Les frontières terrestres rouvertes en l’Arabie Saoudite et le Qatar: début du dégel entre Ryad et Doha

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Cheikh Ahmed Nasser Al-Sabah, ministre des Affaires étrangères du Koweït
Cheikh Ahmed Nasser Al-Sabah, ministre des Affaires étrangères du Koweït
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La médiation koweïtienne entre l’Arabie Saoudite et le Qatar semble donner ses premiers fruits. L’Arabie Saoudite a rouvert ses frontières avec le Qatar dans la nuit du lundi 4 janvier 2021.

Ces frontières terrestres de 60 km étaient fermées depuis la crise diplomatique de juin 2017. Cheikh Ahmed Nasser Al-Sabah, ministre des Affaires étrangères du Koweït, est apparu à la télévision, lundi soir, pour annoncer l’ouverture de l’espace aérien et des frontières terrestres et maritimes entre l’Arabie Saoudite et le Qatar à partir de lundi soir, et ce, « sur la base d’une proposition de l’émir du Koweït, cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah ».

Il a annoncé que l’émir du Koweït a téléphoné prince héritier d’Arabie Saoudite Mohamed Bin Salmane et à l’émir Tamim Ben Hamad Al Thani du Qatar. Il a souhaité que le 41 ème sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), prévu ce mardi 5 janvier 2021, à Al Ula, au Nord-ouest de l’Arabie Saoudite, soit celui de « la réconciliation » et de la fin de la crise entre les pays voisins.

L’agence saoudienne SPA a, citant un responsable proche du palais, rapporté que le Roi Salmane est attaché à « l’unification des rangs » pour faire face aux défis qui attendent la région du Golfe.

L’émir Tamim se rendra au sommet du CCG

La réaction de Doha ne s’est pas faite attendre. L’émir Tamim Ben Hamad Al Thani a annoncé qu’il se rendra en Arabie Saoudite pour participer au sommet du CCG. L’accord de réconciliation devrait être signé à Al Ula en présence de Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain sortant Donald Trump.

Une présence qui suscite beaucoup d’interrogations. « Nous avons obtenu une percée dans le différend au sein du Conseil de coopération du Golfe. Lors de la signature ce 5 janvier, les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe plus l’Égypte se rassembleront pour signer un accord qui mettra fin au blocus ainsi qu’aux actions en justice du Qatar », a déclaré un responsable américain, sous couvert d’anonymat, cité par l’AFP.

Implication directe de Washington

Cela confirme, selon les observateurs, que Washington a pesé de tout son poids pour concrétiser un accord mettant fin à une crise qui a duré plus de trois ans entre le Qatar, d’un côté, et les Émirats arabes unis, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn et l’Égypte, de l’autre.

Jared Kushner a multiplié les voyages ces derniers entre Doha, Riyad, Abu Dhabi et Tel Aviv. En raison de ses bons rapports avec l’Iran et de son soutien au mouvement des Frères Musulmans, Doha a été accusé par ses voisins d’appuyer et de financer le terrorisme. Riyad et Abu Dhabi ont fait pression sur certains pays africains comme le Niger, le Tchad et le Sénégal, pour rompre avec le Qatar, lequel a bénéficié d’un soutien de la Turquie.

Pour Washington, rassembler de nouveau les pays du Golfe serait stratégique dans sa volonté d’encercler l’Iran et de le forcer de faire davantage de concessions sur le dossier nucléaire Les États Unis ont envoyé ces dernières semaines le porte-avion USS Nimitz et le sous-marin à propulsion nucléaire USS Georgia au Golfe Persique comme une nouvelle démonstration de force face à Téhéran. Les médias russes ont évoqué l’incursion d’un sous-marin israélien dans les eaux de la mer rouge à la mi décembre 2020

Ouverture de l’espace aérien aux avions du Qatar

Robert O’Brien, conseiller américain à la sécurité nationale, a déclaré en novembre 2020 qu’autoriser les avions du Qatar à survoler l’Arabie saoudite était une priorité pour Washington. Il n’a pas expliqué le sens de cette priorité.

Qatar abrite la plus grande base américaine au Moyen-Orient et au Golfe Persique, celle d’Al Udeid. Elle héberge près de 15.000 soldats, américains, britanniques et français. Le siège du Commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom) se trouve au niveau de cette base.

Dans le cas d’une offensive militaire conjointe contre l’Iran, le Centcom aura un rôle central. Depuis 2001, la base d’Al Udeid a été utilisée dans la guerre en Irak et en Afghanistan. Selon les agences de presse, l’Egypte, le Bahreïn et les Émirats arabes unis vont permettre aux avions qataris de traverser leurs espaces aériens.

Le sommet du CCG à Al Ula discutera principalement de questions économiques et de sécurité. Les pays du Golfe, gros exportateurs du pétrole, ont été durement frappés par la chute des prix du baril du brut depuis le début de l’année 2020 et par la crise sanitaire de Covid-19.

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