Joan Mitchell la femme sauvage, Claude Monet ou la compétition entre l’école de Paris et celle de New York

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Joan Mitchell la femme sauvage, Claude Monet ou la compétition entre l’école de Paris et celle de New York
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Entre deux époques, deux artistes, d’un côté, Claude Monet, père de l’impressionnisme français, de l’autre, Joan Mitchell, peintre majeure membre du mouvement de l’impressionisme abstrait américain de la seconde moitié du XXe siècle, présentés dans une exposition à la Fondation Louis Vuitton à Paris, sous un angle original et pertinent ; l’eau, la végétation, le ciel des deux peintres témoignent de leurs rapports particuliers voire lyriques à la lumière et à la nature . Chez Mitchell les éléments se confondent et se fondent dans un vaste champ chromatique fait de bleu outremer, de violet et de vert tendre, un état fusionnel que  l’artiste entretenait avec ce qu’elle nommait affectueusement « ses mauvaises herbes ».

Si l’artiste américaine, installée en France dès les années 50, a toujours nié leur filiation spirituelle avec Monet, la Fondation Louis Vuitton a osé un parallèle aussi criant de vérité qu’’aucun musée n’avait imaginé jusqu’alors .Entre le XIXe et le XXe siècles, ces deux peintres se sont fait écho .

  • Quand je sors le matin, cest violet. De même, à laube et au crépuscule il y a parfois, suivant latmosphère, un bleu outremer superbe pendant une ou deux minutes. » Comment transcrire le temps qui senfuit ? Joan Mitchell, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’a jamais peint une seule toile en fixant la lumière du jour naissant. Elle travaillait de nuit, mettant souvent du jazz à fond, uniquement sous la crue lumière électrique. C’est bien le paradoxe d’une peinture si vibratile – le paysage s’y fonde par l’énergie du geste et la sensation de la couleur .

De son vivant, Joan Mitchell était réfractaire à ceux qui osaient comparer son travail à celui de Monet. Parmi ses « influences », elle revendiquait plutôt Van Gogh (elle-même a peint des tournesols, mais géants), Cézanne et Matisse mais se rattachait à ses contemporains Pollock Willem de Kooning, Franz Kline et Philip Guston . Tout en étant trop française pour les uns et trop américaine pour les autres , elle était surtout une femme dans un milieu d’hommes dans une époque où l’école de Paris (dont Abdallah Benanteur avait fait partie) était dominante sur le plan international .

Née à Chicago, dans une famille de la « Middle Class » américaine aisée et intellectuellement ouverte Joan Mitchell (1926-1992) est initiée, dès l’enfance, tant au sport qu’à la poésie et à l’art, nourrie depuis toujours à la matrice européenne et notamment aux toiles des maîtres modernes français, Monet, Renoir, Cézanne, Van Gogh, Seurat et autres Matisse. Elle fait ses études à l’Art Institute School, obtient son diplôme et dès 1947 passe une année à New York, travaillant dans l’atelier de Hans Hofmann et fréquentant le mouvement naissant de l’impressionisme abstrait .

En effet, arrivés en force à l’Exposition universelle de 1867 les artistes américains susciteront le mépris des critiques français. Ils seront humiliés jusqu’à la seconde guerre mondiale, Paris était la capitale internationale de l’art .

Ce n’est qu’après 1945 que New York prendra la place à l’Exposition universelle de 1889 et les peintres américains prendront leur revanche, non sans avoir auparavant travaillé en France, en Italie, en Grande Bretagne, en Allemagne et les critiques européennes parleront enfin de la naissance d’une école américaine .

*Myriam Kendsi est auteure de « Protest painters algériens » chez Marsa Editions

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