Jean-Paul Grangaud: le père de la pédiatrie algérienne

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Jean-Paul Grangaud: le père de la pédiatrie algérienne
Jean-Paul Grangaud: le père de la pédiatrie algérienne
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Le Professeur Jean-Paul Grangaud est décédé ce mardi 4 août à Alger à l’âge de 82 ans.

Ce pédiatre algérien, pied noir protestant d’origine française, a, dès l’indépendance de l’Algérie qu’il a soutenu, aidé le pays naissant à construire son système de santé publique. 

« L’idée d’être au service de l’Algérie et de la choisir comme patrie m’est venue dès mon adhésion à la lutte pour la cause nationale, à l’âge de 24 ans, alors que j’étais médecin interne à l’hôpital d’El Kettar (Alger), et ce après avoir tissé des liens avec les militants du Front de libération nationale (FLN), entre 1961 et 1962, période où j’approvisionnais les moudjahidine de la Casbah en médicaments », a-t-il confié dans une interview à l’agence APS en 2019.

Dans les années 1950, le jeune Jean Paul Grangaud a vite compris l’enjeu du combat des Algériens pour leur indépendance en contactant les Scouts musulmans algériens (SMA), acquis à la guerre de libération nationale. Il avait tissé des liens notamment avec Mohamed Kedache et Mohamed Derouiche, responsables aux SMA.

Après l’indépendance en 1962, l’Algérie était confrontée à de nombreux maladies transmissibles et infectieuses. « Nous avions des enfants qui mourraient de rougeoles. Le tétanos était une maladie importante qui pouvait causer la mort d’un certain nombre de personnes.Il y avait aussi la diphtérie et la coqueluche. A l’époque, des vaccins existaient », s’est-il souvenu.

A un moment, il avait hésité entre la biochimie et la pédiatrie mais la forte mortalité infantile à l’époque l’avait convaincu de s’intéresser à la médecine pour enfant. Avec les Professeurs Benadouda, Toumi et Dahlouk, Jean Paul Grangaud, qui a choisi de s’établir en Algérie, a contribué à l’élaboration du calendrier national de vaccination, validé par l’OMS, Organisation mondiale de la santé. 

« En collaboration avec les états civils des communes, nous élaborions des fiches de toutes les nouvelles naissances pour dresser des listes de tous les nouveaux nés à vacciner (…) J’ai éprouvé une joie immense et indescriptible en constatant la forte adhésion des citoyens algériens à cette opération, qui a permis, au fil du temps, l’élimination de la poliomyélite infantile et du tétanos en Algérie », a-t-il témoigné. Ce plan de vaccination a grandement réduit le nombre de décès parmi les nourrissons et les enfants durant les premières années de l’indépendance du pays.

« Démocratisation » du vaccin

Jean-Paul Grangaud a exercé à l’hôpital de Beni Messous à Alger où il a crée le service mère-enfant, puis le service pédiatrie en 1971(à l’époque il fallait imposait qu’une mère peut rester aux côtés de son enfant malade). A Ain Taya, banlieue est d’Alger, il a ouvert le service pédiatrie au milieu des années 1980. Il a « démocratisé » la vaccination en se déplaçant lui même dans les régions du Sud et des Hauts plateaux pour protéger la population des maladies infectieuses. Il a contribué à introduire la notion de pédiatrie sociale en Algérie. Le Pr Ahmed Chaouki Kadache, a un de ses élèves, a pris le relais ensuite pour populariser cette notion.

Dans les années 1990, il a passé outre les conseils de prudence de ses amis en raison de la situation sécuritaire dégradée de l’époque, et a continué d’exercer à Ain Taya en prenant en charge les élèves résidents. Tous ses élèves et ceux qui l’ont côtoyé dans les services hospitaliers témoignent de sa rigueur professionnelle et son souci de proximité avec les gens, les malades, les collègues, les étudiants internes…

Jean Paul Grangaud a formé au moins deux générations de pédiatres algériens. Il a chapeauté la direction de la prévention au ministère de la Santé à la fin des années 1990 avant d’être sollicité en tant que consultant en vaccination dans le même ministre. Il a ainsi lancé une vaste campagne de vaccination anti rougeole, réputée maladie très contagieuse.

 » Travailler…. »

En 2014, il a été chargé de seconder le Pr Messaoud Zitouni pour élaborer le plan national anti cancer. Son épouse, Marie France Grangaud, qui a grandi à Oued Rhiou, a travaillé au ministère du Plan, puis au ministère du travail et des Affaires sociales avant de créer un bureau pour faire des études socio-économiques. Elle s’est beaucoup investie dans le mouvement associatif.

Le couple Grangaud, qui obtenu la nationalité algérienne en 1968, a choisi de donner des prénoms arabes à leurs trois derniers enfants, Malik, Naïma et Sélim. Sélim et Malik vivent en Algérie, leurs soeurs Naïma et Isabelle sont établies en France. Le mot d’ordre de Jean Paul Grangaud: « travailler, toujours travailler ».

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