Une nouvelle « feuille de route » pour la sauvegarde de la Casbah d’Alger

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Une nouvelle « feuille de route » pour la sauvegarde de la Casbah d'Alger
Une nouvelle « feuille de route » pour la sauvegarde de la Casbah d'Alger
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Tous les secteurs impliqués dans la sauvegarde de la Casbah d’Alger doivent préparer une « feuille de route » pour la mise en place d’une nouvelle stratégie pour la préservation de la Médina, inscrite dans la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO depuis 1992 et classée site historique national depuis 1991.

Dernièrement, le Comité du patrimoine mondial (World heritage center) de l’UNESCO a demandé à l’Algérie d’établir un rapport sur l’état de conservation de la Casbah. Un rapport qui sera examiné lors d’une session prévue en 2021. Cela obéit à des critères fixés par la Convention pour la protection du patrimoine culturel et naturel de l’UNESCO de 1972. Les Etats s’engagent à préserver le patrimoine ayant fait l’objet de classement.

Abdelaziz Dejard, Premier ministre, a réuni, ce mardi 8 décembre 2020, les ministres de la Culture, du Tourisme, des Finances, de l’Intérieur et de l’Habitat ainsi que le wali d’Alger pour évoquer la préparation de ce rapport et suivre l’évolution de la situation «prévalant au niveau du secteur sauvegardé de la Casbah d’Alger », selon un communiqué de la Primature. Djerad, d’après la même source, a rappelé les « efforts consentis par l’Etat en matière de réhabilitation et de préservation » du quartier historique et « les engagements» pris pour la sauvegarde et la conservation de la médina. Il a demandé une meilleure coordination entre les secteurs intervenants dans la réhabilitation et la sauvegarde de la Casbah et a exigé l’implication de la société civile dans toutes les opérations.

En janvier 2018, le Centre du patrimoine mondiale de l’UNESCO, en collaboration avec le ministère algérien de la Culture, a organisé, à Alger, une réunion d’experts pour proposer « une approche intégrée et coordonnée permettant la revitalisation de la Casbah d’Alger ».

Un plan de sauvegarde non respecté

Il a été constaté notamment que le Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah, secteur sauvegardé depuis 2003, n’était pas respecté. L’Association Sauvons la Casbah d’Alger, présidée par l’architecte Houria Bouhired, a critiqué les atteintes répétées aux bâtisses et a évoqué la présence d’indus occupants.

« Certains habitants veulent eux même réhabiliter leurs maisons. Nous les conseillons pour qu’ils ne dénaturent pas le cadre architectural ancien. Pas question de mettre de la dalle de sol ou de la faïence, par exemple. Les bâtisses de la Casbah sont parasismiques, résistent. Il ne faut pas les fragiliser », a souligné Houria Bouhired. Elle a évoqué le problème des propriétaires qui ne veulent pas quitter la Casbah vers d’autres quartiers pour ouvrir la voie aux opérations de réhabilitation.

« A l’indépendance, les maisons traditionnelles étaient au nombre de 1200 à la Casbah. Aujourd’hui, il ne reste que 800. Seules 200 sont réellement sauvegardées par leurs propriétaires. Les occupants d’autres maisons ont touché à des piliers en marbres et à des chapiteaux, parfois pour bénéficier de logements sociaux. C’est incroyable ! », a-t-elle déploré. D’autres associations ont proposé l’expropriation par la force de la loi pour sauver ce qui peut l’être des maisons anciennes de la Casbah en assurant les droits des occupants.

« La Casbah ne doit pas devenir une ville-musée »

Plus de 50.000 personnes habitent encore la Casbah d’Alger. Certains architectes craignent que l’intervention des habitants, en quête de confort moderne, sur les bâtisses pourraient amener, à terme, à l’effacement de la Casbah, telle qu’elle a existé depuis des siècles. D’autres pensent qu’au contraire, la revitalisation de la Casbah d’Alger, en tant que centre historique de la capitale, signifie le maintien des habitants.

« Un tissu d’habitat vide est un tissu voué à la ruine. Le seul moyen de préserver notre patrimoine est de maintenir la valeur d’usage. S’il n’est plus utilisé, il va périr. La population donne vie à la Casbah. Partout dans le monde, on utilise le patrimoine à des fins touristiques », a souligné Yasmine Terki, architecte.

L’Algérien Mounir Bouchenaki, ex-directeur du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, a, lui, plaidé pour « le maintien de l’esprit des lieux » en évoquant la Casbah d’Alger. « La Casbah ne doit pas devenir une ville-musée. Elle doit rester vivante et active. C’est une ville qui a connu des combats, a subi des bombardements des flottes de Charles Quint (en 1541), etc. La Casbah, comme toutes les villes traditionnelles, connait une activité économique qui doit être maintenue. Il faut veiller à ne pas utiliser des matériaux tels que le ciment dans la réhabilitation des monuments et des sites. Il faut également réutiliser le bâti pour maintenir la population, donner une nouvelle affection aux bâtisses. Le mot d’ordre est sauvegarde et développement », a-t-il expliqué.

Pour rappel, la wilaya d’Alger est chargée de l’application du Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah, élaboré par le Centre national des études et recherches en urbanisme (Cneru). En 2018, le choix de l’architecte français Jean Nouvel par le wali d’Alger Abdelkader Zoukh pour « restaurer et revitaliser » la Casbah a suscité la controverse. L’architecte choisi n’est pas spécialisé en patrimoine. Le projet semble avoir été abandonné.

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