Gestion de l’eau : Bye Suez, bonjour les micro-entreprises algériennes ?

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La plaie des déperditions d'eau atteint 30% - Ph FB @Malek Touati
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300 micro-entreprises vont signer dès la semaine prochaine des contrats avec l’Algérienne des Eaux dans la gestion du service public de l’eau. C’est le fruit d’un accord entre le ministre des Ressources en Eau, Berraki Arezki et le ministre délégué auprès du premier ministre Chargé de la Micro- entreprise, Dayafat Nassim.

Cet accord survient quelques jours avec une appréciation officielle fort critique de la gestion déléguée de l’eau par l’entreprise française Suez qui s’est traduite par le limogeage, par Arezki Berraki, du DG de la SEAAL, Brice Cabibel.

Officiellement, aucune déclaration n’établit un lien entre ce limogeage et cette gestion déléguée éclatée auprès de 300 micro-entreprises.  Il reste que le renvoi de Brice Cabibel a été justifié officiellement par un « rapport de l’inspection générale du ministère des Ressources en eau, qui a mené une enquête approfondie (…) et établi que les perturbations et insuffisances dans les wilayas d’Alger et de Tipaza étaient dues, dans une large mesure, à la mauvaise gestion ».

Dispositif alternatif

Ce constat de « mauvaise gestion » laisse probablement indiquer que le contrat avec Suez – présent sans discontinuer en Algérie -depuis 2006 – ne sera pas renouveler à sa date d’expiration en 2021. Le recours aux micro-entreprises dans une sorte de gestion déléguée éclatée semble constituer un dispositif alternatif qui se met en place.

Ainsi ces micro-entreprises reprennent à l’échelle nationale une bonne partie des activités de l’ADE et de la SEAAL, comme « l’entretien des infrastructures, la prise en charge des fuites sur les réseaux, l’installation des compteurs, la réparation des pompes et les réparations électriques ». Le nombre des micro-entreprises impliquées pourrait même augmenter.

Le communiqué du ministère des ressources en eau souligne que « l’ADE qui accuse des insuffisances importantes dans la gestion, déléguera de plus en plus des opérations techniques pour assurer la continuité du service public de l’eau ». Le plan de charge est conséquent : plus de 400.000 installations de compteurs pour 2020 et 1 million en 2021 ;

Le ministère des ressources en eau indique que d’autres établissements du secteur, à savoir l’ANBT (agence nationale des barrages et transferts), l’ONA (office national d’assainissement) et l’ONID (office national d’irrigation et du drainage) se sont engagés à s’inscrire dans la démarche qui « aura une incidence positive aussi bien sur le service public de l’eau, que sur les micro-entreprises ».

Le ministère parle d’une « nouvelle approche » qui va permettre « dépasser les obstacles administratifs et surmontera les difficultés techniques et logistiques actuelles » et « plus de souplesse et de célérité dans les interventions et apportera un soutien considérable aux gestionnaires du service public de l’eau ».

La plaie des déperditions

Le pari d’une gestion déléguée éclatée pour le secteur de l’eau va-t-il réussir ? En théorie, les micro-entreprises, si elles sont réparties sur l’ensemble du territoire et chargées chacun d’une zone délimitée, peuvent par exemple contribuer à un traitement plus rapidement des déperditions en eau en raison notamment de la vétusté du réseau d’AEP. Une véritable plaie. En 2018, l’ancien ministres des ressources en eaux, Hocine Necib, estimait le taux de déperdition à 30% au niveau national. Certains pensent qu’il est plus important.  Il reste que la solution aux déperditions n’est pas dans la permanence des réparations mais dans la rénovation – fort couteuse – du réseau.

Les investissements dans le secteur de l’eau ont dépassé pendant plus d’une décennie une moyenne de 7 à 8 milliards de dollars par an, selon les chiffres officiels. En 2016, l’ancien ministre des ressources en eau, Abdelkader Ouali, a estimé les effectifs confondus du secteur de l’eau à plus de 50.000 travailleurs.

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1 commentaire

  1. […] Le Directeur général de l’Algérienne des eaux, (ADE), Amirouche Ismaïl, a déclaré que la société – 35.000 travailleurs – était l’outil pour réaliser le plan national des ressources en eau à l’horizon 2030. Il a appelé à accompagner les petites et moyennes entreprises (PME) pour réparer les pannes, réaliser les travaux de raccordement et installer les compteurs par le biais de 300 entreprises conventionnées. […]

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