koweït et Oman. L’Algérie, qui préside la Ligue arabe depuis le sommet d’Alger de novembre 2022, a été totalement ignorée par la diplomatie saoudienne. L’Algérie a défendu le plus la réintégration de la Syrie à la Ligue arabe, après une suspension qui a duré plus de 12 ans. Des pays comme les Emirats arabes unis n’ont rejoint ce mouvement que dernièrement.
Ce jeudi 18 mai, le président syrien Bachar al-Assad est arrivé à Jeddah pour assister au sommet de la Ligue arabe, signant un retour après près de 13 ans d’absence. La Ligue arabe a annoncé, le samedi 7 mai au Caire, la réintégration de la Syrie, membre fondateur de l’Organisation panarabe.
