Ferhat Ait Ali: «Nous avons perdu la route en matière industrielle après la mort de Boumediène»

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Ferhat Ait Ali ministre de l'industrie
Ferhat Ait Ali ministre de l'industrie
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Ferhat Aït Ali, ministre de l’Industrie, a rendu un hommage à l’ancien président Houari Boumediène, décédé le 27 décembre 1978.

« J’ouvre une parenthèse historique nécessaire. Je rends hommage à un homme qui avait proposé le premier projet pour lancer l’industrie en Algérie, le regretté Houari Boumediène. Je le dis et je l’assume : Nous avons perdu la route en matière industrielle après la mort de Boumediène. Une industrie construite sur une logique économique. Cela aurait pu permettre à l’Algérie d’être parmi les pays industrialisés aujourd’hui », a-t-il déclaré, ce lundi 28 décembre 2020, à la Chaîne Une de la radio algérienne.

Le colonel Houari Boumediène, qui a dirigé l’Algérie entre 1965 et 1978, avait opté pour l’industrie industrialisante dans le modèle de développement économique. La place des industries lourdes était importante dans ce modèle. D’où la construction de complexes industriels (El Hadjar, Rouiba, Constantine, etc). Ferhat Ait Ali a parlé de financement de « projets industriels imaginaires pendant quarante ans », critiqué ceux qui plaident pour la réduction de la taille des entreprises « pour améliorer leur rendement » et a plaidé pour l’industrie lourde qui est nécessaire pour appuyer les PME.

«Ces PME n’ont aucun avenir si leur approvisionnement se fait en extérieur. L’industrie lourde est la base industrielle d’un pays. En la matière, nous ne pouvons pas avoir plus d’expérience ou de connaissance que le Japon, l’Allemagne, le Royaume Uni, les États Unis ou la Russie. Toutes les puissances économiques ont démarré avec les industries lourdes sans les abandonner à ce jour. Le plus grand contentieux commercial actuel entre la Chine et les États Unis est lié à l’acier, c’est de l’industrie lourde. Aujourd’hui, notre démarche est de reconstruire l’industrie lourde en Algérie », a-t-il dit.

Selon lui, la politique industrielle d’un pays ne doit pas être conjoncturelle.

«Il faut relancer la Bourse d’Alger»

Revenant sur l’ouverture du capital des entreprises publiques, il a critiqué la démarche suivie par les précédents gouvernements dans ce domaine. « Nous avons constaté qu’il s’agissait plus de parties que de capitaux qui entraient dans ces entreprises (pas d’apports d’argent).

Pour ouvrir le capital des entreprises publiques, il faut relancer la Bourse d’Alger en vue de mobiliser l’épargne privé et public. Il est question de redynamiser les entreprises et les groupes publics qui ont des difficultés financières sur une base scientifique et objective », a-t-il dit.

Il a estimé que les banques ne peuvent pas continuer à financer à l’infini des entreprises non viables. « Il y a des entreprises qui doivent être relancées mais nous ne pouvons pas leur assurer des apports de fonds rien que pour les sauver. Par le passé, la gestion de certains groupes publics était aléatoire. Des groupes qui n’appliquaient qu’à 20 ou 30 % les plans de relance ou de mise à niveau. Et lorsqu’ils sont confrontés à des ennuis financiers, ils mettent les pouvoirs publics devant le fait accompli : « sauvez nous ou nous fermons ».

Souvent, les banques, sur injonction des pouvoirs publics, interviennent pour sauver la situation, pas l’activité des entreprises », a-t-il analysé. Les actifs des entreprises industrielles publiques constituent, selon lui, plus du double de l’endettement de ces entités actuellement. « Donc ces entreprises ont toujours des garanties (dans le cas d’un remboursement de crédits bancaires).

Mais, il y a un problème de gestion. Comme un responsable du Trésor public l’a dit, les actifs n’ont aucune valeur, si l’entreprise n’a pas de cash flow ou de rendement . Nous avons demandé aux groupes publics d’élaborer des plans de redressement, pas des plans de sauvetage. La structure de management de ces groupes sera entièrement revue y compris pour la composante humaine », a annoncé le ministre.

Les dettes de l’ENIEM estimées à 13 milliards de dinars

Citant l’exemple d’ENIEM, en difficulté financière, il a indiqué que l’entreprise de Tizi Ouzou a présenté un plan de redressement qui ne répond pas aux critères voulus. Ses dettes d’exploitation s’élèvent à 13 milliards de dinars. Il a estimé que l’ENIEM ne peut pas présenter comme « garantie » à la banque, un foncier industriel de 46 hectares pour avoir des crédits.

Les banques, selon lui, ne peuvent plus accorder de crédits dans pareilles situations. Il a annoncé que des mesures seront prises à propos de la gestion de l’ENIEM soulignant que les travailleurs peuvent s’inquiéter de la situation de leur entreprise mais n’ont pas le droit de désigner qui doit la gérer. Le maintien des postes d’emploi est lié, d’après lui, au plan de redressement. « La solution que nous préconisons autant pour ENIEM que pour ENIE (Sidi Bel Abbes) ou Sonaric (Alger) est de redresser l’entreprise, pas la sauver. Cela va concerner toutes les entreprises qui interviennent dans le secteur de l’industrie électronique et de l’électroménager », a-t-il dit.

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