Procès Fifa: Al-Khelaïfi acquitté, Valcke échappe à la prison

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Jugé en Suisse dans l'un des multiples scandales du football mondial, le patron de beIN et du PSG Nasser Al-Khelaïfi a été acquitté vendredi, tandis que l'ex-N.2 de la Fifa
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Jugé en Suisse dans l’un des multiples scandales du football mondial, le patron de beIN et du PSG Nasser Al-Khelaïfi a été acquitté vendredi, tandis que l’ex-N.2 de la Fifa Jérôme Valcke écope d’une peine légère mais devra verser 1,65 million d’euros au civil.

Les trois magistrats du Tribunal pénal fédéral de Bellinzone ont démonté dans leur jugement la quasi-totalité des charges, ne laissant subsister qu’une condamnation à 120 jours-amende avec sursis contre Jérôme Valcke, à 200 francs suisses par jour, dans une affaire sans lien avec M. Al-Khelaïfi. « Les prévenus reçoivent un carton jaune, mais pas davantage », a conclu le président du tribunal, Stephan Zenger.

Me Marc Bonnant, l’un des avocats de Nasser Al-Khelaïfi, s’est lui réjoui hors audience de la « déculottée » infligée au parquet dans ce dossier épineux. Jérôme Valcke est néanmoins condamné à payer 1,65 million d’euros d’indemnités à la Fifa, dont 400.000 euros dans le principal dossier, ainsi que 80.000 francs suisses de frais de justice. « Après quatre années d’allégations sans fondement, d’accusations fictives et d’atteintes constantes à ma réputation, la justice m’a entièrement blanchi. Le verdict d’aujourd’hui est une véritable victoire », s’est réjoui dans un communiqué Nasser Al-Khelaïfi, dispensé vendredi de comparution par le tribunal.

« Arrangement corruptif »

Dans le principal dossier, Valcke et Al-Khelaïfi étaient accusés d’avoir conclu un pacte dans le dos de la Fifa, relevant de la « gestion déloyale » et passible de cinq ans de prison.

Au terme de dix jours d’audience en septembre, le parquet avait requis 28 mois d’emprisonnement contre le patron de beIN et du Paris SG, 3 ans contre Jérôme Valcke et 30 mois contre un homme d’affaires grec, Dinos Deris, qui a été acquitté vendredi du chef de « corruption privée ». Dans leur jugement, les trois magistrats ont pourtant estimé, tout comme l’accusation, que M. Valcke avait monnayé son soutien à beIN en échange d’une luxueuse villa sur la Côte d’Emeraude sarde, achetée pour lui 5 millions d’euros fin 2013 par une société brièvement détenue par Nasser Al-Khelaïfi.

L’ancien secrétaire général de la Fifa avait sollicité l’aide du dirigeant qatari pour financer la « Villa Bianca », quelques mois avant la signature en avril 2014 d’un contrat entre beIN et l’instance du football portant sur les droits en Afrique du Nord et au Moyen-Orient des Mondiaux-2026 et 2030. Balayant la thèse de la défense, le tribunal a jugé « difficile de croire » que l’arrangement autour de la Villa Bianca ait été « établi dans un cadre purement privé », voyant au contraire un lien avec les droits décrochés par beIN. Au civil, ils ont d’ailleurs qualifié « de pot-de-vin ou d’arrangement corruptif » l’acompte pour la demeure remboursé par Nasser Al-Khelaïfi à Jérôme Valcke. Ils ont donc condamné ce dernier à le reverser à son ancien employeur.

Vingtaine d’enquêtes

Mais les magistrats ne pouvaient condamner pour « corruption privée » dans ce volet: la Fifa a en effet retiré sa plainte en janvier après un accord avec M. Al-Khelaïfi. Or selon le droit suisse de l’époque, modifié en 2016 par une « loi Fifa » consécutive aux scandales, le parquet ne pouvait poursuivre cette charge sans plainte.

Restait donc l’accusation de « gestion déloyale », qui nécessite de prouver que l’accord entre les deux hommes a lésé la Fifa. Or « rien n’indique que la Fifa aurait pu obtenir un contrat plus avantageux » que celui signé avec beIN pour 480 millons de dollars pour deux Coupes du Monde, soit 60% de plus que pour les Mondiaux-2018 et 2022, a estimé le tribunal.

Dans un dossier distinct mais joint à la même audience, Jérôme Valcke était accusé d’avoir touché 1,25 million d’euros de la part de Dinos Deris, pour favoriser l’obtention des droits médias de plusieurs Coupes du monde en Grèce et en Italie: il a là encore été blanchi de l’accusation principale, mais condamné pour avoir inscrit ces pots-de-vin sous le terme de « prêts » dans sa comptabilité.

Au-delà du sort des trois prévenus, ce procès était un jalon important pour la justice suisse, qui abrite sur son sol la plupart des organisations sportives internationales, et a ouvert depuis cinq ans une vingtaine d’enquêtes autour de la Fifa. En avril, le Tribunal pénal fédéral avait été contraint de clore un procès entamé en mars sur des soupçons de corruption dans l’attribution du Mondial-2006 à l’Allemagne: d’abord repoussé en raison du Covid-19, ce dossier impliquant l’ancien « Kaiser » du foot Frank Beckenbauer a été rattrapé par la prescription.

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