En France, des religieux catholiques brisent l’unanimisme autour des caricatures

0
Mgr Robert Le Gall : « On met parfois de l’huile sur le feu avec ces questions des caricatures » (DR)
Google Actualites 24H Algerie

L’unanimisme en France autour de la défense des caricatures du prophète a été rompu par des dignitaires catholiques qui, tout en dénonçant fermement les violences et les assassinats, ont mis en garde contre les atteintes à la foi des autres. L’’archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall, qui a essuyé une avalanche de critiques, parfois véhémentes, a déclaré vendredi que « la liberté d’expression a des limites ».  

« On ne peut pas se permettre de se moquer des religions, (car) on voit les résultats que cela donne » a-t-il ajouté. « On met parfois de l’huile sur le feu avec ces questions des caricatures » de Charlie Hebdo, a indiqué l’archevêque. « Il faudrait apaiser tout cela car ces caricatures sont contre les musulmans mais contre la foi chrétienne aussi ».

L’archevêque estime qu’il faut arrêter de diffuser ces caricatures dans les écoles. « Je le pense profondément. On voit les conséquences, on met de l’huile sur le feu et c’est une escalade ensuite. La liberté d’expression a des limites comme toutes libertés humaines. On ferait mieux d’insister dans la devise républicaine sur la fraternité », a-t-il assuré.

« On ne se moque pas impunément des religions », a-t-il ajouté, soulignant que, selon lui, la liberté d’expression doit être conciliée avec « la liberté d’être ensemble, de parler ensemble, la liberté d’être des frères ensemble, mais pas de s’invectiver ».

Les propos de l’évêque qui brisent l’unanimisme qui prévaut en France ont été vivement attaqués. Le chef de de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, l’a ainsi accusé « d’excuser » les crimes. « Un évêque excuse les crimes. Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, la liberté de blasphémer les religions est en cause », a-t-il posté sur Twitter.

L’évêque de Nice « n’est pas Charlie »

André Marceau, l’évêque de Nice, ville où a eu lieu l’horrible massacre à l’église de Notre Dame, a déclaré au quotidien Nice Matin, « ne pas être Charlie », tout en défendant la liberté d’expression, qu’il estime « sacrée en France ».

« Non, je ne suis pas Charlie, je suis André Marceau ! Soyons nous-mêmes avec nos convictions. Ces caricatures, ce n’est pas mon problème. Certes, la liberté d’expression est sacrée en France, mais que chacun s’assume. Il y a des identités qu’on ne peut pas trop bafouer à la légère », explique l’évêque.

« Dans les cercles de l’islam, on doit prendre des mesures, tenir des propos afin d’ouvrir les fidèles à d’autres réalités que celles qui vont jusqu’à l’extrémisme. Les musulmans doivent dire très fort qu’ils ne portent pas cette violence », a ajouté André Marceau.

Trudeau : « Ne pas  crier au feu dans un cinéma bondé »

Ces déclarations se rapprochent de celles du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui a vigoureusement le 27 octobre dernier la « décapitation, le meurtre de Samuel Paty est absolument inacceptable et injustifiable. Et nous nous joignons à tout le monde en condamnant cet acte et en restant solidaires avec nos amis et alliés en France. » Mais le premier ministre canadien a cependant souligné qu’il faut éviter de mettre de l’huile sur le feu.  Nous sommes, a-t-il dit, « dans une situation où les tensions s’enflamment à la rhétorique, et nous nous devons d’être à l’écoute et de travailler dans le calme pour empêcher un accroissement des tensions dans le monde. »Turd

Après l’attaque perpétrée à Nice, Justin Trudeau a souligné que « ces criminels, ces terroristes, ces meurtriers, ne représentent d’aucune façon l’islam ou les gens musulmans. » La liberté d’expression est « une valeur et un principe fondamental pour toute société libre (…). Mais la liberté d’expression n’est pas sans limite. On n’a pas le droit, par exemple, de crier au feu dans un cinéma bondé de monde (…). Nous devons toujours être conscients de l’impact de nos mots, de nos gestes sur d’autres, particulièrement sur ces communautés qui vivent énormément de discrimination », a déclaré le premier ministre canadien.

Article précédentCornavirus: 291 nouveaux cas, léger recul du nombre des contaminés testés en 24h
Article suivantAlgérie 2020: Novembre de la Libération, Novembre des libertés

Laisser un commentaire