La vérité historique contre la manipulation des mémoires

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La vérité historique, antidote à la manipulation des mémoires @khan
La vérité historique, antidote à la manipulation des mémoires @khan
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Il est absurde de vouloir réconcilier les mémoires des oppresseurs et des opprimés, des colonisateurs et des colonisés, des bourreaux et des victimes, ou plus fondamentalement la mémoire des uns et des autres.
La mémoire est intime à l’être humain, elle lui est personnelle et inaliénable. Elle informe sa vie, sa conscience, ses désirs et ses peurs. Elle peut s’exprimer de différentes façons en différentes occasions.
La mémoire est complexe, contradictoire, opaque, partielle, partiale. Elle est pudique le plus souvent. Parfois elle se débride. Elle est douloureuse ou apaisante ou excitante. Elle peut l’être tour à tour selon les circonstances.
Elle peut aider à penser, comme elle peut empêcher de penser.
Sa signification dépasse la vie et la conscience de celui-là même que, secrètement, elle habite. Alors, il peut arriver, et il arrive trop souvent, qu’elle soit extirpée de sa vérité par les puissants de l’heure, pour être tronquée, instrumentalisée, réifiée, essentialisée, marchandisée.
Les propriétaires de la mémoire en sont dépossédés, comme on est dépossédé de sa terre, de ses moyens de subsistance et d’existence, de sa culture et ses valeurs. Mais telle une source inaccessible, elle continue de vivre en eux et d’agir en eux en éclairant leur conscience.
N’est-il pas donc, au moins, absurde de vouloir réconcilier ou apaiser les mémoires?
La mémoire et l’histoire sont des choses très différentes. La mémoire des individus, même simplifiée en mémoire collective, n’est qu’un facteur, mobile et ambivalent, de l’histoire.
L’histoire est un combat perpétuel des consciences et des faits. Elle est la réalité objective qui résulte, chaque seconde de la vie, de la rencontre des dynamiques complexes de l’ensemble de l’activité humaine.
Il serait absurde d’espérer quoi que ce soit- sinon l’augmentation de l’aliénation prévalente- d’une approche de l’histoire de la colonisation par le biais de la mémoire et des sentiments d’une téléologie de l’apaisement des douleurs, de la réconciliation des mémoires, de l’artifice, pourtant grossier, d’une égalité entre les protagonistes de l’histoire de la colonisation.
S’il existe un avenir souhaitable à construire entre les anciens colonisateurs et les anciens colonisés, il ne peut s’agir que d’un avenir fondé sur le respect de la vérité, laquelle vérité ne pouvant émerger qu’à la suite de l’immense travail de connaissance de l’histoire à mener par les uns et par les autres.
En fait, l’embrouillamini des formules clinquantes et creuses, des faux-semblants et des manipulations, des fausses pistes ouvertes et entretenues par les prétendues demandes de repentance ou de pardon, ne feront qu’éloigner les peuples de leur désir profond de vivre à l’avenir dans une paix véritable, dans l’amitié, dans le respect mutuel, celui que seule permet la vérité historique pleinement assumée.

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